CHAPITRE I
RELIGION ET MÉTAPHYSIQUE À LA FIN DU CYCLE *

    De fait, non seulement notre Revue n'est compromise avec aucune religion –en précisant que nous appelons religions les trois branches: judaïsme, christianisme, islamisme, dérivées du monothéisme abrahamique– mais elle est areligieuse, c'est-à-dire qu'elle a un support et un but métaphysique et n'adore pas de divinités personnifiées ni possède de vision anthropomorphique, ou individualisée, de l'Identité Suprême.1 La Tradition Hermétique, comme Enoch-Hermès dont elle tire son nom, est évidemment préchrétienne mais surtout antédiluvienne, c'est-à-dire qu'elle survit aux catastrophes de divers mondes. C'est pour cela que l'étude des cycles est extrêmement productive dans le travail de la Connaissance, puisqu'elle nous oblige à nous passer d'une vision religieuse, c'est-à-dire exotérique donc historique, rattachée à n'importe quel cycle, pour nous placer après d'épuisantes épreuves et travaux dans une position beaucoup plus ample, de type polaire, où les différences entre les religions et les religions mêmes sont réduites à néant face à la Majesté de l'Être Universel et ses divers états, à la lumière duquel toute querelle s'amoindrit voire disparaît dès que ces passions (nées de la dualité, donc d'un dualisme qui doit recourir à un monisme radical pour résoudre son conflit) se dissolvent à cause de leur genre religieux dans le fondamentalisme, l'intégrisme, ou le sionisme,2 et sont un véritable obstacle pour la Connaissance, c'est-à-dire la Gnose, comme l'indique l'un des sous-titres de SYMBOLOS. Nous tenons pour acquis que cette attitude nous a déjà causé des problèmes avec les religions émanant du Livre. Nous nous référons notamment à quelques escarmouches que nous avons dû essuyer avec des juifs et des islamiques radicaux peu disposés à respecter la Tradition Hermétique, leurs dieux et déesses, ceux qu'ils ont eu l'opportunité de connaître ou même assimiler dans leur corps exotérique en tant que Noms de Pouvoir, Archanges, Anges, etc.; les hébreux ont à la base des problèmes avec Guénon –notre référence intellectuelle– parce qu'il est mort en Islam, sans remarquer que ce dernier cite à plusieurs reprises leur Kabbale, c'est-à-dire leur Tradition.

    Paradoxalement nous en avons trouvé d'autres, très irrités, pour nous accuser –nous-mêmes et Guénon– d'être hébraïsants. Il y a également des groupes islamiques traditionnels, de ceux qui prient, qui croient à leur façon à la guerre sainte et se consacrent systématiquement à la provocation (aussi puérile que d'aller prier à la manière islamique dans la cathédrale de Cordoue ou aussi sérieuse que d'émettre leur propre monnaie à Grenade), accaparent des groupes d'études, spécialement de jeunes ou de faibles ayant besoin de secours religieux, et autres broutilles réalisées par des individus n'ayant en réalité aucun niveau de Connaissance en dépit de leur appartenance à des groupements traditionnels, donc dérivant directement du prophète, ce qui est, dit-on, différent de l'irrégularité de Schuon et sa secte qui depuis des années nous molestent de toutes les manières possibles, essayant concrètement de nous assimiler au satanisme et utilisant même le mensonge et les moyens les plus vils pour nous détruire. Précisons que pratiquement tous les martyrs soufis ont trouvé la mort aux mains d'autorités fanatiques religieuses ou légalistes littérales, toutes convaincues d'avoir raison et de représenter officiellement l'Islam; de fait celui-ci répète constamment cette fragmentation et regroupement de structures particulières, s'opposant parfois les unes aux autres, –ce qui rend difficile savoir laquelle est intégriste, fondamentaliste, ou traditionnelle– et font que de sa propre dynamique leur réseau continue de s'étendre vers les quatre points de l'espace.

    Nous avons gardé pour la fin la religion dans laquelle sont nés la totalité des rédacteurs de SYMBOLOS, la religion catholique, qui nous disqualifie pour notre appartenance à l'Ordre Maçonnique. Ceci est particulièrement outrageant du fait que ces officiaux, qui depuis des siècles ont trahi leur fondateur et son héritage, son Évangile, dans lequel se consignent ses enseignements, se consacrent en revanche aujourd'hui à des questions "sociales" à l'abri de la science, qu'ils bénissent, s'efforçant ainsi d'assurer leur part de pouvoir et d'influence dans la grande escroquerie institutionnalisée, de laquelle ils ont été –et prétendent continuer d'être– l'un des piliers. Inutile de préciser que ces gens ne croient à aucune sorte d'ésotérisme, voire même ne semblent pas donner crédit à leurs propres dogmes, comme l'on a pu le vérifier auprès de quelques fonctionnaires du Vatican avec lesquels nous avons conversé il y a quelques années à Rome.

    Quoi qu'il en soit, nous pensons que ces mouvements radicalisés ne montrent que la crispation et la rigueur qu'ils annoncent, ne survivent que brièvement à la mort d'un être vivant, et ne sont rien de plus, bien que leurs membres intégrants se sentent bien supérieurs (saints héroïques qui défendent la cause de Dieu), ce qui est souvent ainsi d'un point de vue dissolvant, au contraire de ce qu'ils imaginent et prétendent... Dans ce sens il faut souligner l'attitude opposée de la Tradition Hermétique, qui accueillit à Alexandrie toutes les gnoses, et intégra hébreux et chrétiens sous son égide païenne et polythéiste, qui a tellement enrichi l'Occident et aussi cette humanité adamique, de laquelle elle est en fait l'esprit aussi bien que l'âme, malgré que son cheminement subisse les constantes interférences de prétentions religieuses fondées sur le monisme d'une croyance qui dénie à son Dieu la possibilité de Non-Être.

    En dernier recours et en appliquant cet exposé général au cas de SYMBOLOS avec une perspective vraiment Universelle, c'est-à-dire depuis le pôle, où les mouvements passionnés du cour-soleil ne sont plus seuls à être perçus et où l'on voit clairement la porte ouverte sur d'autres États de l'Être Universel, nous dirons que ceux-là ne sont pas exclusivement affirmatifs ou ontologiques, mais aussi complètement différents de ce que signe n'importe quelle détermination. Nouvelle réalité dans laquelle on vit seulement par la Grâce de Dieu, qui nous limite par le numéro, et nous donne ainsi la possibilité de transcender le cosmos au moyen d'un véhicule à notre portée.

    Autrement dit, dans l'humanité où nous devons vivre, c'est-à-dire dans le segment de l'Être Universel que constituent cette Création et son Grand Faiseur (et non pas son assistant, le Démiurge, seigneur du feu et du souffle, pris comme le Dieu des religions). La possibilité nous est alors offerte de nous identifier à lui, tout comme lui-même s'identifie à l'éon, ou Manu, et à son tour ce dernier s'identifie avec le Manu des Manu qui englobe la totalité des créations, des mondes et des humanités dans ses possibilités et développements indéfinis, et, encore plus stupéfiant, dans une parfaite simultanéité, dans l'instant. C'est alors que survient la question: si nous ne savons rien, et même il n'y a rien à savoir, qui sait véritablement pour qui il travaille?

    Nous ne sommes antireligieux d'aucune façon, mais il convient de savoir où sont tombées les traditions dégénérées par leurs tendances exotériques et les agissements d'individus, depuis des siècles usurpateurs du pouvoir, et s'étant institués officiers dogmatiques de ces religions qu'ils utilisent à leur profit, ce qui est évident dans le catholicisme et sa pompe.

    Dans le catholicisme, l'étymologie même du mot religion perd son sens puisque les voies sont brisées, et le pont (pontifex) qui unissait l'être individuel à l'Être Universel par le biais de la Connaissance n'existe pas, cette dernière ayant été abandonnée et remplacée par une Foi aveugle –dont le contenu changeant peut être une chose ou l'autre–, c'est-à-dire en complète contradiction avec la Science Sacrée.

    L'on pense parfois, erronément, que cette fin de cycle voit des forces obscures s'attaquer aux religions, lorsque c'est précisément le contraire qui se passe: celles-ci sont tellement corrompues et adultérées qu'elles ont de ce fait pratiquement perdu toute connexion avec le Principe; elles doivent donc être considérées dans toute leur imposture, et dépassées une fois pour toutes par tous ceux qui aspirent à la Sagesse. En réalité les monothéismes tels qu'ils se présentent actuellement demeurent des systèmes incomplets, de type unidirectionnel fondé sur la dévotion, qui n'apportent pas de solution au problème du mal, et sont incapables de dépasser la sphère du démiurge.

    Nous voudrions apporter ici quelque argument plus favorable aux religions, puisque nous sommes loin de vouloir leur faire mal ou de les nier en quelque sorte –comme le rite exotérique– bien que nous ne voulions pas non plus être complices par notre silence d'une chose qui nous préoccupe. De plus, n'oublions pas que la perspective d'un hermétiste est de voir les credo nier sa Tradition, aussi authentique qu'une autre, qui est même présente parmi les religions du Livre, bien que ces dernières n'admettent pas de chemin ou voie de réalisation qui ne passe par leur intermédiaire; dans quelques cas, les esprits religieux les moins étriqués "acceptent" officiellement quatre autres traditions orientales considérées à tort comme des religions. Tout ceci sans mentionner l'importance nulle qu'ils attribuent à la Tradition précolombienne, et aux traditions archaïques en général, dont les vestiges culturels et spirituels n'ont pas encore complètement disparu.

    La raison en est que, bien qu'en relation étroite, la métaphysique et la religion appartiennent à deux milieux distincts. Et même en considérant, comme le prétend l'Islam, qu'il existe un ésotérisme dans la religion, dans le meilleur des cas il s'agit toujours d'un ésotérisme solaire (bien que l'Islam soit rattaché au lunaire, ce que met en évidence son emblème du Croissant et de l'étoile), alors qu'elle doit obligatoirement contenir des dogmes exotériques pour assumer sa fonction en opposition avec la réalisation polaire, strictement métaphysique.

    Tant que notre groupe fut fermé, c'est-à-dire lorsque nous travaillions seulement en nous-mêmes au moyen des méthodes hermétiques, Tarot, Kabbale, Alchimie, Arithmosophie, etc., ou même avec la Cyclologie, nous n'eûmes pas de plus graves problèmes, bien qu'il soit connu que ne manquent pas les malheureux dont l'ouvre soi-disant pour le bien public est l'un des travestissements, par le biais d'une supposée vertu inventée pour justifier leur ignorance et leur désir de contrôle et pouvoir. Néanmoins, nos ennemis ne faisaient encore que montrer une part infime de ce qui s'est déchaîné par la suite mettant en évidence le degré élémentaire des ces "initiés" et leurs qualités inexistantes, voire une profonde ignorance devant être occultée derrière le fanatisme religieux, sujets qui n'ont rien à voir avec la Connaissance –et le Jnâni yoga- et la rapidité du mercure et la malléabilité de l'or présents dans la Tradition Hermético-Alchimique, dans laquelle un grand dieu, celui qui a fabriqué la lire d'Apollon, le grec Hermès descendant de l'égyptien Thot, est à la fois messager, psychopompe et héros culturel; le dieu des diplomates et des commerçants. Signalons en outre que, notre pensée étant métaphysique, c'est-à-dire propre aux "Grands Mystères" et d'incarnation ontologique au travers de la cosmogonie et du symbole, donc du plan intermédiaire, elle fut immédiatement repoussée par les fausses hiérarchies abrahamiques, ignares en ce qui concerne la Science Sacrée, comme l'attestent leur petitesse et l'extrême limitation de leur vision. Ces violentes dissensions sont illustrées par les guerres qui opposent ces religions, ou de leurs noyaux, qui se produisent même dans les soi-disant sociétés initiatiques, ou ésotériques, comme certains les nomment bien que, au lieu de s'occuper de la Connaissance implicite dans leur Tradition, elles ne traitent que de leur expansion quantitative, c'est-à-dire leur nombre de fidèles ou la mesure du pouvoir qu'ils possèdent, quand ce n'est pas des revers infligés aux adversaires osant discuter leur hégémonie, ou l'autorité absolue destinée à imposer leurs vues. Y a-t-il plus grande imposture que de laisser la religion supplanter l'initiation?

    Cette engeance est de fait totalement périmée et si certains croient en la "pauvreté" et le "sacrifice" comme un bien en soi, c'est-à-dire que leur croyance trouve sa source dans les ouvres humaines et non dans la grâce du Seigneur, nous trouvons surprenant qu'il subsiste encore une ignorance aussi cristallisée que les orthodoxies, tant religieuses que politiques; les gens sont las de ces alternatives aussi fausses qu'arbitraires où se trouve plongé l'homme moderne, et malgré une certaine relation superstitieuse avec la religion, le peuple semble s'en être oublié et se révèle agnostique, sauf lors de grandes catastrophes ou de certaines "apparitions" mariales et de saints niées par l'Église; les juifs, repliés sur eux-mêmes, attendant la ronde du rabbin collecteur d'impôts... Ceci n'est pas complètement valable dans le cas de l'Islam, en plein essor religieux contemporain, bien que son fondamentalisme même, y compris le terrorisme, trahit sa faiblesse et rencontre un fort rejet parmi les fidèles, ce qui est très clair en Afrique du Nord.3

    La vie du Prophète et l'Histoire de l'Islam sont pleines d'exemples d'intervention divine directe, ce qui illustre qu'il n'est nul besoin des obscures manouvres et des manigances, ni des "poussées" et "coups de coude" de ceux qui ne constituent, au mieux, que l'un de ses groupements, sans compter les diverses Traditions, qui affronteront plus ou moins consciemment la Fin des Temps. De notre côté nous ne cherchons pas à gagner quoi que ce soit, et encore moins une guerre, puisqu'il y a des années que nous avons accepté notre défaite la plus complète devant les inévitables circonstances cycliques.

    L'on pourra comprendre l'étonnement ressenti cependant lorsque l'on entend dire que l'Islam n'est pas seulement une religion, ni signifie uniquement soumission, mais que ce nom indique la pureté essentielle de toute religion ou connaissance, antérieure ou postérieure. C'est-à-dire qu'il rend islamique par décret n'importe quel penseur, de n'importe quelle époque. Ce fait devient parfaitement clair en lisant dans S. H. Nasr (Vida y pensamiento en el Islam, Herder, Barcelone 1985, p.9) que l'Islam n'est pas seulement le Coran et le Hadith, donc l'héritage reçu il y a quatorze siècles, sinon que "L'Islam comporte, en plus de cette essence, son déploiement dans le temps et dans l'espace et tout ce qu'il a absorbé selon son génie propre et a fait sien par son pouvoir de transformation et synthèse." Le choc est d'autant plus fort que, au chapitre IX de cette ouvre, l'on parle d'Hermès et des écrits hermétiques dans l'Islam, et que l'on y commente l'influence exercée sur ce credo par Hermès Trismégiste (le prophète islamique Idris) par l'intermédiaire des hermétistes sabéens (héritiers de Balkis, reine de Saba, en rapport étroit avec Salomon et son temple), certains d'entre eux ayant été islamisés par la suite ou ayant dû cohabiter par la force avec cette religion et loi, comme ce fut le cas de nombreux sages et martyrs parfois revendiqués à posteriori. Il semble en tout cas pour le moins curieux qu'une tradition comme la Tradition Hermétique, qui est demeurée vivante en Occident jusqu'à nos jours, et qui fut connue des islamiques eux-mêmes (Mohamed c.571-631) plusieurs siècles après son avant-dernière irradiation importante, à Alexandrie (nous gardons la dernière pour Florence et son postérieur développement rose-croix et franc-maçon), fasse aujourd'hui partie de la doctrine islamique, ce avec quoi ne peuvent être d'accord ni les hermétistes ni aucune personne sérieuse, sans compter que ceux-ci ne veulent se soumettre à aucune obligation religieuse puisqu'il n'y en a aucune nécessité, selon les impératifs de leur propre Tradition, dont le patron est le dieu Hermès Trismégiste et le Livre est le Corpus Hermeticum.4

    Il demeure que l'intérêt envers les institutions religieuses, voire même pour les "grandes" religions, s'est affaibli5 et c'est précisément ce qu'elles savent et se refusent à accepter, motif pour lequel elles tentent de se rendre plus attirantes (de la façon la plus élémentaire et grossière, à la ressemblance des sectes) afin d'essayer de canaliser les fortes tendances qui existent envers la Connaissance. Car il existe une véritable soif de savoir et un esprit "religieux" –une fureur que connurent les païens– plus en rapport avec la Cosmogonie, le Symbole et la Métaphysique et de nombreuses autres alternatives opposées à toute forme d'orthodoxie religieuse, de dictature intérieure, de menace, censure ou fanatisme, soit tout leur entourage ordinaire, au sein duquel leurs us et coutumes, leurs tabous, phobies et obligations devant être imposés à autrui, ne les rendent bien entendu pas très attirantes aux yeux des habitants de cette fin de cycle. A tout ce qui précède –et qui est rejeté des nouvelles générations– il faut ajouter que cela se trouve être représenté par des individualités aux visées limitées: historiques, idéologiques, sans aucun doute passionnelles, régies par la haine qu'engendre l'envie de ce que l'on n'a pas et que l'on devine qu'on ne le possédera jamais.

    Dans l'Islam, ce qui est nommé loi islamique correspond évidemment à l'exotérisme; ce que l'on appelle ésotérisme –disons-le une bonne fois– est en propre un point de vue religieux, généralement rattaché à la piété-dévotion-sentimentalisme ou même à des doctrines philosophiques, ou plus exactement théologiques, à l'instar du christianisme, quoique celui-ci nie toute possibilité d'ésotérisme et conforme avec sa doctrine la solide orthodoxie d'une force armée, soit une loi religieuse définie par un groupe possédant le contrôle, ou par des mafias possédant une force de pression suffisante pour l'exercer de différentes positions.6

    Dans les deux cas la masse des fidèles, ou la presque totalité de ses affiliés, demeure dans la plus profonde ignorance comme c'est le cas du judaïsme, bien que personne ne puisse nier le rôle éducateur et ordonnateur des religions, les consolations qu'elles apportent, les morales qu'elles propagent, c'est-à-dire les règles de leurs us et coutumes; il faut également préciser qu'elles furent en d'autres temps le siège de sages et de mages, véritables hommes de Connaissance, et paradoxalement comptent encore aujourd'hui de nombreux initiés.

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    Nombreux sont ceux qui ont essayé et essayent depuis des années d'intervenir de bonne foi au sein même des religions abrahamiques, pour que celles-ci comprennent leurs desseins et origines authentiques, et puissent ainsi remplir les fonctions pour lesquelles elles ont réellement été créées. Au moins depuis l'époque où Guénon publiait son ouvre, les tentatives ont été totalement infructueuses, et en particulier beaucoup d'entre nous ont recherché le dialogue avec prêtres et fidèles catholiques de toute tendance durant plus de deux décennies, avec les résultats les plus aberrants et toujours négatifs. D'autre part, des personnages de responsabilité marquée ont essayé et essayent que les autorités religieuses mondiales comprennent qu'elles se trouvent au bord de la fin des temps, donc qu'elles nous expliquent, malgré leur impuissance, ce qui est réellement en train de se passer, ce qui arrivera et à quoi devons-nous nous attendre; en définitive, qu'elles répondent à présent aux questions éternelles de l'être humain, comme le font leurs livres sacrés et le firent leurs prophètes et sages herméneutiques. Car dans l'essence, à l'origine même des religions, se trouve le message révélé par la voix de leurs envoyés, mais aujourd'hui il est inutile de le rechercher dans le temple "réel", dans celui du quartier ou auprès des autorités ecclésiastiques. Il semblerait que personne ne veuille se rendre compte que, si une pierre est lancée du haut d'une tour sa vitesse augmente de façon géométriquement proportionnelle à la distance parcourue, et c'est ce qui est en train de se passer temporairement de nos jours, alors que nous atteignons le millénaire. L'homme pourra ajouter une nouvelle illusion à un monde qui s'efface (de par la logique des cycles) et peut-être songer dans ce cas à la projection historique et quantitative d'une guerre –sainte ou non– qui mettra dans sa main tous les atouts, et régnera puérilement sur les autres. Pour combien de temps? C'est la question que nous nous posons étant donné la situation cosmique. De plus, cette querelle même nous place spécifiquement en Méditerranée, c'est-à-dire dans une zone géographique réduite qui –si l'on nous passe l'expression– est un cadre plutôt local, presque une bagarre de rues pour ces religions qui prétendent posséder toute Universalité et se limitent à des chicanes à Jérusalem, même s'ils en arrivent peut-être à utiliser des armes atomiques. Et s'il est vrai, comme nous le remarquions, qu'à l'origine elles émanent de la Divinité, le processus cyclique les en a tellement éloignées qu'un futur Homme de Connaissance devra vraiment s'y opposer –même au sein de son propre credo– pour la corruption et le poison moral implicites qu'elles portent, pour avoir renié leurs origines sacrées afin de nous offrir leur version détachée du Principe et liée à des opinions personnelles, parfois basées sur des thèmes traditionnels, mais forgées avec la complicité du groupe et imposées avec la ferveur et le fanatisme de crânes rasés, héros communistes ou "fachos", ou fondamentalistes religieux.7 C'est un symbole que ces extrémismes –et surtout la "spiritualité" qui les motive– se traduisent par le terrorisme, quoique d'idéologies opposées. Seuls les ennemis de Dieu sont capables d'échanger son Éternité contre l'appui prétendu à une guerre régionale ou mondiale, simple escarmouche comparée à elle. Ni arbitraire ni casuel, c'est seulement ce qui découle du niveau où l'on place la déité: si le degré est métaphysique un tel problème n'existe pas; étant religieux, l'adéquation est toujours insuffisante, puisqu'il s'agit d'une déité personnelle, donc individuelle, ou d'un dieu personnalisé, deux formes analogues inhérentes à ce point de vue toujours rattaché à la possession, ou la matérialisation de ce qui est spirituel comme une chose pouvant être acquise, reniant la grâce, à base de génuflexions ou commerce de faveurs et rémunérations avec de soi-disant esprits, dénaturant ainsi l'idée de sacrifice. Dans ce cas, l'on peut arriver à justifier certaines critiques gnostiques envers le judaïsme où l'on assimile Jéhovah, non pas avec la figure de l'Être suprême, mais avec son second, le Démiurge.

    Quant aux collaborateurs de SYMBOLOS, nous dirons que nous sommes entraînés à la concentration, où la coexistence de différents points de vue, même opposés (mais aussi complémentaires dans leurs multiples –et étranges– relations, donc pouvant se conjuguer indéfiniment), n'est jamais le fruit d'une fixation a priori sur une seule voie de l'esprit, sur laquelle se plaque toute la volonté forgée par des raisons prises comme credo, à l'exclusion de toute forme de conciliation des opposés ou d'exercice du libre arbitre, refusant ou compromettant la reddition à l'intelligence, déesse aussi fuyante que réelle. C'est par l'angoisse du doute, par la vérification de notre rien qui est à chaque fois encore moins, donc grâce aux instruments du cabinet alchimique de l'âme, que l'on perçoit la simultanéité des éons et la perpétuelle naissance de la création.

    Pour nous –et pour bien d'autres– la déité ou la conception que nous en avons, ne se forme pas à différents niveaux et n'adopte aucune couleur, religieuse ou non; donc il importe peu quel intérêt quantitatif ou historique, lié à des notions de compétition et de triomphe (un point de vue presque sportif), est soutenu par ces groupes antagoniques et extrêmement limités. Et aussi parce que, même dans le meilleur des cas, si nous devions incarner une entité destinée à vaincre l'Antéchrist à Jérusalem, cela nous laisserait complètement froids vu que cela nous semble mineur, quand bien même cette situation surviendrait-elle de façon symbolique, ou serait déjà évidente.

    Tout ceci est minime, notre déité est à présent, maintenant même, comme elle a toujours été, jamais conditionnée par aucune détermination; hors de la Réalité il n'y a rien. Le signe que nous attendons est non-humain, et ce n'est pas l'intervention d'une religion, malgré que l'on nous dise que celle-ci ou celle-là n'est pas une religion de plus, sinon La Religion, ou bien que l'on nous rappelle que l'humain révèle le non-humain, ou que l'on nous demande de quelle façon ce dernier pourrait-il s'exprimer si ce n'est au travers de l'homme ou du groupe. Une supercherie dangereuse puisque mettant l'accent sur l'aspect le plus lointain de la déité : l'être individuel déplacé, inversé, jouant le rôle de l'Être Universel avec lequel on le confond.

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    Qu'attend-on encore, que désire-t-on, quelle pourrait être la récompense, quelle serait la gloire ! Devant quel autre serait-ce quelque chose sinon devant soi, face à face maintenant –et toujours– avec Soi-Même ? Il est difficile en vérité de comprendre quelle serait la "satisfaction" de l'élu, quel sceptre, quelle couronne, quel pouvoir, par rapport à quoi ou à qui ? Et quelle serait la relation de tout ceci avec l'Identité Suprême, avec le Principe indifférent, étranger au schisme sur quel sera le vainqueur de cette guerre sainte ou de l'autre ?

    La Volonté du Ciel ne partage pas les vicissitudes cycliques et le Manu de chaque manvântara fait tourner la Roue de l'Existence Universelle, et précisément sans participer à ce mouvement dont cependant il est involontairement à l'origine. Il n'y a donc pas besoin de s'efforcer, ni rien conquérir sur personne, mais réintégrer la Grande Paix, l'immobilité du Pôle, la totale renonciation de l'Homme Universel tandis que s'accomplissent toutes les prophéties, dont énormément sont étrangères au flux des religions abrahamiques, aujourd'hui franchement décadentes. Il faudrait ajouter à tout ce qui précède l'inaptitude à reconnaître la déité lorsqu'elle se manifeste d'innombrables manières éloignées de la pompe religieuse actuelle (par ailleurs adultérée), tout comme le savaient les peuples "primitifs" et les sages de l'antiquité, à commencer par les taoïstes et tantristes orientaux et les païens occidentaux.

    La religion est pour beaucoup, ou peut-être a été, une forme adaptée du sacré, une forme simplifiée afin d'être comprise par la majorité, qu'elle commande par une loi morale qui devient en définitive un ensemble d'us et coutumes, et ainsi se perpétue dans un groupe considérable suivant les préceptes d'un dirigeant pour le bien de la société. Il suffit d'obéir à l'instar de braves boufs patients –et castrés– et d'avoir la foi ; cette attitude est préférable à toute tentative de Connaissance, qui pourrait même arriver à mettre en conflit ou tourner en ridicule n'importe quelle autorité religieuse.

    La supériorité de niveau de la métaphysique vient de sa propre nature, c'est-à-dire de son Origine et son Objectif, tout comme la limitation exotérique de la religion, ses dogmes et ses transports, ne peut dépasser un certain degré. Ces deux formes sont apparentées au Sacré, malgré que par les temps qui courent la religion pourrait bien être qualifiée de profane, puisqu'elle refuse la véritable intellectualité, son authentique spiritualité confondue avec les adhésions d'intensité variable –d'une piété incertaine au fanatisme exclusif, descendants directs de l'émotionnel, qui va et qui vient.

    Mais ce n'est pas tout car, comme nous le remarquions, ces deux formes du sacré se trouvent sur des plans distincts, et la méconnaissance de la métaphysique et sa substitution par la religion, qui la supplante, équivaut à une négation. Ce pour quoi l'on peut confondre aujourd'hui –de bonne ou de mauvaise foi– la métaphysique avec le profane, (notez l'inversion) à force de toujours associer la religion et le sacré. Les différents credo abrahamiques tels qu'ils sont exprimés actuellement doivent être plutôt pris comme des entraves aux nombreuses formes de Connaissance, ou Science Sacrée, en accord avec leurs limitations. Surtout en ce qui concerne le plus haut stade, paradoxalement le seul à donner un sens à l'échafaudage religieux, étant donné que sa révélation dénaturée et ses conceptions sont des erreurs nées de l'ignorance de ce qui est intimement sacré –ou métaphysique– et de sa substitution par les valeurs morales, pieuses et sentimentalistes auxquelles nous nous référions qui se réduisent à des questions minuscules, qui se manifestent à leur tour par des comportements étriqués qui, bien qu'allégoriques, ne dépassent pas le niveau des tabous comme celui concernant l'ingestion de viande de porc. En définitive, la religion prise comme l'une des expressions de la métaphysique a perdu sa signification par sa plongée jour après jour dans la corruption, fait inévitable par ses propres caractéristiques dans un monde en train de succomber. Le Messie, Le Christ Intérieur, Le Mahdi, vient pour restaurer la Connaissance, le Règne de la Métaphysique, et non pour promouvoir ni consacrer une aucune religion en particulier dont la description de la réalité n'est pas de nos jours différente de celle de la science profane, et ce traduit en obnubilations sportives plutôt propres de "hooligans". La religion, liée dans le meilleur des cas avec le salut, est l'obéissance à une méthode déterminée pour obtenir la "libération", tandis que la métaphysique est la Liberté même, en lettres majuscules ; ainsi donc, c'est la Libération du concept de "libération". De nos jours, la Connaissance et la Métaphysique ne passent pas par la Religion, qui s'identifie au monde moderne dans tous ses aspects, pour le simple motif, déjà mentionné, que cette dernière n'appartient même plus au domaine sacré, sinon plutôt au social, encore qu'il existe bien sûr quelques exceptions individuelles, presque aussi rares que celles d'initiés solitaires rattachés à nul appareil religieux, bénéficiaires donc de plus amples points de vue et d'une conception plus universelle, souvent liée à la sacralisation de la Nature incarnée entre autres par Éros et Dionysos qui n'ont jamais été oubliés dans les cosmogonies traditionnelles ni par les peuples archaïques. Quoi qu'il en soit nous ne voulons pas terminer cette note sans revenir sur ceux qui se disent traditionnels et qui, de façon contre-initiatique, prétendent parer de caractéristiques suprêmes leur vague religiosité (qu'ils élèvent à la catégorie de vérité transcendante officielle et qu'ils nomment ésotérisme ou même religion perpétuelle), constituant une scandaleuse dénaturation, aussi bien de la Métaphysique que de la Racine de toute religion monothéiste.

    C'est justement en cette fin de cycle qu'il faut exposer toute la vérité, à commencer par la révélation de l'authentique cosmogonie, le modèle de l'Univers, les Secrets connus des sages de tous les temps, et démasquer les desseins de l'imposture "religieuse", ses fausses théologies et ses "saints" maîtres dont les exposés littéraux sont éminemment inspirés du profane et arrivent à l'extrême de renier leurs propres livres sacrés en détournant leurs contenus ou même les utilisent en leur propre bénéfice. Si le moment n'est pas venu de remettre à leur place ces tentatives contre-traditionnelles, apparemment acceptées au sein des religions abrahamiques et par des groupes mystico-ésotériques dont le trait est l'hypocrisie face aux authentiques valeurs morales, jusqu'à quand attendrons-nous ?

    L'initiation est la subtile nourriture des dieux et exige autosacrifice et stoïcisme, tandis que la religion est comme une boisson light, dans le fond un bouillon aussi conventionnel que non-transcendental, en dépit de prendre des formes guerrières, mystiques ou miraculeuses.

    Il est évident que l'initiation est une action à contre-courant déterminée par l'étrangeté de certaines terribles épreuves avec lesquelles se certifie la qualité de l'Amour. La religion actuelle, en revanche, n'est que complaisance envers la bonté d'un système qui se considère valide et l'égotisme satisfait de se distinguer en l'accomplissant. La première se rapporte à la magie et à la grâce, la seconde au travail, au devoir, à la routine et la rigueur de la loi.

    Confondre religion et métaphysique –ou religion et sacré– revient à prendre la santé pour le moral, ou la bienfaisance pour de l'amour. Il se passe la même chose lorsque l'on substitue la loi à la justice, l'érudition à la Connaissance, ou que l'on prend les polyglottes pour la culture, bien que l'on n'aille généralement pas jusqu'à confondre "sainteté" et sagesse.

    Pour terminer nous mentionnerons une nouvelle catégorie : celle du ressac pseudo-ésotérique, les inséparables de ceux que nous avons déjà nommés au point de pouvoir les identifier. Il s'agit encore de fanatiques obsédés par leurs devises en dehors desquelles rien n'a de valeur, ou même pire: est mauvais ou suspect tout ce qui dépasse leurs étroites limites. En réalité ces personnages résiduels ne se sont jamais intéressés à la Connaissance, sinon que leur position est liée au pouvoir et à la politique,8 donc à des commerces douteux. Le paradoxe est que ces individus se dénomment "traditionnels", alors qu'ils sont en réalité "traditionalistes" et que leur domaine est l'action et la violence –l'action et la violence per se– et ignorent tout de ce que sont la cosmogonie et la métaphysique qui leur importent peu, nonobstant leurs tentatives d'utiliser à Guénon lui-même à leurs fins, bien qu'ils ne sachent ni d'où ils viennent, ni qui ils sont, ni où ils vont, et encore moins que le mot tradition tel qu'ils l'emploient n'a rien à voir avec la Tradition à laquelle se réfère le métaphysicien français. Ils sont encore plus loin d'imaginer qu'ils sont dirigés politiquement par des meneurs occultes et concrets, partisans de la confusion et de l'erreur –qu'ils ne peuvent bien entendu pas déceler par eux-mêmes en raison de leur manque de préparation– leur rayon d'action visant les milieux ésotériques au travers de critères religieux voire même comme guerre religieuse. Ces gens n'ont seulement jamais entendu parler de la plus haute forme de Connaissance, et ne pourront donc jamais rêver l'atteindre, et entretiendront leur frénésie dans les aspects les plus positifs et "populaires" de la déité, qu'on leur présente de façon exclusivement affirmative ou même grossière, presque matérielle. Certains d'entre eux adhèrent au catholicisme ou à l'islamisme en rêvant à un Moyen-Âge imaginaire dans lequel ils seraient de nobles chevaliers –en dépit de leurs actions délictueuses– encore que leur adhésion se limite à se signer à l'entrée d'une église, ou à roter clairement après manger, et l'on dit que d'aucuns sont à l'aise dans l'Islam pour rosser les Juifs (qui à leur tour cognent sur les Palestiniens) ou battre ceux qui ne partagent pas leur propre médiocrité. L'origine de cette engeance se trouve dans la massification et la perversion instaurées en Europe et Amérique par des régimes totalitaires s'abritant derrière un vague messianisme et portant pareillement la haine et l'envie ; ou alors, ce qui revient au même, le manque de générosité et charité les pousse au métier de terroriste et à des agissements aussi abjects qu'intéressés, donc tout le contraire de la pureté du geste gracieux. Inutile de souligner que ces disciples de Léo Taxil ne connaissent rien de la Tradition Hermétique qu'ils pourraient découvrir, s'ils s'y intéressaient, comme étant la plus ancienne Tradition subsistant encore et par-là la plus traditionnelle selon leurs critères étroits.

 

NOTES 
*
Ce texte ne fait pas référence à la religion telle que la définit l’Histoire des Religions, ou lorsque le terme est pris au sens générique (“ce qui est religieux”), sinon aux religions abrahamiques dans leur état actuel, et concrètement à leur ton pieux-moral-dogmatique, sceau du fanatisme promoteur de la dissolution.
1
En Occident, même les adeptes de traditions orientales les interprètent aussi de façon religieuse.
2

Dans l'État d'Israël actuellement, les sionistes ont été remplacés par les ultra-orthodoxes, totalement politisés. Nous venons de lire, dans les mémoires de Y. Rabin, se référant à un groupe de fanatiques ultra-nationalistes : "... groupe sauvage, un cancer à l'intérieur de la démocratie israélienne, qui se réclame d'un mandat divin et impose la terreur dans les rues." Il s'agit d'une nouvelle orthodoxie ultra-religieuse de type radical qui a pris à divers degrés chez les jeunes –et pas tant que cela– ou dans d'autres parties du monde, et qui peut même être terroriste et s'identifier à l'assassinat, comme le cas bien connu d'Yitzac Rabin –un homme de paix– ayant trouvé la mort des mains des plus fanatiques. Ce sont les mêmes qui sont les auteurs des crimes commis envers le peuple palestinien.

3 Certains jetteraient les hauts cris si on leur disait que la religion n'est pas à la mode actuellement. C'est cependant l'Éternité qui est toujours à la mode, tandis que les religions passent.
4
D’autre part, au sujet de la citation de Nasr sur l’annexion de toute chose à l’Islam, elle peut avoir plusieurs lectures parmi lesquelles celle de l’appropriation des biens privés, c’est-à-dire la confiscation de toutes les possessions et la négation de tous les droits, à commencer par les droits de l’homme. L’on peut y ajouter l’accent mis exclusivement sur des phénomènes d’ordre quantitatif, comme le milliard d’islamiques qu’il y a dans le monde et leur progression invincible –et celle de leur loi (la shariyah)– dans tout l’univers, comme si cela était réellement de nature spirituelle (et ce sont là les arguments décisifs de l’œuvre de Hossein S. Nasr) et non pas exactement marqué du sceau de la quantité, c’est-à-dire d’une fausse spiritualité ou, pour reprendre les mots de Guénon, d’une spiritualité à l’envers.
5
L’on peut cependant observer parallèlement à ce rejet de la religion, un courant inverse qui s’est fait remarquer ces dernières années, en particulier dans l’islam, mais aussi parmi de jeunes juifs qui reviennent à leurs croyances et cérémonies, spécialement au Talmud, et de nombreux jeunes qui sont attirés par le catholicisme, dans ses variantes fraterno-chrétienne, social-léniniste, opus-déiste, ou fanatisme religieux rattaché à tout autoritarisme fasciste et inquisitorial.
6
Il semblerait cependant aujourd’hui que ce qui était contrôlé par ces maffias est en train de leur échapper, et que les hiérarchies ne paraissent pas au courant de ce qu’il se passe. Ainsi, dans un journal du 10 juin 1997, l’on apprend que le cardinal J. Ratzinger, l’un des plus proches collaborateurs du Pape, révéla que les églises protestantes ont financé dans les années 60-70 des mouvements subversifs latino-américains. En vérité, cette accusation rétrospective nous semble incroyable aux habitants d’Amérique du Sud, où beaucoup des délinquants ayant pris les armes sont ou ont été prêtres, tout comme les agitateurs qui encouragent les invasions de la propriété privée, le vol et la mise à sac “pacifiques” selon eux, tout ceci sous les auspices de l’Église et le consentement des évêques qui nient hypocritement tout contact avec la Théologie de la Libération. En Amérique du Sud, n’importe qui peut le constater et cela paraît quotidiennement dans les journaux. D’autre part, il n’y a pas de village, pour éloigné qu’il soit, qui ne subisse le samedi durant toute la nuit, les lamentations assourdissantes des prières protestantes et des chants dissonants au maximum de volume, afin que les voisins soient forcés de les entendre et ne puissent dormir, pour des motifs confessionnels, de pouvoir, et d’agression à la communauté tout entière. Ces nuits représentent de véritables tortures pour le voisinage, surtout lorsque les catholiques ripostent avec la même méthode. Dans le journal d’aujourd’hui aussi, l’on informe que le patriarche orthodoxe Alexis II ne se réunira pas avec le pape. Motif: la prétendue influence souhaitée par le catholicisme dans les pays de l’ex-U.R.S.S. Pendant ce temps, la Tchétchénie a imposé la shariyah, ou loi islamique, dans laquelle comme on le sait, la femme est mutilée dans sa plus intime essence de fille de Dieu et le voleur se voit couper la main.
7
“Les ‘ennemis’ de l’Islam devraient être égorgés sans merci, ‘depuis le nouveau-né jusqu’au vieux au bord du tombeau’, déclare un chef du Groupe Islamique Armé (G.I.A.) dans le bulletin clandestin de l’organisation diffusé en Europe, en justifiant les tueries en Algérie”. “Nous ne faisons ici qu’appliquer les préceptes de Dieu et son prophète”. “Lorsque vous entendez parler d’assassinats et de gens égorgés dans une ville ou un village, sachez qu’il s’agit de partisans du pouvoir ou que l’on exécute les ordres (des chefs du G.I.A.) de faire le bien et combattre le mal” (de la section internationale du journal ABC, Madrid, début octobre 1997, à partir d’un interview intitulé “Notre position” publié dans le numéro 13, de juin 1997, de “Al Yamaa”, qui “se présente comme ‘l’organe officiel du G.I.A. en Occident’.”).
8 Qu’ils nomment cyniquement méta-politique.