Histoire de la vie, miracles, enchentements et 

prophecies de Merlin
Histoire de la vie, miracles, enchentements et
prophecies de Merlin, Paris 1498
I. LES LIVRES HERMÉTIQUES (II)
FEDERICO GONZALEZ

    Quant aux auteurs antiques qui connaissaient le Corpus Hermeticum ou les Hermetica, ou étaient parfois même considérés comme les responsables de ces livres, nous nommerons Plutarque27, Jamblique28, Hermias29, et même Apulée, initié aux mystères « égyptiens », que l’on a par la suite estimé être l’auteur de l’Asclepius30 Voici ce que dit pour sa part le néoplatonicien Proclus au sujet de notre déité :

    … et en fait ce dieu est l’éphore des gymnases (raison pour laquelle l’on plaçait des statues d’Hermès dans les palestres), de la musique (c’est pour cela qu’il est vénéré comme Hermès à la lyre dans le ciel), des sciences (c’est à lui que l’on attribue la découverte de la géométrie, des raisonnements, etc.) et de la dialectique(car ce dieu est l’inventeur du discours, s’il est vrai que c’est lui qui a imaginé le parler, ainsi que nous l’avons appris dans le Cratile). Puisqu’il préside à toute éducation, l’on comprend qu’il soit le guide, celui qui nous conduit vers l’intelligible, qui élève notre âme hors du lieu mortel, qui dirige les divers groupes des âmes, qui disperse leur sommeil et leur oubli, qui est le dispensateur de la réminiscence, dont le but est l’intellection entièrement pure des êtres divins.31 

    Mais cela n’est rien : en l’an 453 Proclus lui-même, alors qu’il avait quarante et un ans, reçoit en rêve la révélation que son âme appartient à la chaîne d’Hermès, comme le raconte son biographe et disciple Marinus (Vie de Proclus, 28). Cette révélation lui vient d’Asclépios, dieu jouissant d’une grande popularité dans l’Athènes de son temps. Hippolyte de Rome (IIe s.-ca. 236), romain de langue grecque, fait également référence dans ses Refutatio à des représentations d’Hermès d’origine égyptienne, en particulier une existant dans la ville de Cyrène :

    Les grecs reçurent ce mystère des égyptiens et le conservent jusqu’à ce jour. Nous voyons, effectivement, les Hermès qu’ils honorent sous cette forme. Ils le vénèrent comme l’interprète et l’artisan de ce qui était, ce qui est et ce qui sera, et on l’érige représenté sous cette forme, à savoir son membre viril montrant l’impulsion des choses inférieures vers les supérieures (V, 7. 29). Dans le temple de Samothrace se lèvent deux statues d’hommes nus, les deux mains tendues vers le ciel et le membre viril dressé à l’instar de la statue d’Hermès en Cyrène. Ces effigies représentent l’homme primordial et l’homme régénéré spirituellement, tout à fait consubstantiel avec cet homme (V, 8. 10).32

    Connaissaient également l’Asclepius : Lactance33, Augustin et Zosime34 ainsi que Firmicus Maternus, dit Materne, astrologue et hermétiste romain du IVe siècle (qui se targue d’avoir transcrit les révélations d’Hermès), Cyrille d’Alexandrie35, Michel Pselos36. Augustin (354-430 ; les Confessions ; De Trinitate ; Questions sur l’Heptateuque ; De l’origine de l’Âme ; De la Présence de Dieu, etc.) fait référence dans La cité de Dieu (livre huitième, 23) à l’Asclepius et au fameux sujet des statues animées : « de diverses manières Hermès l’égyptien, que l’on appelle Trismégiste, entendit et écrivit à leur sujet ; car Apulée, bien qu’il concède que ce ne sont pas des dieux, déclare que ce sont les médiateurs entre les dieux et les hommes, de manière qu’ils sont nécessaires aux hommes afin de traiter avec les dieux, ne différencie pas leur culte de la religion des dieux supérieurs. Mais l’égyptien dit qu’il y existe des dieux formés par le Dieu suprême, et d’autres qui ont été créés par les hommes. » La critique faite à l’Asclepius par Augustin est très virulente et continue jusqu’à la fin du livre huitième. Proclus, pour sa part, dit dans sa Théologie Platonique (livre premier, 1) : « …qu’ils furent ses disciples et qu’ils ont atteint une telle perfection que l’on peut les comparer à des statues »37. Dans le même traité (I, 29), Proclus compare les Noms divins à ces statues : « Puisqu’elle produit ainsi les noms, notre connaissance scientifique les représente à ce dernier niveau comme des images des êtres divins ; en effet, elle produit chaque nom comme une statue des dieux, et de même que la théurgie, au moyen de certains signes symboliques, elle invoque la bonté généreuse des dieux afin d’illuminer les statues artificiellement confectionnées, de même que la connaissance intellective relative aux êtres divins, au moyen de compositions et de divisions de sons articulés, révèle l’être occulte des dieux. » Ces disciples apparaissent aussi dans le texte des Argonautiques Orphiques, œuvre attribuée à Orphée datant probablement du IVe siècle, où l’on relate le mythe des Argonautes (d’autres œuvres traitant ce sujet sont attribuées à Apollonius de Rhodes ou à Valerius Flaccus) : « Je contemplai l’illustre et triple descendance d’Hermès… » (Gredos. Madrid 1987, pour l’édition espagnole). Isidore de Séville (560 ?-636) écrit dans ses Etymologies (livre huitième, 49) :

    Le nom grec d’Hermès vient de hermeneia, que le latin traduit par « interprète ». Pour son pouvoir et sa connaissance d’arts nombreux il est connu comme Trimégiste, c’est-à-dire « trois fois grand ».

    L’on affirme également que Valentin, le meilleur représentant de la pensée gnostique, connaissait ces textes38, et même que l’auteur du prologue de l’évangile selon saint Jean s’était imprégné de l’atmosphère de beaucoup de ces écrits, tout comme l’auteur ou les auteurs du livre de la Sagesse biblique, un manuscrit grec datant du premier siècle de notre ère. D’autres œuvres qu’il nous faut mentionner sont les Hymnes Orphiques et les Hymnes Homériques, ainsi que deux collections : les Oracles Chaldéens39, et celle appelée Textes de Magie de papyrus grecs40, ces derniers ayant été trouvés à Thèbes et Al-Fayoum et se trouvant conservés dans diverses bibliothèques européennes, manuscrits écrits en copte et datant de la même époque que les Hermetica41. Remarquons que le mot chaldéen était synonyme de théurge, de même que ce dernier terme a généralement été associé à celui d’hermétiste ; nous reviendrons plus tard là-dessus.

    L’influence des Hermetica semble avoir été également très importante dans l’Islam où les textes philosophiques étaient connus et cités, de même que les livres de médecine, d’astrologie, de magie, et tout ce qui peut être jusqu’à ce moment considéré comme Hermétisme. La pensée hermétique pénètre en Islam par des voies diverses et pas uniquement à travers les écrits grecs, mais aussi par le biais de sectes syriennes comme celle des sabéens ou de l’astrologie sanscrite, qui était connue à Bagdad au VIIIe siècle et divulguée par un Hindou du nom de Kanata. Hermès fut immédiatement assimilé à Idris ainsi qu’à Hénoch et Agathodaimon qui étaient déjà connus dans de nombreux pays d’Islam à l’instar de Seth. L’on croyait également qu’il était contemporain de la naissance des Pléiades au point vernal qui fut, trois mille trois cents ans avant notre ère, le point de départ du calendrier égyptien ; il donnait aussi son nom (Thot) au premier mois de ce calendrier. Il ne faut pas non plus manquer de signaler que l’une des pyramides était, et est encore considérée comme le « tombeau d’Hermès » (le mot arabe pour pyramide est haram), non parce que son corps y reposerait car, identifié à Hénoch, il fut emporté au ciel et n’est pas mort (ce qui se reproduit d’ailleurs avec l’Hermétisme), sinon parce que là sont enterrés, ou plutôt occultés, les grands secrets de la Science Sacrée, ses mystères et ses révélations.42

    Il subsiste de nombreux textes de la littérature hermétique arabe qui sont attribués à Hermès Trismégiste. Jean Doresse43 se limite à n’en mentionner que trois exemples marquants :

    1.   Le Livre du Secret de la Création, compilé vers 825 –donc à l’époque où les doctrines sabéennes et l’astrologie hermétique indianisée venaient renforcer, à Bagdad, les survivances directes– avait été extrait d’un traité d’Hermès De Causis…et attribué de façon erronée à Apollonius de Tyane, appelé Balînûs en arabe. Il présente le double intérêt d’une exposition sur la création et le célèbre récit de la découverte de la Table d’Émeraude.

    2.   Turba Philosophorum, d’après sa traduction latine médiévale, est une compilation, sans doute élaborée directement en arabe, qui comprend des fragments des Physika et Mystika de Démocrite. Ce récit est censé raconter la réunion des grands philosophes de l’Antiquité, sous la présidence de Pythagore, présenté comme un disciple d’Hermès : les participants y échangent leurs idées au sujet de la création avant de débattre des thèmes alchimiques.

    3.   Le But du Sage, un manuel d’astrologie talismanique inspiré de sources sabéennes, qui date du XIe siècle : œuvre fictive d’Hippocrate dont le nom, déformé par l’arabe et transformé à nouveau dans la traduction latine, devint Picatrix, nom sous lequel est connu l’ouvrage lui-même.

    Au sujet de la découverte de la Table d’Émeraude, signalons ce qu’en dit Titus Burckhardt dans son livre Alchimie44 :

    « La plus ancienne référence à la Table d’émeraude a été trouvée dans un texte de Jabir Ibn Hayyan du VIIIe siècle et sa transcription latine était déjà connue d’Albert le Grand. »

    Pour en terminer avec l’hermétisme islamique, nous citerons Henri Corbin, spécialiste reconnu, avec quelques passages de son Histoire de la Philosophie Islamique45 :

    « Les sabéens d’Harran faisaient remonter leur lignée généalogique à Hermès et à Agathodaimon. Leur plus célèbre docteur, Thabit Ibn Qurra (†288/901), écrivit en syriaque et traduisit en arabe un livre des Institutions d’Hermès.

    ... De fait, la philosophie hermétique est considérée comme une hikmat ladonîya, une sagesse inspirée, c’est-à-dire une philosophie prophétique.

    À l’instar de nombreuses « grandes personnalités » de l’époque, le philosophe Sarakhshî (†286/899), élève du philosophe al-Kindî, était shiite ou passait pour tel. Sarakhshî avait écrit un ouvrage (aujourd’hui perdu) sur la religion des sabéens. Son maître, al-Kindî, avait également lu ce qu’Hermès enseignait à son fils (référence implicite, sans aucun doute, au « Pymandre ») au sujet du mystère de la transcendance divine, et affirmait qu’un philosophe musulman tel que lui n’aurait pu mieux l’exprimer.

    Les néoplatoniciens de l’Islam, qui accomplissent la synthèse de la spéculation philosophique et de l’expérience spirituelle, revendiquent quant à eux une chaîne initiatique (isnâd) qui remonte à Hermès : ainsi le firent, par exemple, Sohravardî (†587/1191) et Ibn Sab’in (†669 /1270). »46

    Dans l’Islam, nous le voyons, Hermès et l’hermétisme ont souffert diverses transformations, aussi bien le nom du dieu que sa forme, selon son adaptation au lieu et au temps, ou à certains groupes axés sur un maître ou un autre, mais il a toujours conservé ses caractéristiques de « créateur » de l’éloquence, d’éducateur, de psychopompe et d’énergie versatile sachant s’adapter aux circonstances spatio-temporelles et particulières sans que cette plasticité vienne altérer son caractère fondamental d’intermédiaire, de messager des dieux, de déité tutélaire de toute invocation adressée au Dieu Inconnu, à son occultation et sa révélation.

    L’Islam voyait également très clairement ce qui est aujourd’hui amplement établi : le rapport de ces livres avec l’Égypte dont a été reçu un fond mythologique, cosmogonique et sotériologique de base, de même que des formules médicales, astrologiques et magiques qui prennent la forme d’une Philosophie, ou plutôt d’une Gnose, à la période gréco-romaine de ce pays, et se répandront sur tout le pourtour méditerranéen jusqu’à atteindre Rome, ainsi que la Perse et l’Inde. Les investigations peuvent donc en suivre les traces et dessiner un panorama de cette antique conception théosophique gréco-égyptienne et païenne dont il existe des témoignages de survivance en Alexandrie aux premiers siècles de notre ère et qui, grâce à son expansion jusqu’à Rome –comme le christianisme– a perduré jusqu’à présent en Occident de façon plus ou moins occulte et souterraine47 ; les voyages de Pythagore et de Platon en Égypte racontés par Jamblique et d’autres auteurs antiques ne sont pas que des légendes.

    Le Corpus Hermeticum soutient qu’il n’y a pas d’intermédiaire entre le Noûs et l’homme puisque c’est le Noûs de l’homme qui se révèle à lui-même. La seule médiation est celle de l’intelligence qui éclaire cette relation établie depuis toujours, possibilité que chaque homme porte en lui. C’est la raison pour laquelle la Tradition Hermétique ne constitue pas et n’a jamais constitué une religion, avec son autorité d’un côté et sa ferveur de l’autre, ce qui n’exclut pas la reconnaissance des hiérarchies divines, thème fondamental de l’Hermétisme, pas plus que certains cultes particuliers ou groupaux se réalisant d’après la structure cosmique, autre matière propre à la Tradition Hermétique et à la Franc-Maçonnerie. Il devient donc logique qu’il n’y ait pas de ministres, ni d’autorité commune, ni de doctrine envisagée du seul point de vue dogmatique, ni personne qui puisse s’arroger la paternité de ces enseignements.

    D’un autre côté il est manifeste que, sans le dogme religieux ni l’appareil ecclésiastique d’une part, et faute de groupes spécifiques « autorisés » d’autre part, l’initiation est laissée à l’individu, c’est-à-dire aux personnes placées sous l’égide d’Hermès, donc à ces chercheurs de Connaissance et de Sagesse, Adeptes des Mystères de la Science Sacrée émanant du Grand Architecte de l’Univers, récipiendaires d’une Influence Spirituelle venue des plus lointaines origines (verticales et horizontales) et qui se prolonge jusqu’à nos jours, telle une chaîne d’or toujours neuve et intacte, ce qui est patent y compris dans sa projection historique et les documents spirituels et intellectuels qui l’alimentent. En ce qui concerne les cérémonies collectives, l’hermétisme diffère non seulement du christianisme, qui renie aujourd’hui toute notion d’ésotérisme, mais aussi des autres religions du livre (bien que la figure du « solitaire » soit aussi contemplée chez elles)48, mais pas du Taoïsme ni de nombreux autres modes traditionnels et archaïques de Connaissance, vivants ou morts, qui possèdent autant de formes initiatiques que d’initiés. Cela n’interdit pas qu’il ait prit différents aspects au cours de son histoire, comme ce fut le cas de nombreuses écoles et groupes par le passé ou, à l’époque moderne, de la Maçonnerie dont l’origine Hermétique –fondée dès le début sur la quasi assimilation du nom d’Hiram avec celui d’Hermès, HRM en étant la racine commune–, kabbalistique, astrologique, pythagoricienne, constructive et alchimique est indiscutable, puisqu’on la retrouve dans les symboles et les rites qui en constituent l’échafaudage propre, voire même la totalité de l’édifice. Parvenus en ce point, observons que le Maître intérieur, dont parlent toutes les traditions d’une manière ou d’une autre, se révèle directement dans la Tradition Hermétique, et cette généreuse possibilité lui est octroyée par Dieu lui-même, qui non seulement est capable de générer le monde, mais également de créer l’homme pneumatique, le Véritable Anthropos. L’on suppose que le bénéficiaire d’un tel présent (que nous imaginons être trop grand pour quiconque) est, pour la Tradition Hermétique et la Maçonnerie, un gnostique. L’Hermétisme et le Corpus Hermeticum sont cependant deux choses différenciées, quoique conservant des rapports étroits, puisque le second codifie une série de notions, d’images et de formes d’un type de pensée fondé sur des prémisses analogues, également connues d’autres groupes, qui transmettent la sagesse et une influence spirituelle souvent cristallisée en méthodes de travail sur le parcours initiatique. Ce qui est en tout cas indubitable, c’est qu’aucun hermétiste n’a utilisé les textes du Corpus Hermeticum –beaucoup d’entre eux de les connaissaient même pas– en tant que « bible », mais plutôt comme une source permanente d’inspiration et un traité de sagesse.49

    Le Corpus Hermeticum est en fait parfaitement compatible avec le reste des Hermetica, ainsi qu’avec les développements qu’en ont fait par la suite alchimistes, philosophes, astrologues, kabbalistes, théurges, artistes de la pierre ou Adeptes de la Connaissance, même si quelques-uns ne les connaissaient pas directement, comme pour l’énergie-force que peut transmettre l’influence traditionnelle de l’Hermétisme, parfois par le biais « d’innocents jeux magiques » comme c’est le cas du Tarot, quelquefois appelé Livre de Toth.

    Le fait est que les livres qui forment le Corpus Hermeticum (le Pymandre, l’Asclepius, les Fragments de Stobée) possèdent une unité d’ensemble : l’Asclepius peut déjà le démontrer à lui seul. Ce n’est pas le cas de la totalité du Pymandre, encore que plusieurs des livres qui le composent forment un bloc et que d’autres sont plus en rapport avec l’un ou l’autre de ces textes; une unité existe néanmoins entre eux, tout comme entre le Pymandre et l’Asclepius, et entre ces derniers et les Fragments de Stobée, ce qui forme part d’une atmosphère, un langage, une conception, que l’on retrouve également dans la Table d’Émeraude, et dans toute la littérature hermétique en général.50 Les traductions réalisées par L. Ménard, W. Scott et le Père Festugière concordent en substance, ainsi que d’autres, plus récentes, comme la traduction anglaise de B. P. Copenhaver51 ; concordent également, en substance, le manuscrit latin de l’Asclepius, dont la copie est encore utilisée dans les travaux d’aujourd’hui, et le manuscrit copte du même nom découvert en 1945 avec le reste de la bibliothèque de Nag Hammadi, en Égypte précisément, traduit et annoté par Pierre Mahé.52

    Cependant l’homogénéité relative du Corpus Hermeticum se voit altérée par son livre dixième : ce livre est fondamentalement la pomme de discorde du Pymandre. En effet, certains croient pour commencer y avoir vu une contradiction au paragraphe 14, où il est fait de l’homme le fils du Cosmos et non le fils de Dieu, c’est-à-dire le petit-fils du Noûs et non pas son fils, ainsi qu’il est clairement énoncé dans le livre, et que cela se retrouve ou qu’il y est fait référence tout au long du Corpus.

    Cela peut être totalement écarté, puisque l’homme dont il s’agit est l’être humain individuel et non l’Archétype incréé de l’Homme, l’Anthropos ou Homme Universel auquel se réfère le Livre premier (du paragraphe 12 au 17), il est par conséquent aussi le fils du Cosmos d’où sa matière a été extraite, qu’il en est l’analogue, et que bien qu’étant fils de Dieu de façon directe il peut également être vu comme son petit-fils dans le sens d’un éloignement plus important ou d’une opacification du Noûs due à son rapprochement de la substantialité, étant aussi considéré comme le fils du Démiurge et faisant donc partie de la matière du Cosmos. Cela se retrouve avec la Nature qui, dans le livre premier, est également vue comme archétypale et incréée, c’est-à-dire la Substance Universelle (dans ce cas précis, le Noûs-Dieu serait la première hypostase, le Noûs-cosmos-démiurge la seconde et l’Homme la troisième), mais qui est prise de manière matérielle dans le livre troisième, paragraphe 1.

    En réalité, le Livre X en question, parfois appelé La Clef (voir appendice 1), semble l’œuvre d’une autre plume et son style est bien plus grossier et abrupt que celui du reste, comme l’affirme une annotation de W. Scott53. Au paragraphe 7, il est dit textuellement :

    « Car nombreuses sont les métamorphoses de ces âmes : certaines vers un sort plus heureux, d’autres vers un sort contraire : car les âmes rampantes passerons dans des animaux aquatiques, les âmes aquatiques dans des animaux terrestres, les âmes terrestres dans des animaux ailés, les âmes aériennes dans des hommes. »

    Ce qui, outre le fait d’être une préfiguration des théories évolutionnistes, qui affirment que les espèces ne sont pas fixées, n’est pas une doctrine hermétique à proprement parler si elle est appréhendée de manière non allégorique, et ne se retrouve pas au cours du Corpus ni d’autres traités placés sous l’égide d’Hermès. Le paragraphe 19 souligne en tout cas qu’aucune âme humaine ne pourrait s’incarner dans un corps animal. Ce qui est absolument contredit dans le paragraphe 8 où il est affirmé que l’âme de l’impie suit un processus involutif :

    « sinon que, revenant en arrière, elle parcours à l’inverse le chemin qu’elle a suivi, qui ramène aux reptiles. »

    Nous pensons quant à nous que cette contradiction dans un même texte, où l’on affirmait le contraire quelques pages avant, a été l’une des causes les plus importantes de la dévalorisation actuelle du Pymandre parmi les spécialistes.

    En réalité, l’affirmation péremptoire du paragraphe 19 : l’âme humaine ne se réincarne pas de façon animale, qui contredit la théorie évolutionniste-involutionniste des paragraphes 7-8 est également caractéristique de l’hermétisme postérieur au Corpus. Ce qui est décrit dans ces derniers paragraphes pourrait bien dans ce cas être une utilisation métaphorique du langage où l’on souhaiterait donner une vision de l’Âme Universelle dont l’énergie s’individualise dans un être –analogue au macrocosme– composé d’éléments correspondant à différents états de l’être Universel. Cependant il n’est pas fait mention d’autres « règnes » où l’âme pourrait s’incarner, comme le règne minéral, ou mieux, le règne végétal qui, à première vue, est animé. En ce qui concerne le règne animal, il concorde avec ce que dit Porphyre au sujet de Pythagore, dans sa Vie de Pythagore :

    « il affirmait notamment que l’âme était tout d’abord immortelle, puis qu’elle migrait à d’autres espèces d’être vivants,… il assurait aussi que tout ce qui existait de nature animée devait être considéré de même parenté »

    En outre, aussi bien dans l’œuvre de Porphyre que dans celle de Jamblique portant le même titre, se distingue une relation particulière avec les animaux (Jamblique XIII, 60 ; Porphyre 23-25). Quant à sa mémoire de vies antérieures, ces auteurs sont d’accord pour la souligner, et sa croyance était si évidente que Porphyre rapporte qu’il interrogeait les gens à ce sujet. Quant à Platon, nous citerons ici quelques-uns des paragraphes qui ferment le Timée 54 :

    « L’espèce terrestre et bestiale est née de ceux qui ne pratiquaient absolument pas la philosophie ni n’observaient la nature du ciel, parce qu’ils ne faisaient plus usage des révolutions qui se trouvent dans la tête sinon qu’ils se laissaient gouverner par ces parties de l’âme qui résident dans la poitrine. À cause de ces habitudes, ils inclinèrent les membres supérieurs et la tête vers la terre, poussés par leur affinité avec elle, et leurs têtes prirent des formes allongées et multiples, selon la manière dont l’inactivité aura comprimé les révolutions de chacun. Pour cette raison est née la race des quadrupèdes et celle des pieds multiples, lorsque dieu donna plus de points d’appui aux plus insensés, pour les attirer encore davantage vers la terre. Les plus maladroits d’entre eux, ceux qui inclinaient tout leur corps vers la terre, comme ils n’avaient plus aucun besoin de pieds, ils furent engendrés sans pieds et rampant sur le sol. La quatrième espèce, l’aquatique, est née des plus inintelligents et des plus ignorants ; ceux-là que ceux qui transformaient les hommes ne considérèrent pas mêmes dignes de l’air pur, parce qu’ils étaient d’âmes impures à cause du désordre absolu, ils les forcèrent à respirer une eau trouble et profonde au lieu d’un air léger et pur. Ainsi est née la race des poissons, des mollusques et des animaux aquatiques en général, qui reçurent les habitats les plus extrêmes en châtiment de leur extrême ignorance. De cette manière, tous les animaux, alors et à présent, se convertissent en autres et se transforment selon leurs pertes ou leurs acquisitions en intelligence ou en démence. »

    Cela aussi peut être appréhendé littéralement ou de manière métaphorique ou allégorique, comme une image de la dégradation de l’âme qui tombe dans la matérialité à travers différentes espèces animales.

    Plotin, dans ses Ennéades,semble pour sa part croire lui aussi aux réincarnations vers l’animal, d’une façon quasi littérale, dirait-on :

    « quand ils n’ont vécu que par les sens, ils renaissent en animaux ;… et qui assiste au châtiment des âmes qui se réincarnent en bêtes? » (III. 4.2, 15-20 et 6, 15-20).

    Par conséquent, une éventuelle lecture allégorique du Pymandre X, paragraphes 7-8, en ce sens que l’âme de l’homme participe de l’Âme Universelle et qu’en raison de l’analogie macrocosmos-microcosmos, elle connaît, tout comme cette dernière, les mêmes états que l’Univers, puisque toutes deux font partie du même projet (notion que l’on retrouve dans d’autres parties du Corpus), n’est pas non plus évidente, ce qui ne veut pas dire qu’il faille obligatoirement prendre de façon littérale les métamorphoses hiérarchiques descendantes qui y sont décrites. Il est vrai que cette sorte de croyances étaient généralement habituelles dans les milieux néoplatoniciens et néopythagoriciens d’où l’on présume que le Corpus Hermeticum tire son origine.

    Il faut souligner que, aussi bien pour la pensée hermétique que pour les doctrines traditionnelles en général, la transmigration de l’âme est considérée de façon verticale et est toujours associée à sa transmutation lors du processus Alchimique, où elle connaît d’autres états de l’Être Universel. Car la Tradition Hermétique considère toujours l’état et le temps actuels comme la condition à cette transmutation, reflet de l’Éternel Présent, où n’existent ni passé ni futur. Il n’y a pas d’autre alternative que d’assumer dès aujourd’hui ce processus vital et de l’incorporer en secouant les rêves indéfinis, les illusions et les conditionnements, et d’affronter dès à présent l’Initiation, unique et véritable réalisation de l’être humain, totalement étrangère à toute notion ou velléité réincarnationiste.55

NOTES
27
    Plutarque (46-120) : Les Vies Parallèles et Œuvres Morales, qui comprend le D’Isis et d’Osiris. Il écrit dans ce dernier opus : « D’après ce que l’on dit, dans les œuvres intitulées « Livres d’Hermès » au sujet des noms sacrés, l’on y affirme que le pouvoir qui règle la circonvolution du soleil est appelé Horus par les Egyptiens, et désigné par les Grecs par le nom d’Apollon ». Isis et Osiris, 61. Ed. Glosa, Barcelone, 1976, p. 46, pour l’édition espagnole.
28
    Jamblique (Ier siècle), néoplatonicien : « L’ensemble a été complètement exposé par Hermès dans ses livres. » (Jamblique : Les Mystères d’Égypte. Les Belles Lettres, Paris, 1989). « Mais si tu proposes une question philosophique, nous y répondrons pour toi aussi d’après les stèles antiques d’Hermès, que Platon et Pythagore auparavant avaient scrutées pour constituer leur philosophie. » (ibid, I, 1).
29
    H. C. Puech nous parle d’un commentaire sur le Phèdre dont l’auteur est Hermias d’Alexandrie (Ve siècle), où l’on mentionne Hermès Trismégiste (Voir En quête de la Gnose. I La Gnose et le temps, chapitre : "Hermès trois fois incarné". Gallimard, Paris, 1978).
30
    Il est très significatif que la paternité de l’Asclepius soit attribuée à Apulée (114/125 ?-160/170) : De Platon et sa Doctrine, Du Monde, Du Dieu de Socrate, Les Métamorphoses ou l’Âne d’Or ; de fait, il était considéré, d’une part, comme philosophie platonicien, comme le fit saint Augustin, d’autre part comme un initié égyptien d’influences « hermétisantes », et enfin comme un magicien, ou plutôt un théurge, ce dont il fut d’ailleurs accusé et dut se défendre, ce qui donna lieu à son plaidoyer Apologie.
31
    Proclus : Sur le Premier Alcibiade de Platon, tome II, pages 253-254. Les Belles Lettres, Paris, 1986. Texte établi et traduit par Alain-Philippe Segonds, qui rappelle un peu avant dans une note, se référant à Platon (Rep. III, 412), la comparaison de l’âme avec une lyre dont la musique et la gymnastique sont les cordes.
32
    Voir Los Gnósticos. J. Montserrat Torrents (Tome II, pages 38 et 46). Ed. Gredos, Madrid, 1983.
33

    Écrivain latin chrétien (v. 250-325), disciple d’Arnobe. « Trismégiste, en effet, qui investigua –je ne sais de quelle manière– presque toute la vérité, décrivit fréquemment la vertu et la majesté du verbe ». Institutions Divines, IV. 9.3. « Or il s’agit d’un homme, quoique très ancien et si instruit en toutes sortes de doctrines que ses connaissances sur de nombreux sujets et arts déterminèrent qu’on lui donne le nom de Trismégiste. Il écrivit des livres et concrètement nombre d’entre eux au sujet de la connaissance de thèmes divins ;… ». Ibid, I.6.3-4.

    D’après G. R. S. Mead, dans son ouvrage Thrice Greatest Hermes, il y a un autre groupe d’auteurs qui citent Hermès : Justin Martyr (Cohortatio ad Gentiles), Athenagoras (Libellus pro Christianis), Clément d’Alexandrie (Protrepticus), Tertullien (Contra Valentinianos), saint Cyprien (De Idolorum Vanitate), Arnobe (Adversus Nationes), Suidas (Lexicon), Zosime (A Theosebeia), l’Empereur Julien (Les Césars, Contre les Galiléens), Fulgence le Mythographe ; c’est-à-dire chrétiens et non-chrétiens.

34
    Zosime le Panopolitain (IIIe siècle), philosophe, mage et alchimiste. Cite le Cratère et d’autres textes dans son Livre du Compte Final.
35
    Théologien grec, docteur de l’Église (milieu du Ve siècle). Il fut patriarche d’Alexandrie (379-444). Dans son Contra Julianum, I, 30 : « J’estime aussi digne de mémoire l’égyptien Hermès à qui ses contemporains, en signe d’honneur, avaient concédé, dit-on, le titre de trois fois grand et que certains assimilaient au légendaire fils de Jupiter et de Maya. » (Françoise Bonardel, L’Hermétisme, P.U.F., Paris, 1985). Le même auteur nous dit aussi que Cicéron (102-43 a. J.C.), dans son De Natura Deorum (III, 22), dit : « Les Égyptiens l’appellent Thot et c’est sous ce même nom qu’ils désignent le premier mois de l’année ». (Ibid.)
36
    Michel Psellos (1018-1096) mentionne Hermès Trismégiste et ses livres dans son œuvre et attache une attention particulière aux Oracles Chaldéens, dont il fait le commentaire.
37
    Proclus: Théologie platonicienne. Livre I. Les Belles Lettres, Paris, 1968.
38
    D’après Bentley Layton, dans son livre The Gnostic Scriptures (Doubleday & Co., New York, 1987, introduction page XVI), l’un des courants les plus importants de la pensée de Valentin, lui-même étant le plus important théologien de la pensée gnostique, était constitué par les écrits Hermétiques. Voir également A. Orbe S. J., Théologie de Saint Irénée, BAC, Madrid, 1986-88, trois volumes.)
39
    Voir Oracles Chaldaïques, traduction, commentaires et notes par E. des Places. Les Belles Lettres, Paris, 1989. Il existe une version espagnole avec introduction, commentaire et notes par F. García Bazán (Éditions Gredos, Madrid, 1991). L’on peut observer l’analogie de ces textes avec certains écrits des Hermetica dont ils partagent fondamentalement la cosmogonie, bien que ces deux enseignements apparaissent très différenciés en raison du caractère incomplet, mystérieux et oraculaire des textes « chaldéens », mais avec des éléments communs, que l’on retrouve également dans les gnoses, le néoplatonisme, et le christianisme, sans compter d’autres courants orientaux ayant coïncidé –hormis l’Égypte et la Chaldée– à l’époque alexandrine, comme l’hindouisme ou même le bouddhisme.
40
    Édition espagnole avec introduction, traduction et notes de J. L. Calvo et M. D. Sanchez. Editions Gredos. Madrid, 1987.
41
    Dans le livre cité dans la note précédente, une collection de documents des premiers siècles de l’ère chrétienne, Hermès est appelé le « fondateur des dieux » ; l’on parle aussi d’un Hermès souterrain et on le nomme Trismégiste, le Dieu de la pensée élevée (papyrus VII, 29-550) ; l’on parle également du cœur d’Hermès en l’assimilant à « la rosée de tous les dieux » et comme fondateur du langage, et c’est lui que l’on invoque pour des pratiques magiques qui vont de la demande d’illumination ou d’un rêve jusqu’à un sortilège pour attraper un voleur.
42
    Voir René Guénon : « Le Tombeau d’Hermès », traduit en espagnol dans Symbolos nº 17-18, 1999.
43
    Voir Jean Doresse : Histoire des Religions, dirigée pour l’édition espagnole par H.C. Puech : Tome VI, chapitre « L’Hermétisme Égyptianisant ». Siglo XXI, Madrid, 1979.
44
    Alchimie. Titus Burckhardt. Edition espagnole Paidós, Barcelone, 1994, p. 187. [Voir également, d’une autre plume, Hermès Trismégiste: La Table d'Émeraude et sa tradition alchimique. Les Belles Lettres, Paris, 1994, préface de D. Kahn].
45
    Histoire de la Philosophie Islamique, Henry Corbin, édition espagnole Trotta, Madrid, 1994. « Il est impossible de citer ici les titres des œuvres qui figurent dans la tradition hermétique de l’Islam : des traités attribués à Hermès, à ses disciples (Ostanès, Zosime, etc.), des traductions… » « Néanmoins, il est nécessaire de mentionner particulièrement les titres de deux grandes œuvres hermétiques arabes : 1) Le Livre Secret de la Création et de la technique de la Nature (sirr al-khâlika) a été conçu sous le califat de Ma’mûn († 218/833) par un musulman anonyme sous le nom d’Apollonius de Tyane. C’est le traité qui termine la célèbre « Table d’Émeraude », la Tabula Smaragdina (il faut la rapprocher du Livre des Trésors, encyclopédie de sciences naturelles rédigée à la même époque par Job d’Edesse, médecin nestorien de la cour abbasside). 2) Le But du Sage (Ghayât al-Hakîn, attribué erronément à Maslama Majrîtî, † 398/1007). Ce traité contient, outre des informations de grande valeur sur les liturgies astrales des sabéens, tout un enseignement sur la « Nature parfaite », attribuée à Socrate. » « La vision d’Hermès de sa Nature Parfaite est commentée par Sohravardî et, après lui, par toute l’école ishrâqî (infra, VII) jusqu’à Mollâ Sadrâ et les disciples de ses disciples. » « L’on peut suivre la trace de la « Nature Parfaite » sous d’autres noms : c’est elle que recherche le pèlerin des épopées mystiques perses d’Attâr ; nous la retrouvons dans l’école de Najm Kobrâ, désignée en tant que « Témoin du Ciel » ou « guide invisible ». » « C’est sans doute grâce à l’hermétisme que toute une lignée de sages de l’Islam purent prendre conscience de ce « moi céleste », « moi à la deuxième personne », qui représente le but de leur pèlerinage intérieur, c’est-à-dire de leur réalisation personnelle. » (p. 125-126). C’est également ce que l’on pourrait affirmer de ceux qui ont pu atteindre la sagesse intérieure au moyen de la Maçonnerie et de son rite.
46
    Au sujet de Sohravardî, notable métaphysicien islamique, Henry Corbin nous dit dans un autre ouvrage, L’Homme et son Ange : « Trois grands noms loués dans son œuvre comme des prophètes guident l’inspiration de Sohravardî : Hermès, Zoroastre et Platon ».
47
    Pour la cosmogonie égyptienne, voir Lucie Lamy : Mystères Égyptiens (pour l’édition espagnole, Ed. Debate, Madrid, 1989), et Manfred Lurker (An Illustrated Dictionary of The Gods and Symbols of Ancient Egypt (Thames & Hudson, Londres, 1995); et aussi Sacred Science, The King of Pharaonic Theocracy, R. A. Schwaller de Lubicz, Inner Traditions International, New York, 1982; Le Calendrier Égyptien, une Oeuvre d'Éternité, Dr. A. S. von Bomhard, Periplus Publishing, Londres, 1999, préface de Jean Yoyotte; etc.
48
    Dans l’Islam, ces « solitaires » sont directement liés aux âfrad, qui se trouvent sous la protection de El-Khidr. Cette entité, vivante, peut être associée au prophète Élie, qui lui aussi reste en vie (Élie Artiste est l’un des patrons de l’Alchimie), de même qu’Hénoch, emporté au ciel dans un char de feu sans passer par la mort, et qui est à son tour le prophète Idris (= Hermès).
49
    « Oyez, puissants libérateurs ! Concédez-moi, par la compréhension des livres divins et dissipant les ténèbres qui m’entourent, une lumière pure et sainte afin que je puisse comprendre clairement le Dieu incorruptible et aussi l’homme que je suis. » Hymnes, IV, Proclus.
50
    « L’unité générale des doctrines exposées dans les livres hermétiques permet de se référer à une même école. » Hermès Trismégiste, Louis Ménard, Guy Trédaniel, Paris, 1977.
51
    Hermetica, Brian P. Copenhaver, University Press, Cambridge, 1995. Édition espagnole : Corpus Hermeticum et Asclepius, Siruela, Madrid, 1999.
52
    Pierre Mahé, Bibliothèque Copte de Nag Hammadi, 2 tomes, Les Presses de Université Laval, Québec, 1978-1982. Il existe également une traduction anglaise : The Nag Hammadi Library, J.M. Robinson, (Ed.) Harper Collins, New York, 1990. Pour l’édition espagnole, traduite par J. Montserrat Torrens et F. García Bazán : Textos Gnosticos, Biblioteca de Nag Hammadi I, Trotta, Madrid, 1997. La liste complète des textes hermétiques de cette bibliothèque appelée par J. Doresse –que nous suivons sur ce point– de Khenoboskion, comprend plusieurs titres en plus de l’Asclepius 21-29. Voir L’Évangile selon Thomas. Du Rocher, Paris, 1988.
53
    Walter Scott, Hermetica, Shamballa, Boston, 1993.
54
    (Timée 91-92). Dialogues, volume VI, pour l’édition espagnole, Gredos, Madrid, 1992.
55
    Voir sur ce thème : René Guénon, L’Erreur Spirite, chapitre « La Réincarnation », Éditions Traditionnelles, Paris, 1991, et Ananda K. Coomaraswamy, What is Civilization ?, chapitres 6, 7 et 8.