CHAPITRE XIX
QUELQUES SUJETS EN RAPPORT AVEC LES CALENDRIERS

L'écriture     

Nous savons que les nombres et leurs combinaisons possèdent un potentiel magique et que leurs relations, aucunement arbitraires, activent des énergies selon les lois propres à la cosmogonie universelle. Les cultures archaïques ont toujours reconnu l'harmonie des modules numériques, basées sur les cycles et les rythmes et leur constante expression magique. Et il est vrai que l'acte du langage a été pour les primitifs un miracle qui ne peut être qu'unanimement reconnu. La pictographie, l'idéographie et l'écriture (quels que soient les moyens employés pour la fixer) ont aussi été sacrées, et toutes les civilisations ont employé des symboles pour manifester des concepts dont l'exécution représentait de véritables rituels et qui, tout en constituant des hiérophanies, fomentaient la communication et la cohésion groupale. Les Mayas attribuaient l'invention de l'écriture à leur dieu Itzamná, tout comme les Égyptiens l'avaient fait avec Thot.

Les rapports étroits entre la pensée, le verbe, le langage, et entre ces derniers et leurs modes de manifestation graphique, sont pratiquement trop évidentes pour être soulignées, bien qu'il soit nécessaire de préciser que les expressions contemporaines de ces rapports ne sont en aucune façon les plus parfaites, et encore moins les seules que l'homme ait connues. En effet, les alphabets phonétiques, comme nous l'avons déjà indiqué dans cet ouvrage, sont bien plus limités que d'autres formes d'écriture aux multiples associations; les premiers suivent une séquence logique et linéaire de plus en plus figée tandis que les seconds recréent constamment tout un monde d'analogies. Ce qui fait que l'invention alphabétique et phonétique, malgré la validité de ses propositions, soit représentative de périodes d'appauvrissement intellectuel de plus en plus profond et de prééminence des aspects pratiques et matériels face à la richesse des modes d'expression idéographiques, tout comme une simple rédaction commerciale, ou le surréalisme du jargon d'Internet, ou un ensemble d'expériences sans transcendance, de commérages appelés aujourd'hui littérature, sont bien moins qu'un authentique langage hiérologique et une conception intégrée de la réalité cosmogonique.1 Pour cette raison, au cours des investigations concernant les différentes formes d'expression ou d'écriture des peuples archaïques, il faut laisser de côté, dans la mesure du possible, tout ce qui se rapporte à des notions telles que considérer l'art comme un divertissement, attitude clairement moderne et profane, ainsi qu'à toutes celles qui tenteraient de rabaisser –consciemment ou non– la pensée traditionnelle au niveau de questions littéraires ou simplement utilitaires. 

D'autre part, toute expression est symbolique et constitue un langage, qu'il s'agisse de signaux de fumée ou d'un code gestuel fixé pour la compréhension entre différentes tribus ne parlant pas la même langue, comme c'était le cas des Indiens d'Amérique du Nord. Il existe également des moyens plus complexes, comme les peintures et les pictographies –qu'elles soient périssables ou non–, qui constituent des ensembles de plus en plus similaires à ce que l'on considère de nos jours comme une écriture. Cette complexité croissance devient évidente en Amérique chez les diverses sociétés nahuas et atteint son plus haut degré de spécialisation, pour ainsi dire, chez les peuples appelés Mayas. Il ne faut cependant pas dédaigner d'autres modes d'expression de la pensée (et donc du langage) comme les quipús incas, ensembles de fils de diverses couleurs et tailles, noués de différentes manières, véritables instruments de comptage non seulement quantitatif mais aussi qualitatif, en plus d'être des instruments rituels de type mnémotechnique, applicables à la totalité de la réalité universelle et non pas seulement à des fragments partiels de celle-ci.


Pictographies indiennes U.S.A.


Quipús. D'après Guamán Poma de Ayala.

Au sujet de l'écriture des mayas, signalons que celle-ci se retrouve déjà comme un système complet sur des monuments antérieurs au quatrième siècle av. J.-C., bien que l'on reconnaisse certaines variantes postérieures. Quelques auteurs considèrent que cette écriture possède des valeurs phonétiques, ou plus exactement des racines phonétiques, comme cela a été démontré dans le cas de certains hiéroglyphes du centre du Mexique, en particulier toponymiques. Cette idée ne nous semble absolument pas négligeable, vu que, au cours de nos investigations, nous avons rencontré de plus en plus fréquemment des interrelations entre les peuples de Méso-Amérique, qu'ils soient appelés Olmèques, Toltèques, Zapotèques ou Mayas. D'autre part, l'iconographie maya est extrêmement complète et les glyphes clairement identifiés dans cette zone peuvent être plus de huit cents, chiffre que nous citons simplement pour donner une idée de la complexité du sujet. Nous voulons également souligner, comme au chapitre précédent, qu'il y a des années que les numéraux et leurs positions ont été établis, et qu'ils continuent d'apporter la lumière dans les recherches, aussi bien sur l'écriture méso-américaines proprement dite, que sur tous les autres sujets généraux concernant ces cultures. Pour terminer, signalons qu'un important groupe d'auteurs pense être aujourd'hui en train de déchiffrer l'écriture maya, bien qu'il existe également diverses tendances à ce sujet. Il s'agit en tout cas d'un point spécifique des cultures précolombiennes qui joint à un défi passionnant le vaste champ des relations de ces expressions avec d'autres éléments de leurs cosmographies, et ouvre une excellente voie d'accès à l'étude des antiques civilisations américaines.

Les Grandes Ères

Le thème des Grandes Ères a été commun à tous les peuples traditionnels. Ces âges du monde et de l'humanité ont été étudiés et exprimés par les astrologues chaldéens, les philosophes grecs, les sages hindous et chinois, les ésotéristes hébreux, etc., qui ont formulé à ce sujet –de même que les Précolombiens– de complexes élucubrations. Ces 'âges' sont généralement au nombre de quatre ou cinq (selon que le point central du cercle où ils s'alternent est pris ou non en considération spatiale), sont basés sur la période de la précession équinoxiale de vingt-cinq mille neuf cent vingt ans, 26.000 ou 24.000 en arrondissant, et ont pu être observés fondamentalement par relations analogiques. Ils sont généralement bien connus pour leur association avec un élément (feu, air, eau, terre), comme c'est le cas pour l'Amérique antique, ou avec un métal (or, argent, bronze, fer) comme dans la tradition occidentale.

Pour les Précolombiens, ces quatre grands âges possèdent aussi une image spatiale et s'articulent au moyen de directions cardinales alternées. Ils sont également subdivisés de façon quaternaire en d'autres ordres mineurs, ce qui fait que ces grands cycles admettent des sous-cycles, qui se divisent à leur tour jusqu'à parvenir à l'alternance, dans l'année, de groupes de cinq jours qui se réfèrent à une direction spatiale de manière discontinue mais régulière. Nous reviendrons sur ce thème plus abondamment dans le chapitre suivant, dans la section consacrée au tonalámatl.

Mais nous devons auparavant formuler quelques avertissements: le premier est que se sont probablement produites en Amérique d'énormes catastrophes ayant causé la disparition de cultures entières dont il ne reste aujourd'hui plus aucune trace. C'est la raison pour laquelle l'on n'a pas trouvé massivement de restes dont la datation révélerait la grande antiquité. Les déluges auxquels font référence les divers peuples indigènes paraissent en avoir été très proches dans le temps et ne pas être aussi reculés que le déluge biblique –qui, selon la tradition, causa la destruction de l'Atlantide. Il est d'ailleurs encore possible actuellement de constater le degré d'ébullition tellurique de ce continent, exprimé à travers tremblements de terre, inondations, ouragans et constantes éruptions volcaniques.

Un second avertissement est une question de méthode: la science des Précolombiens n'est pas inductive comme l'actuelle; elle est déductive, comme celle de tous les peuples traditionnels. À partir de l'unité découlent toutes les autres structures qui s'établissent suivant un plan invisible et unanime. Cette articulation des parties permet l'action des Principes sur l'ensemble et donc leur application à n'importe quelle forme particulière. Il va de soi que cette action se manifeste, et peut même être expérimentée et vérifiée. Par conséquent, loin de nous imaginer des Indiens sauvages tirant des conclusions rudimentaires –et sûrement fausses– sur la multitude des phénomènes, nous devons penser au contraire à des êtres qui déduisaient ces phénomènes de principes universels leur ayant été révélés par leurs ancêtres mythiques, constituant ainsi leur Science Sacrée.

D'un autre côté, le problème des sciences modernes est que des lois fonctionnant à des niveaux déterminés sont prises comme étant universelles. Avec ces coordonnées particulières, l'on prétend peser et mesurer toutes choses avec l'assistance des statistiques, qui sont devenues indispensables pour légaliser la validité scientifique. Cela survient même avec les manifestations qui, par leur propre nature polyvalente ou supra-quantitative, ne se prêtent évidemment pas au calcul ni à la rigueur de la classification. Les phénomènes sont toujours vus comme étant fixes, définis, constants, invariables. Et les sciences modernes basent leurs calculs sur ces hypothèses sans considérer la possibilité qu'elles soient fausses (la projection géométrique de l'erreur) et que ce que l'on suppose être constant et uniforme dans l'espace et dans le temps pourrait ne pas l'être. De même si nous nous référons aux périodes de temps avec lesquels jouent l'Astronomie ou la Géologie, ou aux concepts physico-chimico-biologiques, ou aux diverses 'spécialisations' actuelles de la science. L'affirmer, c'est être automatiquement mis en marge par les scientifiques et leurs fidèles adeptes universitaires qui n'hésitent pas, le moment venu, à agir comme des agents répresseurs du système culturel où il ont été engendrés.

Revenant à notre sujet et sans nous éloigner de la tradition occidentale appelée classique, nous observons que ces concepts au sujet des Grandes Ères se retrouvent présents chez Hésiode, Platon, Ovide, Virgile, Plotin, etc. Malgré cela, le monde moderne et sa science considèrent ces assertions, absolument réelles pour ceux qui les expriment, comme de simples antiquités ou des fantaisies de type 'mythique' sans la moindre validité actuelle; au contraire, ils ont élaboré une série d'hypothèses certifiées par le rêve de progrès, l'officialisation totalitaire et la mode, toujours actuelle. Certaines disciplines d'aujourd'hui, comme la géologie qui, née tout juste au dix-neuvième siècle et œuvre d'un seul inventeur, Charles Lyell, héritière directe de la pensée mathématique et mécanique de Descartes et en correspondance avec la 'révolution' industrielle, se base complètement sur la notion que la terre est comme un morceau de galette à laquelle se seraient ajoutées des couches successives depuis la plus haute antiquité, sans prendre en considération, invraisemblablement, les constants mouvements, habituels ou extraordinaires, que sont les pulsations de cet être appelé terre, dont elle est censée étudier les phénomènes. Ce qui est appelé stratigraphie, à laquelle beaucoup d'autres disciplines telle que l'archéologie se soumettent superstitieusement sans la moindre hésitation, n'est rien de plus qu'une conception logico-mécanique de la vie et de l'univers. Il est évident que si des couches de terre s'accumulent sur d'autres couches de terre, les premières sont les plus anciennes. Mais de là à prendre cette assertion, valable dans tous les cas, pour profession de foi, cela revient à réduire l'univers à quelque chose d'idéal totalement mort et étranger à nous-mêmes, alors qu'il subit de continuelles transformations. Nous ne disposons ici ni du temps ni de l'espace nécessaires pour nous étendre comme nous devrions sur ce sujet. Mais nous souhaitons néanmoins mettre l'accent sur notre dissidence avec cette forme de percevoir et d'appréhender la réalité, de même que nous le faisons avec la dite 'théorie de l'évolution' (ou ses équivalences 'transformistes') née au même siècle, créatrice de la pensée moderne, qui est reconnue comme l'absolue vérité par les plus diverses branches scientifiques, qui finalement y confluent toujours et d'où découlent leurs postulats. Nous ne pouvons pas non plus aborder dans cet ouvrage le sujet in extenso, comme il le mériterait. Nous voulons seulement souligner, pour qui voudra le comprendre, que celui qui se base sur ces deux postulats, ou théories, appuie sa conception du monde sur des fondements bien fragiles. En effet, cette dernière hypothèse mentionnée suppose que la vie, en un temps indéfini car immensément long, a donné lieu, à travers une série de transformations qui implique une ascension d'espèce en espèce, à l'être humain. Cependant, les cultures traditionnelles soutiennent que les conditions de l'homme se créèrent pas à pas (comme lors des processus initiatiques) pour que ce dernier surgisse tout à coup en entier et que les innombrables espèces prennent avec lui tout leur sens pour couronner l'œuvre de création qui, sans cet être, n'aurait plus aucune signification. Elles affirment également que sa réalité n'est autre qu'une des modalités d'un être Universel qui, lui ayant donné aussi la conscience, en fait une part de sa propre intégrité. Dans le cosmos, tout forme part de cet être gigantesque qui englobe tout, pas moins les eaux, les pierres, les plantes, les animaux, qui sont aussi vivants, que nous-mêmes. Mais l'homme synthétise tout et l'ensemble des choses et des êtres du monde se range à son service. Pour ces traditions, il y a eu d'autres créations –d'innombrables créations en vérité– et différentes humanités et créatures, expressions multiples de ce même Être Universel. Elles ont toutes été générées les unes des autres, ou se sont produites de manière spontanée et ont toujours fini par se développer par elles-mêmes. Elles ont joui d'un printemps et d'un été, et ont subi le crépuscule et la mort pour renaître d'un autre monde. Pour que cela se produise, il faut cependant vivre un temps dans la plus profonde obscurité. De là surgit de nouveau le monde, peut-être en un instant dilaté:

«Comme la brume, comme la nuée et comme un nuage de poussière, fut la création...» (Popol Vuh, chap. I, Livre I).


Codex Fejérváry-Mayer, p.I.

Les contemporains se basant au contraire sur de simples –voire même douteuses– preuves empiriques, supposent un monde hypothétique, exclusivement entériné par la découverte de certains fossiles 'humanoïdes' et une théorie de la progression quantitative qui, appliquée aux espèces, ferait qu'elles se transforment en d'autres espèces, chose qu'il n'a jamais été possible de vérifier, ce qui fait qu'il semble pour le moins paradoxal qu'une science qui prétend à la 'méthode scientifique' se fonde sur la supposition, comme c'est le cas.2 

Pour terminer, précisons que les grandes traditions ont souvent vu la grande année de la terre à la moitié du temps de la précession équinoxiale, calculée sur 24.000 ans, soit 12.000 ans, comme les chaldéens. Avec une plus grande exactitude, les civilisations de Méso-Amérique le calculaient de 13.000 ans, la moitié de la période de précession (26.000 ans), ce qui les rapprochait davantage de la durée réelle de ce cycle, qui est de 25.920 ans. Ces 13.000 ans comportaient, outre la division quaternaire, une partition quinaire, c'est-à-dire des sous-périodes de 2.600 ans. Ces grands cycles, en connexion avec ceux des astres et des étoiles, permettaient d'établir leurs calendriers, dont nous traiterons dans le prochain chapitre.3 
  

Le Quadrillage

Si le quaternaire et son expression géométrique symbolique, le carré, sont présent comme une marque distinctive dans toute manifestation, la somme de ces manifestations, êtres, phénomènes et choses constituerait le cosmos tout entier, et il est donc naturel qu'il puisse être représenté sur le plan par le quadrillage, comme un maillage ou un filet qui attrape et unit les éléments dispersés au moyen d'un entrecroisement de points –en corrélation avec le symbolisme des nœuds et de l'entrelacement– ce qui maintient la cohésion et l'ordre de la structure. Cette figure est sacrée par le simple fait que toute possibilité s'y inscrit, car elle constitue la chaîne et la trame du tissage de toutes choses, leur 'règle universelle'. Par conséquent, la représentation même de ce fait prodigieux, le quadrillage, non seulement doit posséder le même pouvoir magique que celui qui est attribué à la Création, sinon que, la symbolisant, elle exprime elle aussi les même lois, le même jeu de possibilités numériques et géométriques, de tensions et d'équivalences qu'elle soutient; car elle manifeste à sa manière la même logique interne et constitue une structure identique –produit symétrique de la multiplication–, ce qui construit un tout harmonique. Le quadrillage est donc un instrument de Connaissance et de travail, et un moyen d'appréhender –comme prises au filet– les lois cosmiques qui s'y reproduisent, car dans ce quadrillage –visible ou invisible, tangible ou intangible– les formes se manifestent. Toutes les traditions ont connu cette représentation graphique de la multiplication et de l'entrecroisement continu de la verticale et de l'horizontale –toujours réunies en un point– et les formes et lois dérivant de cette reproduction proposée par le plan réticulaire (le pantographe est l'instrument adéquat pour effectuer n'importe quelle projection, tout comme le 'réticule' est un instrument fondamental en astronomie). Nous ne réitérerons pas les exemples concernant le quaternaire, qui nous sont offerts à de multiples perspectives par les antiques civilisations américaines,4  car nous avons examiné le sujet de façon suffisante au cours de ce travail. Nous nous permettrons cependant de faire une brève incursion en la matière comme un exercice illustratif de certains concepts ou modes de travail, en particulier en ce qui concerne certain type de relations numériques; nous voulons tout spécialement souligner que cette sorte de spéculations ont, pour la mentalité archaïque, un aspect surprenant. Et aussi que les 'coïncidences' et les analogies qui se produisent se chargent de contenu magique.

L'unité est un quadrillage (fig. 1) qui s'étend postérieurement dans les quatre directions de l'espace (fig. 2), limitant un premier cadre dont le quadrillage original est le centre (fig. 3). 


fig. 1

fig. 2

fig. 3
Dans la première figure, nous l'avons dit, la valeur de l'unité est donnée: un quadrillage qui en expansion forme une croix (fig. 2) qui, ajoutée à son centre, est un quinaire (1 + 4 = 5; 4 + 1 = 5), lequel génère un autre carré dans lequel il est contenu (fig. 3), c'est-à-dire qu'il crée un plan limité –provoqué par l'unité et son irradiation– dans lequel cette irradiation peut être réabsorbée, revenant à sa source primitive pour de nouveau se projeter suivant un processus dual: add-extra, ad-intra, systole-diastole, dans lequel la contraction, c'est-à-dire la limite de l'indéfini, marque aussi bien le retour au point d'origine qu'elle constitue le plan quaternaire où se produit ce phénomène (fig. 4 et 5).5 


fig. 4

fig. 5

Le nombre de quadrillages de ce premier plan archétypal pouvant contenir l'unité et son irradiation est, comme l'on peut l'observer, de neuf, ce qui est égal à l'unité et son expansion quaternaire (1 + 4 = 5) dans toutes les possibilités de l'espace (5 + 4 = 9), nombre qui a par ailleurs été assimilé à la circonférence et au cycle. En effet, le périmètre de la circonférence est de trois cent soixante degrés, c'est-à-dire quatre angles droits de quatre-vingt-dix degrés, ce qui rend équivalentes –comme nous l'avons déjà précisé– les figures du cercle et du carré (également constitué de quatre angles droits) en ceci qu'elles symbolisent toutes deux un champ limité –et donc ordonné– comme un cycle défini, deux images spatio-temporelles du cosmos.

En maya, le nombre neuf se dit bolon et veut dire chose complète ou cycle; également dans le terme bolon ts'akabil, éternité, selon le dictionnaire Cordemex,6 ou encore, neuf générations, dans une autre de ses formes. Il désigne le neuvième –ce qui nomme implicitement la dizaine– et une ordonnance fermée, par exemple dans bolon he (il y a dix jours) ou dans bolon neh (dans dix jours), ce qui indique une circularité numérique et un espace temporel défini.7 Dans la tradition arithmétique et géométrique pythagoricienne, le chiffre neuf est celui de la circonférence qui, s'ajoutant au point central ou à l'axe à partir duquel il a pris forme, nous donne la dizaine –c'est-à-dire une totalité– exprimée par la figure géométrique du cercle dans son entier. Le nombre neuf est intimement lié, comme nous l'avons vu, aux trois cent soixante degrés qui divisent la circonférence en quatre parties égales, à savoir, en quatre angles droits de quatre-vingt-dix degrés, à présent assimilés aux quatre gammas que comprend la croix, ou les quatre angles qui ferment le carré, selon que l'on envisage ces deux représentations sur un plan de neuf réticules, comme centrifuge ou ad extra, ou centripète ou ad intra, respectivement (fig. 6 et 7). 


fig. 6

fig. 7

Les dits 'carrés magiques' construits à partir du quadrillage de base étaient non seulement connus des civilisations antiques de la Méditerranée, Assyriens, Chaldéens, Babyloniens, Égyptiens, par leurs investigations astrologiques et cosmologiques, mais ils ont été également en vigueur au Moyen Âge et à la Renaissance européenne –et subsistent jusqu'à nos jours en Occident– tout comme, dans une autre de leurs innombrables formes d'usage, dans le Nepohuatzintzin, petite calculatrice nahua, au quadrillage obtenu par l'entrecroisement de fils verticaux et horizontaux (au nombre de vingt), instrument très simple grâce auquel peuvent être effectués les plus complexes calculs mathématiques; il n'est pas sans rappeler le boulier, encore utilisé par les financiers islamiques du pétrole. Sa magie réside dans les proportions harmoniques et les relations que les nombres, incarnations des énergies qu'ils symbolisent, peuvent établir au moyen de la connaissance de leurs propriétés, c'est-à-dire des principes universels qu'ils représentent, mettant de l'ordre dans le chaos de l'informe, l'indifférencié, l'illusoire, inefficace et inexistant.
8  D'après M. Granet, ces 'carrés' –et en particulier celui de neuf cases qui nous occupe– ont constitué la totalité de l'organisation –y compris la sociale– de la Tradition extrême-orientale, tel qu'il en est fait référence dans les œuvres qui ont consacré la civilisation et la pensée chinoises. Neuf étaient les provinces de l'Empire qui s'étendait aux quatre points cardinaux et à leurs quatre points intermédiaires, et le centre était la place réservée à l'Empereur –à qui était attribué le chiffre cinq, nombre de cette région et aussi base de leur numérologie ainsi que le total de la ronde de leurs éléments 'matériels'–9, en tant que récepteur des effluves verticaux que recevait ce centre, cœur de l'empire et dont il était l'incarnation comme fils et héritier du ciel, par l'intermédiaire duquel les énergies divines pouvaient s'exprimer symboliquement et effectivement dans le monde.10 


fig. 8

Ce qui précède est le carré magique le plus simple (celui des soixante-quatre cases de l'échiquier en serait un autre) et nous n'avons pas voulu omettre sa reproduction en raison de la quantité de relations spéculatives qu'il peut provoquer. La somme de ses chiffres, dans le sens vertical, horizontal ou diagonal donne quinze, et les déductions et transpositions qui peuvent être effectuées avec sont nombreuses, comme l'atteste la nombreuse bibliographie sur ce sujet. Dans la tradition islamique, ces carrés sont appelés uifq et le judaïsme les considère comme de puissants talismans cosmiques.

L'on sait que le chiffre neuf est considéré irréductible, car tous ses multiples et sous-multiples y reviennent toujours ( 9 x 5 = 45 = 4 + 5 = 9; 9 x 8 = 72 = 7 + 2 = 9; etc.) et il était pour cela apprécié comme étant un nombre parfait et cyclique, un module complet équivalent à la forme circulaire ou sphérique –ainsi qu'à sa correspondance quadrangulaire–, une image du cosmos et de la totalité.

Qu'on nous permette à présent de nous exprimer au moyen d'une autre illustration simple. Traçons la première croix viable dans le quadrillage puis encadrons-la d'une autre plus grande, c'est-à-dire la seconde croix du réseau.


fig. 9

Nous observerons alors que non seulement la première croix, la croix intérieure, possède cinq carreaux et que la seconde, l'extérieure, –comme irradiation de la croix originale– en possède vingt,
11  sinon que nous nous trouvons face à un motif symbolique pyramidal qui, sous cette forme ou dans d'autres variantes dérivées– comme la grecque dite échelonnée ou grecque à croche, etc.– se retrouve sur toute l'étendue de l'Amérique, sculpté dans la pierre, peint sur céramique, imprimé sur des sceaux, formant bordures de tissages et vannerie, etc., à un point tel que, tout en étant présent dans d'autres civilisations, il peut sûrement être considéré comme un prototype américain.12 
  

La Lune

Parmi les astres, la lune serait peut-être le plus clair signal du ciel par son contraste avec l'obscurité de la nuit, et sa période quaternaire au cours du mois (nouvelle lune, montante, pleine et décroissante) est encore plus notoire que celle du soleil dans l'année et occupant une position intermédiaire par rapport à son parcours quotidien. D'autre part, le lien de la lune avec les formes vitales est évidente: saison des pluies, influences sur la pêche, sur la menstruation des femelles et sur toute génération, comme par exemple sur la fécondation et la croissance de certaines plantes et animaux, ce qui peut être associé avec les récoltes et les plantations de végétaux. Tandis que le cycle solaire et sa division en équinoxes et solstices, surtout ces derniers, étroitement liés à la saison des pluies et de sécheresse –régime commun à toute la Méso-Amérique– doit davantage être envisagé en regard de l'année agricole, donc de la culture des champs et plus spécifiquement du maïs dont l'engrangement permit la création de structures culturelles de plus en plus complexes qui culminèrent avec les grandes civilisations de la zone; bien que ce procédé d'emmagasiner le grain, qui garantissait la disponibilité des aliments sans les angoisses de la récolte et institua le contrôle ordonné des recours, est commun à toutes les grandes civilisations.


Calendrier lunaire aztèque, selon F. J. Clavijero.

Il est donc logique que les calendriers lunaires aient précédé les solaires, ces derniers indiquant un régime sédentaire et beaucoup plus solidifié, ce qui débouche, par un processus cyclique, sur la construction en pierre de grands centres et de cités, et sur une connaissance régulière et de plus en plus fixe et précise des grandes lois cosmiques, que les peuples nomades perçoivent de manière intuitive et directe.13 Il est cependant nécessaire d'observer que ces deux systèmes, régis par des calendriers différents, coexistent néanmoins et sont en interrelation au sein des sociétés qui les utilisent, constituant un calendrier soli-lunaire, comme cela se passe en fait et s'est passé tout au long de l'histoire.14 La lune accomplit ses transformations en vingt-huit jours, en quatre phases de sept jours chacune. Ce nombre multiplié par treize, qui est le nombre de fois que la lune complète sa période annuelle, nous donne le total de 364 jours pour une année lunaire.15 

Mais ce qui est intéressant dans ce calcul, c'est que 364 = 7 x 52, à savoir que 52 semaines de 7 jours équivalent à cette année lunaire de 13 mois, et cela prend une importance toute particulière lorsque l'on sait qu'aussi bien le nombre 13 que le 52 (et aussi le 4, puisque 52 = 13 x 4) sont des nombres clefs dans la conception cosmogonique indigène, manifestée dans leurs calendriers. Cette hypothèse a été soutenue par Ernest Förstemann au sujet des calendriers mayas, et par H. Beyer en ce qui concerne les mexicains, ce dernier affirmant:

«De même que le 'mois' de 20 jours se divisa par la suite en quatre parties (4 x 5 = 20), le mois primaire aurait également été divisé par les sages antiques en quatre parties de sept jours chacune (4 x 7 = 28). Et comme on le sait, ils attribuaient les quartiers de xiuhtlalpilli, la période de 52 ans, et ceux du tonalámatl, la période de 260 jours, aux quatre directions cosmiques, de même que les quatre semaines du mois lunaire se seraient ordonnées selon les points cardinaux.» (H. Beyer, op. cit. p. 297).16   

Dans les pages précédentes, nous avons souligné à de nombreuses reprises l'importance du chiffre quatre et du cinq dans les cultures précolombiennes, ainsi que celle du neuf, ce dernier étant fondamentalement cyclique ou circulaire, associé à la répétition et au mouvement. Nous souhaitons à présent mettre l'accent sur le sept qui, sans être un chiffre qui apparaisse comme fondamental ou soit souvent mentionné, se trouve lié à deux grands mythes solennels, s'étant par conséquent produits en un temps primordial ou antérieur. Nous faisons référence à l'origine des Aztèques et des Incas d'après certaines traditions. Les premiers, nés de sept cavernes, commencent leurs pérégrinations par le monde. Les seconds surgissent d'une grotte et commencent à déambuler: ce sont le chef Manco Capac et ses sept frères et sœurs, dont Mama Ocllo, assimilée à la lune –lui-même étant associé au soleil– qu'il épousa. Nous ne cherchons pas à prouver quoi que ce soit en signalant ces analogies, mais nous croyons que la marque explicite d'un symbolisme numérique dans le contexte d'un mythe est une clef symbolique, un module, exprimé à la façon propre aux cultures antiques.17 D'autre part, le conquistador Coronado attire l'attention sur une tribu, celle des Cibolanos, dont la distribution ne laisse pas d'être surprenante. Cette tribu était constituée de sept noyaux, qui vivaient dans sept villages ('les sept cités de Cibola'), le principal étant appelé 'Le Milieu' et les autres, respectivement, 'Nord', 'Sud', 'Est', 'Ouest', 'Haut' et 'Bas'. Les prêtres, chefs et fonctionnaires indigènes des six villages périphériques résidaient dans 'Le Milieu', tous formaient une confédération permanente, ou heptarchie. Le Chilam Balam de Chumayel nous dit aussi que:

«Ah Uruk Cheknal ('Celui qui sept fois fertilise le maïs') fut placé (pour présider) sur tout le monde

et aussi que ce dieu vient des 'sept seins de la terre'. Les Cakchiquels avaient leur royaume organisé en sept tribus ou provinces.

Il existe sept paradis; le firmament repose sur quatre colonnes,»

Disent les Guaranis. Fray Francisco Nuñez, évêque de Chiapas au dix-septième siècle, signale dans son ouvrage Constituciones Diocesanas del Obispado de Chiapas, numéro 32, XXVIII:

«Dans beaucoup de peuples des provinces de cet évêché ils ont peint dans leurs Répertoires, ou Calendriers, sept petits Nègres pour faire leurs divinations et pronostics correspondant aux sept planètes.»

Il est très important de souligner que le nombre 52 est commun à la lune et aux Pléiades: 52 semaines pour l'année, 52 ans pour la culmination des Pléiades. Pour terminer, voyons maintenant une 'curiosité' sur le plan du quadrillage (fig. 10).


fig. 10

L'on pourra remarquer que le périmètre de cette figure compte 52 carreaux, treize par côté; elle se compose en outre de 7 croix superposées, et de 7 carreaux en diagonale: ce sont aussi des chiffres importants, nous l'avons dit, pour le calcul méso-américain. Mais le plus 'curieux' de cette figure est que le total des carreaux qui la composent est de 364, plus le carreau central, ce qui nous donne 365, la durée exacte de l'année solaire. L'on pourrait également la voir comme la somme de 360 carreaux plus les cinq de la croix du milieu. Plusieurs autres rapports peuvent être établis dans ce diagramme et avec le quadrillage en général –appliqués dans ce cas aux calendriers, comme nous l'avons indiqué auparavant. Nous invitons le lecteur à prendre part à ce type d'investigations, qu'il pourra suivre dans le chapitre suivant.
 

NOTES
1 Nous ajouterons que, pour certains, le roman actuel constitue une littérature infantile pour adultes.
2 Nous venons de lire, dans la revue Cambio 16 du 24-X-88, un dossier spécial sur 'Rire en Espagne' où il est dit: « Beaucoup l'ignorent, mais le plus illustre plaisantin français a été le théologien et anthropologue Theilhard de Chardin. D'après de récentes recherches, ce fut lui qui, pour jouer un tour à son collègue, l'archéologue Charles Dawson, plaça les os d'une mandibule âgée de quelques millénaires au crâne préhistorique que Dawson avait découvert lors de ses excavations. Cela conduisit à l'élaboration d'une fameuse et fausse théorie au sujet du chaînon manquant, la théorie de 'L'Homme de Piltdown', que Teilhard ne parvint jamais à démontrer, pour la plus grande honte scientifique.» Pour d'autres dénonciations de scandales de ce genre, voir Gaston Georgel, dans la bibliographie.
3 Nous désirons seulement souligner un point: le Popol Vuh et la légende aztèque des soleils semblent parler d'une progression des créations qui débouchent finalement sur la création du maïs et de l'homme, c'est-à-dire une évolution, tandis que les traditions non américaines –qui concordent d'ailleurs avec elle dans tout ce qui est essentiel– relatent clairement une 'involution' exprimée symboliquement par les métaux qui les représentent: or, argent, cuivre, fer, et la durée temporelle de ces périodes.
4 Quetzalcóatl, avant de se transformer en oiseau, passe quatre jours dans l'enfer du nord, à l'instar des guerriers après leur mort, avant de se transformer en colibris. Les années de deuil étaient aussi au nombre de quatre, car l'on considérait que l'âme s'en allait durant ce temps, les chefs jeûnaient quatre jours avant la guerre et les grandes cérémonies, et les femmes mortes en couches montaient au ciel des guerriers dans ce même laps de temps. Au nombre de quatre également étaient les jours durant lesquels les dieux firent pénitence avant la création du monde à Teotihuacán. Le quatre est le chiffre qui divise symboliquement tout cycle. Il est particulièrement intéressant de souligner que, pour les Peaux-Rouges d'Amérique du Nord, les quatre vertus cardinales sont: la valeur, la patience, la générosité et la sagesse. Tous les mythes de création indo-américains comportent la notion de quaternaire sacré. Les exemples sont innombrables.
5 Chac, dieu maya de la pluie et donc déité descendante, se dédoublait en quatre dieux, acquérait quatre formes, comme nous l'avons vu dans Itzam Ná. Nous avons aussi mentionné que, dans le mythe de la fondation de Cuzco, le couple ancestral de Manco Capac et Mama Ocllo, descendants directs du soleil, incarnations de l'énergie divine, est apte à l'irradier vers les quatre directions du monde dans le réseau de leur empire. Teotihuacán –peut-être la cité la plus magnifique de l'Amérique précolombienne– orientée aux quatre chemins du monde, possédait un plan basé sur le quadrillage, ou système de réseau, où les espaces et les structures, les pyramides, temples, terre-pleins et tous les édifices et espaces vides étaient parfaitement et harmonieusement distribués en modules sur une base numérique commune, qui répondaient à des 'proportions' cosmogoniques, à l'équilibre de l'économie divine, comme cela est amplement démontré. Sur le plan, le quadrangle divisé par une diagonale fait place à deux triangles inversés, unis par la base. De même dans le volumétrique, un octaèdre se compose de deux pyramides analogues et inversées.
6 Diccionario Maya Cordemex, dirigé par Alfredo Barrera Vásquez, Mérida, Yucatán, 1980.
7 Le lecteur n'ignore pas que les nombres 9, 4 et 13 (13 = 9 + 4) sont sacrés pour ces peuples et étroitement liés à leurs calendriers. De nos jours encore, ils sont fondamentaux pour leurs cérémonies magico-religieuses.
8 Voir aussi David Esparza Hidalgo, Cómputo Azteca, Ed. Diana, Mexico 1975, et Alejandro Jaén, Las Pirámides, números de piedra, Liga Maya Internacional, San José, 1996.
9 Les codes numériques décimaux et vicésimaux sont en parfaite correspondance puisqu'ils se basent tous deux sur le chiffre cinq, que celui-ci se multiplie par deux, par trois ou par quatre. Les Chinois ont utilisé depuis des siècles le système décimal tout comme le vicésimal, considérant leur base commune, le chiffre cinq.
10 Marcel Granet, La Pensée Chinoise, Albin Michel, Paris 1980.
11 La troisième croix extérieure est composée de 36 carreaux et la quatrième de 52, rien de moins.
12 H. Beyer a attiré l'attention sur ce point important dans El Origen, desarollo y significado de la greca escalonada, dans Mito y Simbolismo del Mexico Antiguo, Sociedad Alemana Mexicanista, 1965. A. Posnasky a lui aussi insisté sur ce symbole comme étant un signe distinctif du pré-colombien, attribuant aux échelons la signification de terre et à la spirale celle de ciel. (Actas del XXVII Congreso de Americanistas, Puntos de Contacto Lingüistico y Dogmatico en las Américas, Mexico, 1939).
13 Aujourd'hui encore, les K'ekchi, de la Alta Verapaz au Guatemala, se régissent sur un calendrier agricole lunaire de 364 jours divisés en 52 semaines sur 13 lunaisons annuelles; ce ne sont d'ailleurs pas le seul peuple américain qui le fasse.
14 Les dates des fêtes mobiles de l'Église Catholique, aussi importantes que Pâques, se comptent à partir du premier dimanche suivant la première pleine lune après l'équinoxe de printemps: d'autres fêtes sont cependant solaires, comme c'est évident lors des deux solstices.
15 L'antiquité a toujours réalisé ses calculs en se basant sur des chiffres 'ronds' et entiers, puisqu'elle concevait ces nombres comme les expressions symboliques de l'harmonie universelle, modèles prototypes. Le mois synodique exact de la lune est de 29 jours, 12 heures, 44 minutes et 28 secondes. De même pour les treize mois, puisqu'il arrive qu'une année ne comporte que douze lunes. En ce qui concerne la précession des équinoxes également, dont le cycle exact est de 25.920 ans, mais qui a été unanimement considéré de 26.000. Vénus n'accomplit pas son trajet en 584 jours, comme le considéraient les anciens, sinon en 583,92 jours. 
16 Curieusement, la 'légende des soleils' nous parle d'énigmatiques 364 'ans' (364 = 13 x 18), qui fut la durée du second soleil (Codex Chimalpopoca, UNAM, Mexico, 1975, p.119). Au revers du Codex de Paris (ou Peresiano), l'on peut aussi voir les années divisées en 364 jours. Le livre Chilam Balam de Ixil contient des tables de rapports entre la lune et le zodiaque, parmi d'autres roues calendaires. L'on sait que, aussi bien le Codex de Dresde que les diverses stèles et hiéroglyphes contiennent des tableaux des éclipses lunaires.
17 Dans le Chilam Balam de Chumayel, dans le livre appelé 'des esprits', le chiffre sept est mentionné à plusieurs reprises, apparemment en relation avec les astres et la lune: 'Les sept mesures de la nuit'. Pachamama et Ixmucané, déesses aymara et maya de la fécondation, associées à la lune et à la terre, ont chacune sept enfants. Le sept est aussi le chiffre de la fécondité chez les Mayas Quichés ainsi que celui des Pléiades.