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Tout comme l’on peut dire que l’existence du désordre est nécessaire pour que se crée un ordre, un cadre, l’on pourrait affirmer que l’instauration de ces limites est ce qui peut nous conduire à la pensée de l’illimité. La société contemporaine est donc le cadre, la limitation, où peuvent se voir des événements d’un autre ordre qui ont existé et existeront à jamais. L’homme contemporain a cru que grâce au simple expédient qui consiste à fermer les yeux et nier ce qui a été unanimement appelé Connaissance et Réalité, par toutes les civilisations traditionnelles et par tous les sages dignes d’être considérés comme tels, la Connaissance et la Réalité n’existent pas. C’est là exactement ce qui est arrivé avec l’Esprit qui, puisqu’on le nie, est estimé insignifiant et ainsi se réduit pratiquement à rien ; cependant, du point de vue hermétique, le moindre est le plus puissant. L’Esprit, tout juste virtuel dans chaque homme, est la plus forte énergie et l’unique qui aie réellement le pouvoir de transmuter. C’est vers cette transmutation que se dirige tout le travail hermétique et cette œuvre ne peut se réaliser si ce n’est dans le milieu où nous sommes placés, avec la "matière" que nous avons entre les mains. Comme l’on sait, cette "transformation de la matière" n’est rien d’autre que notre propre transformation, dans le milieu où nous avons été appelés à vivre et duquel nous ne sommes pas indépendants, qui englobe aussi bien l’Europe que l’Amérique, car dans chaque segment du cycle existe la possibilité latente de la libération. C’est en voyant ce que nous sommes vraiment, et non en supposant ou imaginant ce que nous voudrions être, que nous allons pouvoir réaliser notre tâche. Ce milieu est aussi dans ce sens un reflet de nous-mêmes dans lequel nous pouvons voir sans cesse notre propre image ; nous ne sommes pas étrangers à lui sinon, au contraire, semblables puisque la vie étant un ensemble de relations en mouvement, nous sommes étroitement liés à la société actuelle, vu que nous sommes nés en son sein, ce par quoi notre relation est mutuelle, tout comme ce qu’il se passe entre le microcosme et le macrocosme. La différence établie par le fait que notre vie individuelle se soit produite dans la matrice, dans le moule de la société contemporaine n’est pas essentielle, mais juste secondaire, entre nous et un homme né sous le signe de n’importe quelle autre société, soit dans un milieu différent, et à une autre époque, sous d’autres étoiles. Le cosmos tout entier est un ensemble immense de relations harmoniques en mouvement et la terre constitue une part de cet ensemble. Il est reconnu que l’harmonie s’obtient au travers de la dysharmonie, puisque ce premier concept ne pourrait exister sans le second. Ainsi donc les apparentes dysharmonies partielles ne sont que l’expression dans un monde, un plan ou un ordre, de ce qu’est l’harmonie de l’ensemble. De même l’histoire des civilisations et les différentes étapes qu’elles ont traversées sont également le reflet de ce qu’il leur est inhérent ; il est important de faire ressortir dans ce sens que l’homme actuel se visualise comme historique. Il ne peut en fait imaginer son existence sans l’histoire : les détails anecdotiques de sa personnalité se prolongeant sur le ruban de la succession temporelle constituent ce qu’il appelle son être, ce avec quoi il s’identifie. Il ressent la même chose au sujet du corps social qu’il doit doter d’une histoire, ou d’un credo, pour qu’il soit "effectif", "réel". En revanche, pour les civilisations traditionnelles ou les cultures archaïques, c’est-à-dire pour celles qui vivaient la Connaissance et qui nous l’ont léguée comme l’expression suprême de leur propre essence, –par-dessus toute chose ou détails– l’histoire était secondaire. A vivre l’Éternel Présent, les deux faces de la succession –passé et futur– s’annulaient totalement. Sans l’illusoire anxiété de venir de quelque part et d’aller autre part, ces cultures étaient, tout simplement; elles réalisaient en soi ce pour quoi elles avaient été conçues, leur modèle social répondant ainsi à leur structure interne, en intime relation avec le cosmos. Chacun des individus formant part de cet ordre, étaient aussi inclus dans l’inspiration même de cet ordre, sa raison d’être. Ainsi le schéma social n’était ni arbitraire ni fortuit, et l’appareil culturel, leur Tradition, n’était pas une simple somme de conventions quelconques. Mais ceux-ci symbolisaient d’autres réalités qui se manifestaient par leur intermédiaire afin d’établir un encadrement adéquat pour expérimenter différents niveaux de connaissance et pour concrétiser diverses manières d’existence ; pour cette raison l’on déclare que les origines de toute culture sont sacrées. Il est inutile de souligner que cette phrase ne se réfère en rien à la conception du sacré que possède en général l’homme contemporain. Ce dernier n’est pas pour autant entièrement responsable, ni coupable, de ses propres conceptions. Héritier d’une Tradition dégénérée, habitant d’une ville profane qui a perdu toute la mémoire des choses, devant s’identifier à elle pour pouvoir subsister, il est inévitable qu’il porte au front le sceau de l’ignorance –et donc de la souffrance. Et il est intéressant de remarquer que celui qui porte cette marque indélébile, par laquelle il est constamment et en toute occasion conditionné, n’est autre que chacun de nous, s’exprimant en termes de conception de type historique –et même géographique. Nous apprenons à manger, à marcher, à parler. Nous apprenons à symboliser et à avoir de la mémoire. Et cependant nous oublions que, chez l’homme ordinaire, absolument tout est appris. Nous tenons toutes ces choses pour naturelles. Et, comme tout le monde fait de même, d’un côté nous assistons au spectacle de la plus inconcevable confusion de langues et d’incommunicabilité ; de l’autre à l’explosion de la violence sous toutes ses formes et manifestations, dérivant directement de ces préjugés, de ces valorisations que nous jugeons opportunes ou inopportunes, de l’accord de personnes, d’idées, de choses que nous acceptons sans discussion, nous identifiant à elles pour ainsi les faire "nôtres". Il n’est donc pas étonnant que, dans une société comme celle qui nous est échue, les concepts soit clairement dénaturés au point de sembler inversés par rapport à une civilisation authentique ou à une culture "primitive", ce qui revient à dire par rapport à la Connaissance et la Sagesse. Les images liées au sacré qui s’associent inévitablement à la religion ne pouvaient subir d’autre destin. Cette puérile conception est apparentée à quiconque s’arroge la possession d’une déité ou d’une autre. La Vérité est une, et c’est seulement dans ses strates les plus basses qu’elle se divise pour donner place dans notre ordre au fait de la multiplicité institutionnelle. Comme il est évident, la Vérité n’a en soi rien à voir avec aucune institution, D’un autre côté, les différentes églises, pseudo-églises et sectes d’aujourd’hui –qui seront de plus en plus nombreuses, comme on peut le voir– n’ont pas de point de vue, de vision différente de la société où elles sont insérées (beaucoup d’entre elles en sont le produit), et modifient plutôt leur optique –qui avait à l’origine un environnement sacré– afin de survivre dans le milieu actuel. C’en est arrivé à de tels extrêmes qu’il est difficile de les distinguer de certaines fraternités ou associations de secours mutuels d’une part, de sociétés commerciales se partageant l’utilité de plusieurs bilans d’autre part, et dernièrement, de simples bandes de brigands. L’institution visible porte en elle le germe de sa propre décadence et de l’humanité à laquelle elle appartient. Quand les temples et les cultures sont achevés de construire, de se solidifier, à cet instant commence leur lente dégradation. Telle est la loi du cycle ; lorsque s’est enfin pu constituer la culture ou la cité, –créée par ses constructeurs– lorsque finalement l’immense effort de quelques-uns a donné lieu à une codification, à un ordre, approprié à la manifestation de la vie humaine, cet ordre commence à décliner. Son époque la plus brillante correspond à l’apogée de son fonctionnement. Mais ce "fonctionnement" même est la cause de sa "chute". L’organisation vivante se convertit en un modèle mécanique. Avec le temps, les hommes éloignés de leurs origines prendront littéralement le modèle mécanique pour la "réalité". Ou, pour s’exprimer autrement, ils confondront leurs propres conceptions culturelles avec la vie même. Le fait est particulièrement douloureux lorsque ces conceptions ont vu leur vérité s’amoindrir en vertu de l’usure inhérente à tout cycle. C’est dans ce sens que l’on dit que, dans le cycle solaire, le soleil est lui-même le protagoniste et la victime de son rituel symbolique quotidien. En effet, enfermé dans sa propre prison, il ne peut outrepasser les limites de l’aurore, midi, crépuscule et minuit, soit de sa "chute". Il ne peut non plus transcender celles que lui imposent solstices et équinoxes. Au cours de cette danse rituelle, parvenu à l’été et à midi dans son ascension, il ne peut que descendre vers l’automne et le crépuscule. Si nous tenons compte du fait que le cycle solaire se lève à l’Orient et se couche à l’Occident, et que ce point cardinal correspond à l’automne, symbole de l’affaiblissement que vit la nature en cette période, et au crépuscule, ce moment du cycle quotidien où la nuit tombe et se génèrent les ombres qui rendent la vision plus difficile, nous pouvons en déduire quelques choses intéressantes. Et non seulement celles qui sont en rapport avec l’actuel milieu social, qui se définit lui-même comme occidental, mais aussi avec le fait que ce cycle même que nous vivons est précédé d’un autre –dans lequel la société et l’être humain individualisé peuvent avoir été différents– et qu’un autre doit le suivre, c’est-à-dire une autre humanité ; nous ignorons pratiquement tout de l’un comme de l’autre. Mais ce que nous ne pouvons nous permettre, c’est de ne rien savoir au sujet des circonstances qui nous sont données de vivre. Nous devons les connaître parce qu’elles sont les formes, les symboles, les manifestations de la vie dont elles sont parties intégrantes. Si nous ne connaissons pas notre milieu et n’en sommes pas les participants à un degré plus ou moins grand, nous ne pourrons en sortir. Et alors il ne nous restera qu’à tenter une fuite imaginaire, ce que par ailleurs nous avons coutume de faire chaque jour. Au contraire, la première tâche de l’aspirant à la Connaissance est d’affronter le monde qui lui est échu. C’est-à-dire le voir et l’entendre, bien que nous soyons dans la phase finale du Kali-Yuga. Afin de pouvoir atteindre cet objectif, il est paradoxalement nécessaire de nous écarter du monde, car étant mêlés à son avenir et en ayant extrait toutes les valeurs constituant notre être, il nous faut nous arrêter et l’observer sans passion. C’est bien évidemment un travail très ardu, puisque notre propre programmation –avec laquelle il ne nous viendrait jamais à l’idée de cesser de nous identifier–, n’est rien d’autre qu’un sentiment adopté et caressé par le milieu même que nous essayons d’observer. En effet, en nous disant que nos conceptions sont extraites de l’environnement, l’on ne nous dit pas que le fait ne concerne que l’intellect, sinon la totalité de l’être humain ; les croyances les plus chères, les convictions les plus enracinées, les sentiments les plus purs, soit l’identité de l’homme ordinaire, qui est une alternative de ce que lui offre le système socio-culturel en vigueur dans un temps cyclique et cosmique déterminé. Ses différents rôles seront joués en fonction de cela. Il va de soi, donc, que ce que nous entendons par Culture ne sont pas les "arts" et les "lettres" régnant dans une période donnée, ni ce que nous concevons par Tradition est représenté par les us et coutumes d’un temps historique. Ce n’est pas même le catalogage des détails de ces différents peuples. Une Culture est la conception intériorisée d’une façon d’être cohérente, qu’expérimentent tous ceux qui s’y intègrent. C’est un organisme vivant qui, pour se manifester, a pris une structure déterminée le rendant apte à l’interaction de ses différents composants, dont les canaux communiquent dans le but de satisfaire toutes leurs nécessités. Cette forme particulière de voir l’organisation, culturelle ou sociale, prend un intérêt spécial dès que l’on songe que toutes les cités ou civilisations ont, comme nous l’avons déjà souligné, une Origine Mythique, ce qui revient à dire sacrée. Dans un milieu de cette nature, la Tradition en soi n’est que l’image du Monde Archétypal, Intemporel qui s’exprime cycliquement sur le ruban du temps. Et l’attention est fortement attirée par le fait que tous les instruments culturels où s’exprime sa fonction civilisatrice, c’est-à-dire l’Œuvre de ses dieux, demi-dieux, sages ou héros, sont attribués unanimement à des révélations supra-cosmiques, donc surhumaines. Il n’est pas non plus correct de supposer qu’existent plusieurs cosmos. Le cosmos est un seul, comme se charge de fort bien de l’expliquer Platon dans Timeo. La succession de mondes ou de cycles de taille ou de durée indéfinies est le sens conceptuel donné au mot Cosmos. Le cycle de l’électron vivant, le cycle atomique inséré dans le cycle moléculaire, le moléculaire naviguant dans le cellulaire, le cellulaire présent dans le cycle humain, l’humain se déplaçant dans le cycle de la nature, le cycle de la nature coexistant avec celui de la Terre, celui de la Terre dépendant totalement du cycle solaire, le cycle solaire circonscrit à l’ordre de son centre galactique, le centre de la galaxie déterminé par un autre centre galactique, et ainsi successivement, indéfiniment, est constitué le concept de Cosmos. Rien n’est possible au-dehors, puisqu’il ne peut rien exister d’extérieur au Cosmos. Est exclue toute possibilité, de n’importe quel type, puisque le Cosmos est un et l’idée d’une pluralité de Cosmos ou de différentes métaphysiques, est une pure contradiction envers ce que signifient les concepts de Cosmos et de Science Sacrée. Le Cosmos n’est pas la somme de ses parties, tout comme la Tradition n’est pas l’ensemble de coutumes, morales et orthodoxies d’un temps donné, puisque leur Origine est au-delà de toute époque ou détermination. Ainsi donc, lorsque l’on nous dit que quelque chose est supra-cosmique, ou constitue la Tradition, nous devons comprendre que l’on traite d’un concept qui se trouve au-delà de la compréhension ordinaire de l’homme. De quelque chose d’invisible que ne peuvent appréhender les sens de l’homme moyen. De quelque chose qui est cependant si authentique et si réel que l’on peut dire qu’il s’agit de la vie même. Ce niveau de perception (pour lui donner un nom) est intimement lié à la connaissance directe d’autres modalités du temps et de l’espace commun. Car cet homme se trouve emprisonné entre les murs de son propre cosmos. C’est-à-dire de tout ce qu’il a été capable de concevoir, puisqu’il n’y a rien hors du cosmos de notre conscience. Ces conceptions se transmettent dans l’organisme humain –aller et retour– au travers des conduits du système nerveux, analogues à ceux qui révèlent la civilisation, les rues, voies de communication d’une ville. Il est facile de comprendre que cette dernière n’est pas la somme de ses habitants, des briques formant maisons, non plus que de quelque accident géographique ou particulier, bien que tout ceci en soit partie intégrante. Mais que la Culture transmise par la Tradition –il n’y a pas de Tradition sans Culture ni de Culture sans Tradition– est fondamentalement un concept, une idée, un espace autre, pour le définir ainsi. L’image se fait plus claire si l’on prend une part constitutive du modèle de la cité ou bien une tradition particulière. Le temple ou la maison-foyer est une réplique à l’échelle du modèle social et de la révélation qui l’a engendré. Autant la ville, que le temple ou la maison-foyer, sont des espaces construits, significatifs par rapport à l’aridité de l’espace amorphe et désertique qui les entoure. Ces espaces significatifs, ces héritages traditionnels, furent créés à partir de matières préexistantes, indivises, invisibles et chaotiques –au plus haut degré de cette dernière acception–, comme il est dit dans toutes les genèses ; l’œuvre de la création est réalisée par le Démiurge et ses aides. Aussi bien dans la cité que dans le cosmos, le créateur (ou les créateurs) sont toujours présents mais n’en forment pas partie. Toute construction est le produit d’une idée primitive, d’une conception intelligente se développant à partir d’un centre, d’une synthèse conceptuelle, par intuition directe. Et, de la même façon que nous ne sommes pas notre cœur ou nos poumons, ni notre foie ou nos pieds et mains sinon que les relations du tout constituent un organisme vivant, les diverses relations révélées conforment la Tradition, le Cosmos, et leurs cycles. Cependant, cette limitation imposée par le cosmos même, duquel nous dépendons en tout pour vivre, duquel nous sommes les enfants, donc faits à son image et ressemblance, peut être transcendée par son propre milieu et celui de la Tradition qu’il a faite sienne. En effet, les "vibrations" du créateur sont toujours présentes dans son œuvre bien que de façon immanente.13 Autrement dit, occultées sous la forme de l’idée ou de l’intelligence créatrice. Cette idée ou intelligence est d’un autre ordre que la construction matérielle à laquelle elle donne lieu. Elle est "antérieure", en temps successif, à la construction manifestée mais coexiste parfaitement avec. De cette autre dimension du temps linéaire, l’on peut dire qu’elle est au-delà de celui-ci ; qu’elle le transcende et lui donne son sens véritable. Cela se passe ainsi avec le monde, car l’idée que nous en avons est relativisée par les parts qui le constituent ; mais de même que tout espace, par exemple une chambre, n’est pas la somme de ses constituants14 sinon qu’il réalise une idée "antérieure" que la chambre ou l’espace symbolisent et qui y est implicite, ainsi la Tradition ne peut être assujettie à des normes... Ce qu’il s’agit de dire en définitive, c’est qu’autant le cosmos que la culture sont limités. Et que c’est cette limitation qui marque notre conditionnement. Ce sont par ailleurs ces mêmes structures qui nous permettent d’en sortir et c’est là exactement ce pour quoi elles ont été conçues ; tel est le cas de la Tradition, car tout comme le mouvement cosmique nous donne une idée de l’immobilité, ainsi la limite est ce qui nous donne l’idée de l’illimité. La Culture devient alors une absence n’ayant rien à voir avec l’information ou l’histoire, quelque chose qui n’est pas la statistique de l’acte culturel mais plutôt sa négation.15 Il se passe quelque chose d’analogue avec l’émanation cosmique. L’intérêt n’est pas telle ou telle autre part du cosmos ou son énergie, mais vérifier que cette réalité est inexistante comme telle, au-delà de ses propres limites. Le symbole en est la pierre qui couronne l’œuvre constructive et qui est aussi l’origine et l’issue du cosmos, ce qui établit un contact avec "d’autres mondes", c’est-à-dire d’autres relations spatio-temporelles qui ne se perçoivent, à l’instar de toute chose, que dans l’intériorité de la conscience. Tout ceci est strictement en rapport avec ce qu’est la Tradition, Unanime et Pérenne, toujours présente et verticale, aussi valable aujourd’hui qu’elle l’a toujours été et le sera pour tout autre manvântara, ou toute autre humanité, puisqu’elle est Éternelle et simultanée, symbolisée par le Pôle comme porte d’entrée et de sortie vers le supracosmique, origine et fin de toute manifestation, à l’encontre de la vision perpétuellement historique et sociale de ceux que leurs limitations traditionalistes ne laissent qu’imaginer des sociétés et des églises idéales, aussi confuses dans leur vague imagination que les projections de leurs aspirations frustrées. |
NOTES | |
13 |
Ces vibrations harmoniques relient en permanence l’immanence
et la transcendance divines, tout comme le microcosme et le macrocosme
sont une même chose dans l’Éternel Présent,
en raison de quoi l’être humain peut accéder à
l’Être universel en tout segment du temps chronologique, ce
qui revient à incarner la Tradition Primordiale. |
14 |
La résistance des murs aux impacts, la capacité
en mètres carrés ou mètres cubes, le poids des matériaux
de construction, le sujet de l’acoustique, etc., ou toute autre
“mesure”, qui pourraient remplir des rapports entiers, d’innombrables
codes qui ne nous diraient rien de cette chambre en soi et avec lesquels
nous ne pourrions pas la connaître. |
15 |
L’histoire a son importance, mais pas autant
lorsqu’il s’agit de ce qui est intemporel, ce qu’a parfaitement
compris Mircea Eliade. Une autre des erreurs historicistes occidentales
est l’assimilation pure et simple de la Tradition, polaire et toujours
actuelle, aux religions du Livre au détriment de toutes ses autres
expressions historico-sociales, et surtout en regard de sa manifestation
au-delà de tout cadre espace-temps. |