CHAPITRE X
AUTRES COURANTS, PENSÉES ET ŒUVRES
 

AVALOKA. A Journal of Traditional Religion and Culture, 249 Maynard N. W., Grand Rapids, MI 49504, U.S.A.

L’éloignement qui existe entre l’ésotérisme anglais et l’ésotérisme français est proverbial, comme celui qui les sépare tous deux de l’allemand et qui a affecté, en général, les diverses langues européennes durant ces derniers siècles ­ce qui n’était pas arrivé au Moyen Âge et à la Renaissance­ au point que de nombreux ouvrages d’auteurs français ne sont pas connus en anglais et vice versa. Il y a eu, évidemment, bien des raisons, historiques ou autres, pour que se donne cet état de fait, parmi lesquelles il faut souligner l’abandon du latin comme langue culte et « franche » qui fut, durant des siècles, le langage de transmission des secrets et des vérités de la Philosophie et de la Cosmogonie Pérenne. Cette situation a perduré jusqu’à nos jours, et ce n’est qu’assez récemment que s’est établi un courant de flux d’énergies entre les différents pays d’Occident (et principalement entre ce dernier et l’Orient), par le biais de traductions, publications, conférences, et autres, de divers auteurs, inspirés par l’ésotérisme de tous temps et initiés dans différentes formes traditionnelles vivantes et authentiques. La revue américaine AVALOKA s’inscrit dans cette perspective de diffusion du message et des enseignements traditionnels, à un fort bon niveau, aussi bien en ce qui concerne ses propres collaborateurs que les traductions de Guénon ou de Burckhardt jusqu’alors inédites en anglais, ou encore les articles de Coomaraswamy et autres auteurs ne se trouvant pas encore regroupés en volumes. Les remises d’AVALOKA offrent ­le volume V est paru­ un matériel de grande valeur ; l’on peut remarquer parmi les collaborations celles du directeur lui-même, Arthur Versluis, ainsi que celles de James Cowan, Eido Shimano, Robert Aitken, Masao Abe, David Fideler ou autres, étant toutes de haut niveau et faisant preuve d’une grande érudition. Dans les prochains numéros, nous reviendrons sur cette revue qui sort aux solstices, et se publie aux États-Unis, en anglais.

AVALOKA. Année 1992. Réimpression de textes d’auteurs traditionnels. Livres et Informations.

Dans les grandes lignes, le directeur Arthur Versluis regroupe dans ce numéro des travaux qui traitent d’une voie de réalisation de type religieux, concrètement le christianisme, et signe un écho sur la Chevalerie. Remarquons également l’artcile de Hugh Urban sur l’imaginaire, chapeauté par une citation de William Blake.


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LA PLACE ROYAL: Histoire, Culture & Tradition. Mensuel, No. 27. Adresse: La Reynerie 47230, LAVARDAC, FRANCE. Sommaire: Editorial; Luc-Olivier d’Algange: Critique Du Regne De Demos; Hervé Boitel: Le Portugal Reviste; Philippe Barthelet: De la Superstition; Jean-Pierre Hausermann: Nouvelles D’Alsace; Henry Montaigu: Journal de Galére; Frédéric Luz: La Gazette De Cyrano.

Dans le numéro 28-29 de juin-juillet 1992, se trouve une information sur le numéro 3 de SYMBOLOS que signe le directeur de la publication, Monsieur Frédéric Luz, qui n’hésite pas à qualifier notre revue « d’excellente ». Nous sommes reconnaissants de cet adjectif car nous considérons très important ­à plus d’un titre­ le travail de cette entité nommée « La Place Royal », que préside Monsieur Henry Montaigu et dont des collaborateurs de valeur constituent le corps, malgré notre éloignement de toute « politique ». Nous y reviendrons.

Nº 31 de septembre-octobre 1992. Dans notre précédent numéro, nous examinions ce media que dirige Frédéric Luz en étroite collaboration avec Henry Montaigu dont les chroniques, notes, poèmes (et aussi gravures, croyons-nous) occupaient une grande part de la revue. Dans le nº 31, Monsieur Luz nous annonce le décès de Monsieur Montaigu, qui laisse cependant une œuvre derrière lui. Nous présentons à LA PLACE ROYAL nos plus sincères condoléances pour la douloureuse perte de son collaborateur.

Nº 32. Janvier-février-mars 1994. Nouvelle adresse: B.P. 88, 81603 GAILLAC. Cedex. France. Nous nous réjouissons de la réapparition de cette revue qui, depuis la mort de son fondateur, Monsieur Henry Montaigu, il y a un an et demi, reprend la bataille sur le champ culturel et littéraire ésotérique, ainsi que sur l’œuvre de René Guénon. Elle est à présent dirigée par Frédéric Luz, son ancien rédacteur en chef, et ce numéro 32 porte en toute logique sur l’œuvre et les idées d’Henry Montaigu. Rien que cela constitue une étude intéressante, car le point de vue du directeur disparu, qui comprend une critique de la vaste littérature française et de l’histoire du pays et de ses institutions, ainsi que de la culture en général, est la raison d’être de cette revue qui porte déjà un titre significatif. Il s’agit d’un lieu, d’un espace analogue à la cité céleste (Christianopolis, par exemple), dont la projection devrait être la cité des hommes. Mais ce n’est pas là une utopie comme l’on pourrait le croire, selon le sens donné aujourd’hui à ce terme. Il s’agit au contraire d’un espace, une ville, un archétypique château d’images, un véritable règne, et la preuve en est que la structure de cette entité n’a pas disparu avec la mort physique de celui qui l’a conçue dans l’imaginaire, sinon qu’elle se projette encore dans notre milieu, et demeure vive et polémique, comme en témoigne un article de Frédéric Luz qui donne quelques détails sur la conduite intellectuelle et les manigances du « théologien » Jean Borella dans la revue Connaissance des Religions, qui s’ajoute à d’autres critiques sur cet écrivain. Y ont également collaboré Luc-Oliver d'Algange, Philippe Barthelet, Hervé Boitel, Christophe Levalois, Philippe de Saint Robert y Eric Vatré.


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DEUX GROUPES ÉSOTÉRIQUES CHRÉTIENS

Nos lecteurs pourront connaître, au travers de leurs publications, deux groupes ésotériques chrétiens ­et qui se reconnaissent comme tels­ sans aucun rapport l’un avec l’autre, pour autant que nous sachions, à l’exception, bien sûr, de leur concordance dans l’ésotérisme chrétien. Voici leurs dernières publications :

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LA PLACE ROYAL Nº 37: "LA GNOSE CHRETIENNE". B. P. 88 - 81603 GAILLAC cedex. FRANCE. Octobre 1996. Dirigée par Frédéric Luz. 176 pages. Il faut souligner l’excellente présentation, rénovée, de ce media qui a entamé une nouvelle étape.

Editorial: Frédéric Luz; Notes sur la Gnose chrétienne: Luc-Olivier d'Algange; Les gnosimaques: extrait du Dictionnaire de Théologie de M. l'Abbé Bergier, 1829; Gnose chrétienne et gnose anti-chrétienne: Prof. Jean Borella; Jean et Marie: Mr. Ollier (1608-1657); Les Clefs de la Gnose: Jérôme Rousse-Lacordaire o. p.; Sermon sur la résignation intérieure: Jean Tauler; L'Homme intérieur ou la nostalgie du Haut-Pays: Luc-Olivier d'Algange; Le Gnostique de saint Clément d'Alexandrie, de Fénelon; Mise au point sur la confrérie du Paraclet: De la fraternité del Chevaliers du Divin Paraclet (Statuts du xvi siècle), Réformation de la Règle des Chevaliers du Paraclet du Maistre Jean de Thionville, 1668; La confrérie de l'Ordre du Très Saint Paraclet et de la Mère de Dieu; L'Eternité s'éveille, préface à "Opéra doré" de Henry Montaigu: Luc-Olivier d'Algange; Opéra Doré, Oratorio sur la fin des temps: Henry Montaigu.

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SOL NEGRO (Soleil Noir) Revista de principios y fines. Apartado 171 de Alhama de Murcia, España. Directeur : Emilio Saura.

Nº 3. 1996. Paraît tous les quatre mois. Sommaire : Editorial. Buzón del lector. Guía de Perplejos: Consideraciones sobre el qué, el por qué y el para qué de la enfermedad, M. J. Martínez Albarracín; Homeopatía y filosofía, J. Antonio Antón Pacheco; ¿Tú o usted?, I. Garrido; La bóveda celeste, un mito que perdura, J. López Monje. Comentarios de nuestro tiempo: Rebuscando en la historia, E. Ruiz Castillo; Red de redes, J. Sevilla García; Sobre el éxito de "El mundo de Sofía", A. Martínez Belchí. Archetypica: Simbología; Aspectos qabalísticos de Éxodo 3,1-14, Emilio Saura; Notas sobre el Yi-king, Janus; Notas astrológicas sobre el Concilio Vaticano II, Janus. Literatura, música y artes: Poemas, F. Martínes Albarracín, J. R. Barat; Hombre que mira el mar, J. V. Sánchez; Consideraciones líricas sobre nuestro Siglo de Oro, J. R. Barat; Doce coplillas de intenso amor, J. Cánovas Martínez. Biblioteca del Sol Negro.

Nº 4. 1996. Sommaire : Editorial. Buzón del lector. Guía de Perplejos: La mujer como persona en los Evangelios, M. Moreno Villa; ¿Todo es uno?, F. Martínez Albarracín. Comentarios de nuestro tiempo: Nuevas perspectivas sobre el fenómeno "ovni", E. Saura; Comentarios de Marta; Y los sueños sueños son, M. Garrido; Astrología y Libertad, A. Martínez Belchí. Archetypica: Simbolismo de la Cruz; Notas qabalisticas, Emilio Saura; Geografía Sagrada, Janus. Literatura, música y artes: El silencio de Dios, P. Ballesta; En el cementerio de Bruckner, J. P. Sánchez. Psicología y formas de vida: Lejos del mundanal, José Fuentes Blanc; A propósito de "violencia y ternura" de Rof Carballo, E. Ruiz Castillo. Biblioteca del Sol Negro.

Textes brefs et précis, fruits d’un travail de synthèse. Porte sur des sujets divers, plus ou moins bons, mais tendant tous vers la connaissance, exprimée de manière fraîche et franche.

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LA PLACE ROYAL. Mas de Combes, 81120 SIEURAC, France. Fondée en 1982 par Henry Montaigu. Directeur depuis 1991 : Frédéric Luz. Nº 38. Noël 1998. 60 pages.

Un bel article de Luc Olivier d’Algange, sur Ernst Jünger, ouvre ce numéro dans lequel le directeur, Frédéric Luz, annonce avec son épouse son entrée dans l’Église Orthodoxe (Patriarcat de Kiev) où il a reçu les ordres et communique que LA PLACE ROYAL sera une revue de plus en plus chrétienne. Ce numéro comporte également un article intéressant, de Dominique Devie, sur l’œuvre de Guénon sur Internet, où il parle de notre revue. Et toujours, les contributions centrales de Henry Montaigu.


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RENE DAUMAL Y LA "ENSEÑANZA" DE GURDJIEFF: Emilio Saura.

A signaler, cette remise d’Émilio Saura (voir dans les numéros 3 et 4 de SYMBOLOS, 1992, son « Approche de la Signature Astrale de la Philosophie »), professeur de philosophie à Murcia (Espagne), sur René Daumal, personnage phare de l’ésotérisme du XXe siècle, en relations non seulement avec Gurdjieff, mais aussi avec notre guide intellectuel, René Guénon, surtout en ce qui concerne l’intérêt de l’auteur de La Montagne Analogue pour la métaphysique hindoue.


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PAIDOS. Nous remercions la maison d’édition Editorial Paidós pour les livres remis à notre rédaction, qui appartiennent tous à sa collection « Paidós Orientalia ».

Comme son nom l’indique, cette collection est consacrée presque exclusivement à la pensée orientale, quoique suivant une ligne quelque peu hétérogène, car les titres et les auteurs publiés ne reflètent pas toujours fidèlement cette pensée dans ce qu’elle possède de métaphysique et de traditionnel. Cependant, les textes et les études sont en général de bonne qualité, certains pouvant être considérés comme de véritables « classiques » pour leurs rééditions successives dans plusieurs langues, et ayant été par conséquent lus par plusieurs vagues de lecteurs intéressés par la Philosophie Pérenne. C’est là le cas de Bouddha et l’évangile du bouddhisme de A. K. Coomasraswamy, Patânjali et le yoga de M. Eliade, Méthodologie de l’histoire des religions de M. Eliade et J. M. Kitagawa, 150 contes sûfis de Yalal Al Din-Rumi, et L’hindouisme de L. Renou. Remarquons surtout, parmi les exemplaires que nous avons reçus, Alchimie asiatique de M. Eliade, Dictionnaire des religions, de M. Eliade et I. P. Couliano, et Le chemin du zen de E. Herrigel.

DICTIONNAIRE DES RELIGIONS. Cet ouvrage, commencé par Eliade et achevé par I. P. Couliano, son élève et collaborateur, est une révision générale des principales religions, englobant les divers aspects mythiques, symboliques, rituels et anthropologiques des différentes ethnies et des époques se rapportant à chacune d’entre elles. Malgré son approche dans une perspective universitaire et sa terminologie particulière, qui suit la méthode historique, il s’agit d’un livre de grand intérêt pour l’historien des religions et des traditions en général.

ALCHIMIE ASIATIQUE . L’auteur expose, sous forme résumée, les principales caractéristiques de l’alchimie orientale (chinoise et hindoue) à l’exception de l’arabe, qui prolonge l’alchimie alexandrine d’origine hermétique, c’est-à-dire égyptienne et grecque, qu’Eliade avait déjà développée dans son livre Forgerons et alchimistes. « L’alchimie, signale l’auteur, a été et est encore une technique spirituelle au moyen de laquelle l’homme assimile les vertus normatives de la vie et s’acharne à gagner l’immortalité. »

LE CHEMIN DU ZEN. Cet ouvrage est le fruit de la propre expérience de l’auteur, qui a su pénétrer et assimiler la réalité essentielle de cette voie traditionnelle de connaissance, née de la synthèse du taoïsme et du bouddhisme mahayana. C’est un livre très instructif, écrit dans un langage accessible à l’homme occidental, mais qui approfondit les différentes méthodes et techniques utilisées dans les écoles zen en les illustrant par des exemples, et incitant le lecteur à les pratiquer presque sans s’en rendre compte.

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COSMOLOGIE ET ALCHIMIE BABYLONIENNES. Mircea Eliade. Paidós Iberica. Barcelone. 1993. 116 pages. ALCHIMIE ASIATIQUE. Idem. 1992. 113 pages.

Dans la collection Orientalia ont paru ces deux petits volumes qui, avec Forgerons et Alchimistes (Alianza Ed. Barcelone. 1986. 208 pages) et autres, expriment ce qu’est l’Alchimie en tant que science et art hermétique pour ce grand spécialiste de l’histoire des Religions, ainsi que ses correspondances avec la quasi totalité des Traditions connues. En effet, « L’histoire de l’alchimie européenne (et alexandrine, iranienne, arabe, médiévale) débute avec les influences qu’exerça probablement l’alchimie babylonienne en Égypte. » (Alchimie Asiatique, préface). Et il poursuit : « Pour replacer correctement l’alchimie dans son contexte original, il ne faut pas perdre de vue ce qui suit : dans toutes les cultures où l’alchimie fait acte de présence, elle apparaît toujours intimement liée à une tradition ésotérique ou « mystique » : en Chine, au taoïsme ; en Inde, au yoga et au tantrisme ; dans l’Égypte hellénistique, à la gnose ; dans les pays islamiques, aux écoles mystiques de l’hermétisme et de l’ésotérisme ; en Occident au Moyen Âge et à la Renaissance, à l’hermétisme, au mysticisme chrétien et à la kabbale. Au bout du compte, tous les alchimistes déclarent que leur art est une technique ésotérique, poursuivant des buts semblables ou comparables à ceux des grandes traditions ésotériques et « mystiques ». » (page 79).

Un fait curieux est que ce livre soit paru en roumain en 1935 et que l’auteur ait été si clair sur le sujet qu’il allait développer par la suite, toujours en petits volumes en raison de problèmes d’édition.

Dans la préface de Cosmologie et Alchimie Babyloniennes, Eliade déclare qu’il se propose de : « Démontrer ­comme je l’ai moi-même tenté dans LAlchimie asiatique­ que les alchimies indienne et chinoise n’étaient ni des sciences empiriques ni pré-chimiques, sinon des techniques mystiques, soteriologiques , ne signifie pas faire preuve d’érudition, sinon appliquer une méthode qui, bien qu’elle ne soit pas révolutionnaire dans l’étude des cultures orientales, peut s’avérer énormément fertile dans la philosophie de la culture. Le caractère « révolutionnaire » de notre interprétation nous a obligé, il est vrai, à offrir un abondant appareil critique, justement pour prouver jusqu’à la satiété la validité de nos affirmations. » (page 10). Puis commence la première partie de son traité, avec le programme suivant : 1. Cosmos et Magie, 2. Méthodes, 3. Homologie, 4. Le Temple, 5. Cité Sacrée - Centre du Monde, 6. L’Axe du Monde - l’Arbre de la Vie, 7. Correspondances.

C’est-à-dire que la Cosmogonie et ses lois se placent pleinement comme les fondations des Sciences et des arts en général, et de l’Alchimie en particulier. La raison se trouve sans aucun doute dans les lois de l’analogie qui établissent des correspondances entre divers ordres de la réalité et qui rendent les métaux assimilables aux astres, comme la terre au ciel, bien que leurs polarités se trouvent inversées : « Tout ce qui est connu, tout ce qui est concret, participe à cette loi magique de la correspondance. Le cosmos apparaît divisé en régions gouvernées par les dieux, dirigées par les planètes. Entre une zone céleste déterminée et la planète qui la domine ou le dieu qui la représente, il existe des relations magiques, de « correspondance » et « d’influence ». Tout ce qui arrive dans une zone céleste sera également présent, d’une façon ou d’une autre, dans la vie qui, sur terre, se trouve sous son « influence ». Évidemment, ces influences ne s’exercent pas toujours de manière directe. Il y a d’innombrables relations, d’innombrables niveaux entre la terre et le ciel. Ce n’est qu’en son centre, et seulement dans certaines conditions, que la terre peut être directement reliée au ciel. » (page 40). Ces lignes passionnantes se complètent de plusieurs autres, prolongeant la pensée de l’auteur ; ainsi, dans Forgerons et Alchimistes, nous lisons que : « Collaborer avec la Nature, l’aider à produire dans un tempo de plus en plus accéléré, modifier les modalités de la matière : dans tout cela nous croyons avoir découvert l’une des sources de l’idéologie alchimique. » (page 10). Et ailleurs : « L’alchimiste, comme le forgeron, et le potier avant eux, est un « seigneur du feu », puisque c’est au moyen du feu que s’opère le passage d’une substance à une autre. Le premier potier qui parvint, grâce aux braises, à faire durcir considérablement les « formes » qu’il avait données à l’argile dut ressentir l’ivresse du démiurge : il venait de découvrir un agent de transmutation. Ce que la chaleur « naturelle » ­celle du soleil ou du ventre de la terre­ faisait mûrir lentement, le feu le faisait dans un tempo insoupçonné. » (page 71). Et tout cela était possible, pour les alchimistes du passé, grâce à ce que : « ...les plantes, les pierres et les métaux, de même que les corps des hommes, leur biologie et leur vie psychomentale, n’étaient rien d’autre que divers instants d’un même processus cosmique. Il était donc possible de passer d’un état à un autre, de transmuer une forme en une autre. » (page 123).

Nous avons essayé de souligner quelques-unes des idées de M. Eliade, mais ces trois ouvrages en contiennent bien davantage, qu’il s’agisse de documentation ou de soteriologie, toujours unies au but spirituel par l’intermédiaire des sciences de la Nature.

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PAIDOS (1999) : Les titres que nous avons reçu de cet éditeur sont les suivants :

HISTORIA DE LAS CREENCIAS Y DE LAS IDEAS RELIGIOSAS (3 vol.). Mircea Eliade. I: De la Edad de Piedra a los Misterios de Eleusis, 663 p. II: De Gautama Buda al triunfo del Cristianismo, 678 p. III: De Mahoma a la era de las reformas, 456 p. Ed. Paidós Ibérica, col. Orientalia, Barcelone. 1999.

Cette œuvre en trois tomes de plus de 1.500 pages, avec des index onomastiques et analytiques, s’avère indispensable pour qui s’intéresse à l’Histoire des Religions, ou simplement à l’Histoire de la Culture, outre les investigateurs en thèmes ésotériques. C’est un véritable héritage de Mircea Eliade qui, né en Roumanie en 1907, a travaillé inlassablement sur ces sujets, jusqu’à sa mort survenue en 1986, alors qu’il était professeur à l’Université de Chicago. Son œuvre immense, qui est aujourd’hui pratiquement incontournable, a été plusieurs fois remarquée par SYMBOLOS et se trouve présente dans les apports de ses rédacteurs.

EL REY Y EL CADAVER. Cuentos, mitos y leyendas sobre la recuperación de la integridad humana. Ed. Paidós Ibérica, col. Orientalia, Barcelone 1999. 351 pages

Compilation de Joseph Campbell, l’un des plus grands auteurs d’Amérique du Nord se consacrant aux mythes et à la « philosophia perennis ».

SOBRE ADIVINACION Y SINCRONICIDAD. La psicología de las casualidades significativas. Marie-Louise von Franz. Ed. Paidós Ibérica, col. Jungiana. Barcelone 1999. 184 pages.

Un livre court, mais clair et précis sur le sujet, composé de cinq conférences données par l’auteur, à Zurich. Marie-Louise von Franz peut être considérée comme l’une des plus éminentes disciples de Carl G. Jung, et cet ouvrage représente un petit classique sur tout ce qui concerne les différents oracles ; depuis les chinois jusqu’aux grecs, en passant par les mayas-quichés. Elle marie la vertu de l’érudition à une simplicité de style qui rend son œuvre accessible à un vaste public.


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THE ONLY TRADITION. William W. Quinn Jr. Suny: State University of New York Press, Albany 1997. 384 pages

L’auteur, élève de Mircea Eliade à l’Université de Chicago, fut chargé par son professeur de l’étude des œuvres de René Guénon et de A. K. Coomaraswamy. Quinn definit un panorama appréciable au sujet de ces deux grands auteurs, tout en incluant la Théosophie et Madame Blavatsky dans une grande partie de son étude. Cela lui valut les critiques des « schuonniens », malgré son insistance à déclarer que F. Schuon a recueilli le flambeau de ces deux auteurs, objets de son étude, et de le proclamer « autorité » en la matière. Il critique aussi en particulier Antoine Faivre et « l’historicisme » du courant qu’il conduit, bien qu’il se dise comme lui élève de Mircea Eliade.


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ORIENTE Y OCCIDENTE. Luis Racionero. Ed. Anagrama, Barcelone, 1993. 220 pages

Le titre de cet ouvrage est particulièrement significatif pour nous, puisque c’est celui d’une œuvre homonyme de René Guénon, ayant paru en 1924 ; le sujet est cependant tout aussi actuel, et la conclusion de Racionero est en somme la même que celle de Guénon : il existe une suprématie intellectuelle (entre le monde de l’Orient et l’homme occidental et son milieu culturel).

Cet ouvrage offre un panorama des idées et de la culture contemporaines par rapport aux valeurs pérennes généralement propres aux civilisations orientales, et qui se trouvent aux racines de toute culture, à commencer par celle que nous avons héritée des grecs, des alexandrins, des romains, des hébreux, des arabes, etc., c’est-à-dire dans notre héritage occidental, constituant la trame la plus profonde de l’être humain.

La capacité d’expliquer des concepts ardus pour l’esprit qui n’y est pas encore entraîné, d’une façon simple et claire, recherchant l’exemple facile, parfois évident, pour exprimer des pensées philosophiques, comme souvent l’ont fait les sages, particulièrement dans le Taoïsme, est le premier message de ce livre où le privilège de la lucidité se joint à la clarté de l’exposé ­même si l’on n’y adhère pas totalement­, et même si l’on n’est pas d’accord avec toutes les assertions de Luis Racionero et que l’on ne parvienne donc pas aux mêmes conclusions.

Il nous faut souligner l’optique ample et universelle des observations et du discours, échantillons d’un style d’analyse qui, sans tomber dans la futurologie, ouvre de nouvelles perspectives au point de vue de l’individu et du groupe, et offre la possibilité de réveiller des images et des concepts plutôt malmenés par le mauvais usage que l’on en fait.

Mais en même temps, nous nous demandons si cet exposé de la pensée orientale est encore valable pour les peuples qui lui ont donné naissance, et l’on pourrait en douter rien que d’après l’exemple de l’invasion japonaise du continent (Chine, Corée, Mongolie, etc.), fait très récent dont on n’oublie ni la cruauté exercée sur d’autres supposés « frères » orientaux, ni le manque de symétrie caractérisant certains groupes de l’Inde et de l’Extrême-Orient, en quelque sorte analogue à celle qui dresse l’une contre l’autre certaines factions de l’Islam.

La tragédie est ce genre littéraire caractérisé par un dilemme dont le discours, qui se multiplie et va crescendo, en une progression vertigineuse et surtout inéluctable, et fatalement, cours vers sa propre fin ; c’est ce qui advient à la pierre lâchée du haut d’une tour et qui augmente sa vitesse de façon géométriquement proportionnelle. C’est ce qui arrive aux temps modernes, comme c’est arrivé à d’autres cultures au cours des temps, sujets bien connus des civilisations orientales qui, elles, contemplent comment se reproduisent les mystérieux détours et cycles de la Roue de la Vie et ses desseins ; personnellement, nous croyons en la libération de l’individu et même du groupe, et nous nous y efforçons, mais à ce stade de la compétition, nous pensons que la reconversion sociale est impossible, à l’instar des personnages de la tragédie qui ne peuvent échapper à leur Destin.

Quoi qu’il en soit, ces textes brillants et intelligents sont les bienvenus, ainsi que la synthèse qu’ils renferment et leur forme d’expression, et bien que nous ne soyons pas totalement d’accord avec toutes leurs assertions et conclusions, l’envergure de l’analyse est évidente en regard de la spéculation littérale et « officielle », soi-disant philosophique, à laquelle nous sommes habitués.

Pour terminer, nous signalerons l’exposé extrêmement intéressant sur la physique quantique ­le monde de l’infiniment petit­ comprise d’une façon exemplaire, ce qui n’a pas forcément de rapport avec toutes les conclusions qu’en tirent d’autres auteurs, comme F. Capra ; quoique la participation de « l’observateur » qui se transforme en sujet de l’acte créatif est une réalité, pas une hypothèse.


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PARABOLA The Magazine of Myth and Tradition. 656 Broadway, New York, NY 10012. U.S.A.

Founder: D. M. Dooling. VOLUME XVIII, Number 1, "HEALING" (Spring 1993): Interview with Lawrence E. Sullivan: Images of Wholeness; Richard S. Sandor: On Death and Coding; Bill Moyers: Wounded Healers; Joel Monture: Saving Mother Earth to Save Ourselves; Kat Duff: The Alchemy of Illnes; Thich Nhat Hanh: Transforming our Suffering; Richard Wentz: The Powwow Doctor; Gray Henry: Even at Night, the Sun is There; ARCS: The Dance of Healing; Joe Louis Lopez: It´s Up to You; Richard Katz: The Kung Approach to Healing; Milton H. Erickson: Word Salad; The Country of the Gadarenes; Marvin Barrett: An Encounter; Tangents; Epicycles; Focus; Currents & Comments; Book Reviews; Full Circle.

VOLUME XVIII, Number 2, "PLACE AND SPACE" (Summer 1993): Scott Russell Sanders: Telling the Holy; William Maxwell: Home; An interview with Robert Lawlor: Dreaming the Beginning; Janet Heyneman: Nostalgia for the Present; Czeslaw Miloz: On Exile; Shritvatsa Goswami and Margaret Case: The Birth of a Shrine; Martin Lev: The Gate of Mercy; Sara Rossbach: Feng Shui; David Ulrich: Hawai´i, Landscape of Transformation; Wayne Teasdale: A Glimpse of Paradise; William Shelton: Free Space; Ron Matous: Among These Mountains; Tangent; Epicycles; Poems; Book Reviews; Currents & Comments.

Cette revue qui paraît tous les quatre mois, fondée il y a dix-huit ans par D. M. Dooling et dans laquelle l’on a pu lire des signatures aussi respectables que celles de Mircea Eliade, du Dalaï-lama, de Joseph Campbell, de Joseph Epes Brown, etc., offre un vaste panorama à tous ceux qui, pour une raison ou une autre, ont approché ou s’intéressent à la recherche de l’être, au-delà des opportunités qu’offre une vie calquée sur les normes du système et son adhésion à quelque partie du monde moderne. En effet, dans cette revue se succèdent des notes sur des traditions « religieuses » parfaitement vivantes, comme l’islam, le judaïsme, l’hindouisme, le bouddhisme, le bouddhisme zen, etc., en alternance avec la Tradition Hermétique et la Gnose Occidentale en général, et surtout, ­et c’est là son grand apport­ concernant diverses études sur la culture des différents peuples archaïques et « primitifs ». Elle possède aussi un aspect tourné vers la psychologie que nous ne partageons pas complètement, tout en considérant la psyché comme une voie de passage, apte à être transcendée et non pas niée en bloc, justement une expérience à surmonter afin de pouvoir reconnaître les différences sur le chemin de la réalisation individuelle, tout comme les sciences de la nature le font par d’autres moyens : faire face au surnaturel.

En outre, cette excellente publication, joliment présentée, bien que se rapprochant parfois du « New Age », ne sombre jamais dans le sensationnalisme ni dans la superstition et privilégie les valeurs culturelles et académiques les plus élevées, ce qui mérite d’être souligné chez une publication tirant à 100.000 exemplaires et représentant une porte d’accès à un programme des plus intéressants grâce auquel les lecteurs pourront donner à leurs inquiétudes pistes et orientations. La partie bibliographique est d’un grand intérêt, tout comme les annonces de livres qui comprennent les publications des plus importantes universités des États-Unis concernant l’ésotérisme, les mythes, l’anthropologie et les religions. Il faut également souligner l’intérêt constamment porté à l’art et au documentaire, auquel il faut ajouter ses propres publications dont certaines sont dédiées aux enfants et réalisées avec des moyens audio (cassettes) et vidéo. Nous préciserons que cette revue s’inscrit dans le cadre de « l’American Way », ce qui peut être quelque peu déconcertant pour qui est strictement accoutumé aux modules de la « culture européenne » ; mais il ne peut en être autrement, puisque cette publication est un échantillon du plus pur et du plus sophistiqué « style new-yorkais ».


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REVISTA DE SORIA. Revue culturelle et informative de la Députation Provinciale. Directeur : Angel Almazán de Gracia. C./ Caballeros, 17. Soria. Espagne.

Nº 25. Seconde époque. Été 1999. 120 pages. 120 p., "Celtíberos. Homenaje a José Luis Argente": Un día en Tiermes, 25 años después: Carlos de la Casa, Religión y ritual funerario celtibéricos: Alfredo Jiménez, El origen de la cultura celtibérica: J. Arenas y J. P. Martínez, Los arevacos y sus ciudades: Francisco Burillo, Soria y la herencia numantina: José I. de la Torre, El vaso de los guerreros de Numancia: Fernando Romero, Cosmogonía védica del numantismo, vaso de los toros: Angel Almazán, Los celtíberos: poblamiento y formas de vida: Gonzalo Ruiz.

Nº 24. Printemps 1999. 120 pages ; Nº 22. Automne 1998. « Cîteaux et le Symbolisme ». 112 pages ; Nº 6. 1993. « Numance et Montségur ». 116 pages. Nous remarquerons spécialement, parmi d’autres, l’article du directeur « Notes symboliques sur le chrisme » (Nº 24), dans cette revue qui a aussi publié, dans ses numéros précédents, des articles sur la géométrie, la kabbale, etc. Il faut également souligner sa qualité graphique et sa présentation formelle. L’on peut remarquer, chez tous ses collaborateurs, un louable intérêt pour leur ville natale et ses connections universelles.


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REVISTA DE ESTUDIOS BUDISTAS. 2741 Sunset Boulevard. Los Angeles, California 90026. U.S.A. Semestrielle : avril et octobre. 88 pages. Directeurs : Carmen Dragonetti y Fernando Tola.

Nº 11 : d’avril a septembre 1996. Sommaire : Nueva etapa del proyecto REB; Artículos: G. P. Malalasekera y K.N. Jayatilleke: El Budismo y la cuestión racial; Fernando Tola y Carmen Dragonetti: Eternidad del Dharma en el Sûtra del Loto; Historia: Jan Hendrik Kern: El Budismo en Java, Bali y Sumatra; Términos y conceptos budistas: Vijñanavada: Idealismo; Giuseppe Tucci: La Escuela Idealista del Budismo; Abstracts; Texto: Maestra Dzau Dzan, F. Tola y C. Dragonetti: Pa ta jen kiao king: El Sûtra de los ocho conocimientos de los grandes seres predicado por Buda; Notas Breves: Luciano Petech: Giuseppe Tucci (1894-1984). Noticias: Actividades de la Asociación Latinoamericana de Estudios Budistas (ALEB), Actividades de FIEB en 1995; Reseñas: Dhammapada, Edited by O. von Hinüber and K. R. Norman, with a complete World Index complied by Shoko Tabata and Tetsuya Tabata, Oxford, The Pali Text Society, 1994; Colaboradores.

C’est le début d’une nouvelle étape de cette revue, qui maintiendra les critères exprimés dans la présentation du premier numéro, ainsi que le communiquent ses directeurs qui annoncent également deux importantes modifications apportées à leur édition : un nouveau format de 88 pages ­contre 176 auparavant­, mais avec des changements destinés à ne pas réduire le matériel dans les même proportions ; et la publication d’une collection parallèle de textes basiques du bouddhisme en version espagnole, au rythme de deux par an, avec une introduction et de courtes notes, et le même nombre de pages que la revue, en complément de cette dernière.

Ils nous informent également que la revue a accompli le projet sur cinq ans qu’elle s’était donné lors de sa fondation par l’Association Latino-Américaine d’Études Bouddhistes, de Mexico ; elle a été éditée, et continuera de l’être, avec le support de l’Institut International d’Études Bouddhistes de Tokyo et la collaboration technique de Reiyukai de Mexico ; dans ce laps de temps, elle a publié dix numéros, pour un total de 1934 pages et 14500 exemplaires.

Les directeurs considèrent que leur revue a atteint les objectifs qu’ils s’étaient proposés pour cette étape, en divulguant ce qu’est réellement le Bouddhisme auprès de gens qui ne le connaissaient pas ou qui n’en avaient qu’une idée erronée ou déformée, et en permettant à d’autres de comprendre plus en profondeur les pratiques qu’ils réalisent.


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HETERODOXIA Trimestral de Pensamiento Crítico y Extravagante. Apartado 42.082. 28080 Madrid.

1993 : Voilà déjà six ans que HETERODOXIA a commencé à sortir, ce qui a représenté pour beaucoup la possibilité de s’exprimer sans faux-semblants sur des sujets marginalisés par la pseudo-intellectualité et la science du terne et médiocre petit monde universitaire et culturel. Sa parution nous disait que l’Espagne d’Unamuno, d’Ortega y Gasset et d’Eugenio d’Ors, pour n’en nommer que trois (et en omettant complètement l’extraordinaire tradition littéraire et culturelle espagnole cristallisée par le Siècle d’Or), n’était pas morte, et que contre l’avalanche commerciale des Albertos, Mario Conde, Banesto, el Banco Popular et Cambio 16, les structures de l’homme espagnol étaient encore indemnes, en dépit des circonstances vécues par son ego, qui était le spectateur d’équivoques aussi pathétiques que tragi-comiques qui sont encore très loin d’être dissipées.

Heterodoxia s’est caractérisée par les qualifications des auteurs présentés, beaucoup d’entre eux étant déjà des écrivains connus comme José Luis Aranguren, Raimundo Panikkar, José Montserrat Torrents, etc., et d’autres qui le deviendront. Malgré tout, plusieurs des articles se perdent généralement en digressions et, à une certaine époque, beaucoup d’abonnés jugeaient excessif le traitement donné à des problèmes théologiques, donc religieux, abordant certaines attitudes personnelles sans but précis, bien que se rapportant à l’état civil de Maître Jésus, qui a parfois été dit marié avec Marie-Madeleine, Jean, l’évangéliste et le prophète apocalyptique, ayant été le fruit charnel de cette union. Ses rédacteurs se sont par ailleurs plus d’une fois référés à la vision ésotérique présente dans la Tradition Unanime et dans la Philosophie Pérenne en tant que « occultisme », sans posséder de la Science Sacrée, semble-t-il, plus qu’un savoir superficiel et profane, alimenté par des revues comme « Más Allá » ou similaires, bien que, curieusement, ils semblent vraiment croire qu’ils savent de quoi ils parlent.

Sous la direction de l’écrivain Manuel García Viño, le conseil de rédaction d’HETERODOXIA est formé par : José Antonio Antón, M. Asensio Moreno, A. Fernández Helidoro, Rafael Hereza, Juan Francisco Lerena, Manuel Mantero, José Mora Galiana y Victoria Sendón, qui en signent également de nombreux articles. Elle sort quatre fois par an, et nous remarquons, parmi les notes publiées récemment, celles de Victoria Sendón et d’Emilio Saura.

Pour terminer, nous mettrons l’accent sur un article sur SYMBOLOS, que signe un membre du conseil de rédaction, également collaborateur de notre revue, José Antonio Antón qui, après avoir présenté SYMBOLOS et s’être référé au sous-titre Art, Culture, Gnose et en particulier aux symboles, déclare : « C’est tellement ainsi que la propre histoire de la culture est impensable sans la considération d’éléments comme ceux fournis par le symbolisme traditionnel, en dépit de l’intérêt de certains milieux « intellectuels » pour occulter ou éviter le sujet. Pour tout cela, le champs d’action des symboles auxquels se réfère le titre de la revue en question est suffisamment éclairci. » Et il poursuit : « Mais si nous voulons définir davantage la direction de SYMBOLOS, nous pouvons préciser qu’elle répond aux critères de la philosophie de René Guénon, et il ne pouvait en aller autrement d’un contenu qui se veut traditionnel. » Et ensuite, après avoir rendu éloge au fait qu’il ne voit dans notre publication aucun indice de « chapelle » ou de « secte » de quelque type que ce soit, et d’avoir vanté notre présentation et notre iconographie, il termine en disant : «En définitive, nous nous trouvons devant une revue qui, sans aucun doute, sera à partir de maintenant un point de référence pour qui désirera connaître le développement et le traitement de la pensée traditionnelle parmi nous. »


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HELENA TARASIDO In Memoriam

Nous avons reçu un bel ouvrage sur l’œuvre plastique d’Helena Tarasido qui englobe près de quarante ans d’un travail fécond. Ce livre, fort bien construit par Editart à Genève, en Suisse, comprend une étude critique de Rafael F. Squirru et une exposition graphique bien documentée sur les différentes phases de production de l’artiste et les diverses techniques utilisées, avec de très bonnes reproductions en couleurs ou en noir et blanc.

A la vue de ce document, l’œuvre de ce peintre est prise à sa juste valeur et l’on admire l’effort, le nerf, la persévérance d’un précurseur qui, sans fléchir et à l’encontre des courants de la mode, se battit à l’avant-garde picturale d’Argentine pour fixer l’image de la beauté, toujours changeante et révélatrice, dans une recherche permanente où se recrée l’atmosphère magique, parfois au moyen de paradoxes de forme, de tracé ou de couleur, ou par le biais de visions instantanées patiemment élaborées ou emportées dans des accès déchaînés par de subtiles énergies. Connaissant la Tradition Hindoue, influencée par les symboles amérindiens et les symboles ésotériques en général, éternelle voyageuse aux inquiétudes intellectuelles et amante naturelle du Mystère, ce n’est pas pour autant que la peinture de ce précurseur se soumet aux préceptes, mais au contraire, exprime de façon personnelle les idées et les intuitions que l’homme porte en lui en permanence. Elle tente ainsi de percer les limites pour rechercher un champs plus vaste, à un point tel que, suivant cette direction spatiale, non seulement les ego pourraient se transposer, sinon que l’être pourrait affronter le Non-Être, la non-dualité, et l’idée d’une déité non personnalisée, ou d’une personnalité qui se dépersonnalise.