PRÉSENCE VIVANTE DE LA CABALE
FEDERICO GONZALEZ - MIREIA VALLS
CHAPITRE IV
LA CABALE DE CASTILLE
(fin)

Littérature épigraphique ou pseudépigraphique
Il existe une abondante littérature épigraphique et nous en avons parlé* aux pages 84 et suivantes, et page 108 en publiant un bref extrait d’un travail traduit et édité par Scholem. Il y a cependant de nombreux textes traitant de thèmes cabalistiques qui n’ont jamais été publiés. Il est évident que la publication de ces textes –y compris leur traduction en langues européennes–est fondamentale, car cette tâche extraordinaire commencée par les cabalistes du XXe siècle, Gershom Scholem en tête, devrait être poursuivie dans ce siècle-ci pour le bien des hébreux et non hébreux.

Il y a quelques années, furent publiés aux Etats-Unis The Books of Contemplation, Medieval Jewish Mystical Sources.176 Il s’agit de cinq textes en rapport avec la merkabah, que l’auteur de l’essai, Mark Verman, considère comme ayant été produits par ce qu’il appelle un
« Cercle de Contemplation » (Iyyun, auquel nous avons fait référence auparavant) qui a profondément influencé la Cabale de Provence et celle d’Espagne, le Zohar y compris, et qui semble avoir eu des liens avec l’Europe centrale et l’Europe orientale, des écoles de rabbins mystiques, voire même des cabalistes, de ces lieux. Ils sont également associés à la prophétie au sens qu’Aboulafia donnait à ce terme et Moïse Cordovero les cite au XVIe siècle. Dans son introduction, Mark Verman nous explique:

Considérant le développement du mysticisme juif, il est évident qu’il se trouve concentré en périodes d’intensité. Le cas n’a pas été donné que, dans n’importe quel siècle ou ère, l’on trouve une activité aussi étendue que dans un autre ; au contraire, le rythme s’accélère ou ralentit. Cela est significatif d’une activité organique et vibrante qui fleurit périodiquement. Pour cette raison, il est impératif de considérer les contours historiques généraux du mysticisme juif avec ses patrons et ses intérêts récurrents, afin de mieux en apprécier les développements spécifiques, comme celui du « Cercle ».

Si nous devions faire le schéma de cette activité, nous pourrions noter une période précoce, correspondant aux expériences visionnaires d’Isaïe, d’Ezéchiel et de Zacharie, c’est-à-dire du huitième au septième siècle avant J.-C., suivi d’un creux jusqu’aux troisième et deuxième siècle avant J.-C. avec la composition de textes comme I Énoch et Daniel. Un autre creux survint jusqu’au milieu du premier siècle après J.-C., qui fut témoin de visionnaires judéo-chrétiens, comme Paul et la Révélation de Jean, les écrivains apocalyptiques de 4 Ezra, 2 Baruch, et autres textes, ainsi que le sage rabbinique R. Yohanan b Zakkaï et ses disciples. Cela fut suivi de la période de littérature hekhalot (les temples ou palais célestes) dont la provenance a été cause de bien des débats érudits et n’est pas encore résolue, bien que probablement ce corpus littéraire tombe quelque part entre le deuxième et le huitième siècle après J.-C.

Il y a ensuite une longue brèche d’activité seulement sporadique, jusqu’au début du XIIIe siècle, où il y eut une véritable explosion. Cela dura approximativement 100 ans et fut l’époque la plus productive et créative de toute l’histoire du mysticisme juif. Une foule d’individus composèrent des centaines de textes, y compris les écrits du «Cercle» et le joyau indiscutable de la tradition mystique, le Zohar, Le Livre de la Splendeur.

Et il poursuit:

Bien que la pseudépigraphie ait été la norme pour le « Cercle », la grande majorité des textes mystiques écrits en Allemagne, en France et à Gérone furent réclamés par leurs véritables auteurs. En outre, ce penchant pour les attributions pseudépigraphiques continua d’avoir la primauté dans la théosophie castillane de la seconde moitié du XIIIe siècle. Les écrits de R. Isaac Cohen en offrent d’innombrables exemples, comme le fait le Zohar lui-même.

Étant donné l’espace limité dont nous pouvons disposer pour ces traités dans cet essai qui se veut seulement un panorama de la Cabale, nous avons choisi un unique texte, appartenant à La Source de la Sagesse (Ma’yan ha-Hokhmah):

Ces dix couleurs jaillissent de l’obscurité. Elles sont les suivantes: lumière de la lumière, splendeur de la splendeur, éclat de l’éclat, splendeur de la lumière, lumière de la splendeur, éclat de la lumière, lumière de l’éclat, éclat de la splendeur, splendeur de l’éclat et feu flamboyant du feu flamboyant. Vois ! (voici) elles sont dix. La première est Lumière Merveilleuse; c’est la lumière de la lumière. La seconde est Lumière Cachée (occulte); c’est la splendeur de la splendeur. La troisième est Lumière Scintillante; c’est l’éclat de l’éclat. La quatrième est Lumière Brillante; c’est la splendeur de la lumière. La cinquième est Lumière Éclairée; c’est la lumière de la splendeur. La sixième est Lumière Éclairante; c’est l’éclat de la lumière. La septième est Lumière Raffinée; c’est la lumière de l’éclat. La huitième est Lumière Brillante et Éclairée; c’est l’éclat de la Splendeur. La neuvième est Lumière Claire; c’est la splendeur de l’éclat. La dixième est Lumière Resplendissante; c’est le feu flamboyant du feu flamboyant.

Et, après cet exposé lumineux:

Maintenant nous recommencerons d’expliquer chaque lumière, éclat et splendeur, qui est en chacun, suivant ce patron, afin que tu puisses connaître et comprendre que l’Obscurité Primordiale n’est pas comprise dans leur énumération. D’elle émerge et d’elle a émergé la [les] source[s] qui en ont jailli. Elle est [aussi] appelée La Lumière Qui Est Obscurcie par L’Illumination, car elle est cachée et il est impossible de connaître l’essence de l’existence de cette obscurité.

Le livre hébreu d’Énoch, ‘Livre des Palais ou Sefer Hekhalot’177
Ainsi que l’explique Charles Mopsik dans l’introduction et la traduction annotée qu’il a réalisée de ce texte 178, il s’agit d’un livre pseudépigraphique de la mystique juive antique appartenant à ce qui est appelé « littérature des Palais » ou Merkabah.179 Il est difficile de le dater et il n’y a pas unanimité entre tous les chercheurs contemporains qui l’ont étudié (Scholem le situe entre les Ve et VIe siècles de notre ère, bien que d’autres auteurs le considèrent antérieur et l’attribuent au mythique rabbi Ismaël du IIe siècle), mais son importance et son influence ont en tous cas été énormes, non seulement dans la Cabale de ses origines à nos jours, mais aussi dans la littérature de l’exotérisme juif où il est abondamment cité. Ce n’est pas en vain que le thème qu’il aborde est celui de Métatron, le « Prince ou Ange de la Face »180, première énergie de la hiérarchie angélique qui exprime symboliquement l’ordre cosmogonique et qui s’étend aux pieds ou autour du Trône de la Gloire. Métatron est l’entité la plus haute et la plus mystérieuse, la puissance active du Principe immuable, ses fonctions sont celles de guide, protecteur, émissaire, et il révèle les secrets les plus élevés aux initiés, avec certains desquels, nous le verrons plus loin, il s’identifie complètement. Ainsi que le note Mopsik:

Mais la figure de Métatron ne sera jamais vraiment complètement stabilisée dans la littérature juive, elle connaîtra de nombreuses métamorphoses dans la cabale médievale et post-médievale, on peut même aller jusqu'à dire que de nos jours encore la figure de Métraton est une figure angélique ouverte, prête à recevoir des traits "nouveaux" et à entrer dans des systèmes angélologiques, philosophiques ou mystiques qui lui ajouteront encore des qualificatifs. Ne représente-t-il pas l'Intellect Agent chez Abraham Aboulafia ou Gersonide, n'est-il pas associé dans la cabale tantôt à la sefira Malkhout (la Royauté divine) tantôt à la sefira Yessod (la Justice divine), parfois aux sefirot Hessed et Guevoura?

Il s’agit en réalité d’une énergie universelle, immortelle, éternelle, et un lien direct entre la Déité Pure et l’être humain. De nouveau suivant Mopsik:

Ce que nous voudrions seulement souligner ici, c'est le caractère ouvert et polymorphe de l'ange Métatron, que l'on rencontre un nombre incalculable de fois dans une immense littérature qui traverse non seulement les époques et les espaces, mais qui franchit les frontières confessionnelles. Métatron apparaît ainsi dans des sceaux mandéens, le mandéisme étant une religion dévouée à Jean-Baptiste, qui s'origine dans les sectes baptistes et judéo-chrétiennes primitivement implantées autour du Jourdain et qui fleurit ensuite dans l'aire culturelle sassanide, là même où le Talmud de Babylone a vu le jour. Il est également identifié parfois à Hermès et quelques auteurs lui ont trouvé des traits le rapprochant de Mithra.181

Et à propos de cette relation étroite avec l’Hermétisme, il ajoute :

Dans tous les écrits de la littérature des Palais, la figure de Métatron n'est jamais le prétexte de la présentation d'une doctrine et n'est le garant d'aucune vérité sectaire signalée. Le seul message spécifique, « personnel », que délivre Métatron dans la littérature où il apparaît tient en une simple formule: « Tout ce qui est en bas est en haut ».

Le Sefer Hekhaloth, un livre concis aussi radieux qu’énigmatique, contient des enseignements au sujet de  l’ordre universel, des cycles cosmiques, des noms de pouvoir nés d’un Nom imprononçable, ainsi que des révélations sur les proportions et les modules du cosmos en clef arithmologique. De tout ce que l’on pourrait en citer, nous avons choisi ce fragment au sujet de l’origine divine des lettres182 serties dans la couronne de Métatron :

Rabbi Ismaël dit: L'ange Métatron, le prince de la Face, lustre du ciel le plus haut, me dit:
A cause de l'abondant amour, de la grande compassion avec laquelle le Saint béni soit-il m'aime et me chérit, plus que tous les enfants des hauteurs, il écrivit de son doigt, tel une plume de flamme, sur la couronne sise sur ma tête,
les lettres par lesquelles ont été créés le ciel et la terre,
les lettres par lesquelles ont été créés les mers et les fleuves
les lettres par lesquelles ont été créés les montagnes et les collines
les lettres par lesquelles ont été créés les étoiles et les constellations, les éclairs, les vents, les tonnerres, les bruits de la foudre, la neige, le grêle, l'ouragan et la tempête,
les lettres par lesquelles ont été créés toutes les choses nécessaires au monde, tous les agencements du commencement sans exception.
Chaque lettre éclôt, coup sur coup, comme une apparition de foudre, coup sur coup comme une apparition de torches, coup sur coup comme une apparition de flamme de feu, coup sur coup comme une apparition de la sortie du soleil, de la lune et de les étoiles.183

Au centre de ce texte se trouve également l’identification de l’énergie-force de Métatron à l’Énoch biblique –dont il est dit qu’il marchait avec Dieu et qu’il fut emporté aux cieux sans passer par la mort physique–, soleil interne irradiant la lumière incréée du Principe qui, selon la tradition, s’est incarné en Joseph puis dans le rabbin Ismaël ben Elicha, c’est-à-dire qu’il se fait manifeste cycliquement à travers des entités ou des êtres humains de n’importe quel temps qui, touchés par la grâce divine et dédiés à la tâche de transmutation interne, ont franchi tous les seuils et domaines de la conscience, revêtant les nuances de lumière de toutes les entités angéliques, et qui pour cela demeurent dans l’éternel présent du Saint, béni soit-il, réintégrés dans l’état principiel antérieur à la chute, ce qui est analogue au symbole du soleil de minuit. Dans le Livre hébreu d’Énoch sont relatées les ascensions et exaltations d’Énoch184 aussi bien que de Rabbi Ismaël et, en annexe, celles de Moïse ; et ce texte concentré, avant de terminer par un récit exhaustif des noms de Métatron, révèle ces paroles si secrètes :

De plus, Métatron siège pendant trois heures chaque jour dans les hauteurs célestes et il rassemble toutes les âmes des embryons morts dans le ventre de leur mère, des nourrissons à la mamelle qui sont morts sur le sein de leur mère et des petits écoliers qui sont morts (en étudiant) les cinq livres de la Torah. Il les transporte sous le Trône de gloire et les fait siéger autour de lui par classes, par compagnies, par groupes, et il leur enseigne la Torah, la sagesse, la aggada, la tradition. Il achève pour eux le livre de leur étude, comme il est dit: « A qui veut-il enseigner la science? A qui veut-il faire comprendre la tradition? A ceux qui sont à peine sevrés, qui viennent de quitter la mamelle ». (Is. 28, 9).

Car en vérité, Métatron est également chargé d’annoncer l’ange des archives, celui qui serre dans sa cassette les écrits et le Livre des Mémoires185 que le Saint, Béni soit-il, lit chaque jour devant les scribes du grand Tribunal situé au plus haut du Firmament, tout comme il se fait ouvrir le livre des vivants et celui des morts ; ainsi, de l’immuabilité du Principe Suprême, le monde se renouvelle à chaque instant au moyen de la Parole dont Métatron est le gardien et l’émissaire.

Le Talmud

Ce corpus de la littérature juive a une fonction ordonnatrice pour le peuple d’Israël, et bien qu’il recueille fondamentalement les enseignements oraux de caractère exotérique, il compile également des aspects plus intérieurs de sa tradition. Pour cette raison, de nombreux cabalistes l’ont pris comme référence et débuté leurs investigations et méditations sur les sentences et dictons de ce livre de livres, surtout ceux de l’aggadah, le reconnaissant enraciné dans les principes universels dont tout émane, comme le reflète cet extrait du Talmud où le rabbin Levi bar Hama dit :

Pourquoi est-il écrit: « et je te donnerai les Tables de pierre, avec la Torah et les commandements que j’ai mis par écrit, pour qu’ils soient enseignés » (Ex. 24.12) ? Les ‘Tables’ contiennent les dix commandements, la ‘Torah’ écrite est le Pentateuque et les ‘commandements’ sont inclus dans la Mishnah. Les mots ‘que j’ai mis par écrit’ se réfèrent aux livres prophétiques et hagiographiques ; les mots ‘pour qu’ils soient enseignés’, à la Guémarah. Ceci prouve que les lois orales, la Mishnah et la Guémarah, furent données à Moïse sur le mont Sinaï. (Berajot 5a)

Pour connaître la chronologie, le contenu et la structure du Talmud, nous avons tiré de la page télématique de l’éditeur Verdier cette courte synthèse:

Le Talmud (« l'étude ») réunit la Mishna186 et la Guémarah, présentée comme son commentaire. C'est l'élucidation systématique de l'enseignement oral, entreprise par les disciples de R. Yehuda ha-Nassi. Ses disciples immédiats ouvrent l'ère des amoraïm (« les explicitateurs »). Apparaissent alors de nombreuses académies, en Palestine d'abord, à Tibériade, à Lydda, à Séphoris, à Ousha et en Césarée; puis en Babylone, dans les villes de Soura, Pumbédite, Néhardée et Naresh, dont les premiers maîtres reçurent l'ordination en Palestine.
R. Yohanan (199-279), scholarque de l'académie de Tibériade, envisagea la rédaction d'un commentaire de la Mishna qui contînt les différentes discussions qui s'y rapporteraient. Poursuivie par ses disciples sur deux générations, son entreprise donna jour au premier Talmud, dit improprement Talmud de Jérusalem.
Plus tard, en Babylonie, la même entreprise fut conduite par R. Ashi (352-427), scholarque de l'académie de Soura, et continuée par ses disciples jusqu'au septième siècle. Ainsi fut constitué le Talmud dit de Babylone.
Dans chacun des deux Talmud, la Guémarah n'est complète. Dans le Talmud de Jérusalem, la Guémarah couvre 39 traités contre 37 dans le Talmud de Babylone; mais ce dernier est d'une étendue huit fois supérieure à l'autre. (...)
Halakha et agada sont les deux versants du discours talmudique.
La Halakha (« marche », d'où règle de la vie pratique) contient l'énoncé de règles civiles, pénales et religieuses –les mitsvot ou commandements. C'est l'enseignement proprement exotérique du Talmud.
La agada (du verbe araméen aged, « narrer, raconter ») rassemble les relations historiques, les paraboles, les sentences, les anecdotes édifiantes, les homélies qui toutes renferment un enseignement.
Contenu des traités du Talmud:
1.- Ordre zera'im: des semences –Après un traité consacré aux bénédictions, il est parlé des dîmes, prémices, offrandes, donations que l'on doit faire aux prêtres, aux Lévites et aux pauvres sur les produits de la terre; du repos, des travaux des champs pendant la septième année; des mélanges interdits dans les semis et les greffes (en huit traités).
2.- Ordre mo'ed: des fêtes –Du chabbat, des fêtes et des jeûnes; des travaux et des sacrifices à accomplir en ces jours. Il est aussi question des règles pour la fixation du calendrier juif (onze traités).
3.- Ordre nashim: des femmes Législation du mariage, divorce, lévirat, adultère, voeux et naziréat; tout ce qui a trait aux relations conjugales et d'une manière générale aux relations entre les sexes (sept traités).
4.- Ordre neziqin: des dommages –Législation civile. Hormis un traité sur l'idolâtrie et le traité Avot où se trouvent recueillies les sentences morales des docteurs, cet ordre traite des transactions commerciales, achats, ventes, hypothèques, prescriptions, procédure, organisation des tribunaux, témoignages et serments (huit traités).
5.- Ordre Kodashim: des choses saintes –Législation des sacrifices, des premiers-nés, des viandes pures ou impures. Description du temple d'Hérode (dix traités).
6.- Ordre taharot: des purifications – Lois sur la pureté et l'impureté des personnes et des choses, des objets capables de contracter l'impureté par le contact; règles liées aux phénomènes de la mort (neuf traités).

Étant donné l’importance de ces deux précis, celui de Jérusalem et surtout celui de Babylone, qui approfondit beaucoup plus les questions agadiques, ils furent édités à plusieurs reprises pendant la Renaissance (l’édition la plus complète est celle de D. Bomberg, Venise, 1520-1523 pour le babylonien, 1523-1524 pour le palestinien) et réimprimés dans de nombreuses autres villes jusqu’à nos jours, constituant un axe législateur, instructif et regroupant pour le peuple juif dispersé de par le monde, dont ont été inspirés des fragments de nombreux textes cabalistiques, dont le Zohar.


NOTES
*
176
177 Il existe deux autres variantes de cet opuscule, le I Énoch, également appelé étiope, et le II Énoch, qui est la version slave.
178 Nous nous baserons sur l’étude de l’auteur français Le Livre Hébreu d’Énoch ou Livre des Palais. Verdier, Lagrasse, 1989.
179

Soulignons cette note de son introduction à propos de ce type de littérature: « Il s'agit d'un ensemble de textes, en hébreu ou en araméen, datés du IV au VIII siècle, relatant des visions du Char céleste (merkabah), des cieux, des anges et du Trône divin. La vision d'Ezéchiel chap. I, est une de leurs sources d'inspiration principale. La littérature des Palais doit son nom aux sept demeures célestes qui sont l'objet des ascensions extatiques et des visions mystiques. Les traités, assez courts, qui forment l'essentiel de ce corpus portent les titres suivants: Hekhalot Zoutarti (Petit Traité des Palais); Hekhalot Rabbati (Grand Traité des Palais); (Le Prince de la Loi, imprimé parfois en appendice du précédent; chap. 27 à 30); Re'uyot Yebezqel (Visions d'Ezéchiel); Ma'asseb Merkaba (Récit du Char); Merkaba Rabba (Grand Traité du Char); Massekhet Hekhalot (Traité des Palais); Chiur Qoma (Mesure de la Taille); Seder Rabba diBeréchit (Grand Ordre du Commencement); Le Livre hébreu d'Henoch qui fait l'objet de la présente traduction est souvent dénommé Sefer Hekhalot (livre des Palais). Plutôt conventionnels ces tires sont souvent remplacés par d'autres appellations du genre 'chapitres de Rabbí Ismael'. (...) ». Op cit.

180

Au chapitre 3 du livre, il est révélé: « Rabbí Ismael dit: A ce moment, j'ai interrogé l'ange Métatron, le Prince de la Face. Je lui dis: Quel est ton nom? Il me répondit: J'ai soixante-dix noms, correspondant aux soixante-dix langues qui sont au monde, et tous sont fondés sur le nom du Roi des rois de rois, cependant mon Roi m'appelle Jouvenceau ». Pour connaître beaucoup des noms par lesquels il est identifié et la signification étymologique si complexe de Métatron, voir l’étude faite par Mopsik dans l’Introduction.

181 Il faut signaler qu’à d’autres moments de ses investigations Mopsik constate également sa présence dans l’Islam, dans le Christianisme primitif, parmi les doctrines gnostiques ainsi que dans le Talmud, et dans d’innombrables textes de cabalistes de toutes les époques.
182 Un fragment du Midrash Tanhuma-Yelamdenu dit: « Lorsqu’il créa le monde, si l’on peut dire, la Torah éclaira-illumina devant Lui […] Le Saint, béni soit-il dit: Voici, je demande des ouvriers! La Torah lui dit: Je mets à ta disposition 22 ouvriers –ce sont les 22 lettres qui composent la Torah ». Cité par Mopsik dans Le Livre Hébreu d’Énoch.
183 Opus cit., chapitre 13.
184 Á la fin de la version française que nous utilisons est ajouté un article intéressant de Moshe Idel intitulé « Énoch est Métatron » qui examine l’identité de ces « personnages » avec l’Adam Primordial, l’Homme Transcendant complètement identifié au Principe de l’Être.
185 Voir le chapitre 27 du Livre Hébreu d’Énoch.
186

La Mishnah (de l’hébreu « répéter ») « rassemble sous la forme d'énoncés concis, soit catégoriques, soit problématiques (dans le cas des controverses), les lois bibliques, les amendements (taqanot) et les décrets (gezerot) rabbaniques, ainsi que les usages consacrés (minhagim) ».
De son côté, la Guémarah, venant de l’araméen gemar (ce que l’on apprend de la tradition), est la compilation de sentences rabbiniques ainsi que de discussions sur des textes bibliques, des homélies, des conseils médicaux, des débats philosophiques et démonologie. (notes des auteurs).