CHAPITRE V
QUELQUES EXPRESSIONS DE L’ÉSOTÉRISME ACTUEL

    Actuellement, toute personne à la recherche d’une voie spirituelle se retrouve face à un panorama pour le moins chaotique, ce qui est peu dire.

    En effet, la première chose qu’elle rencontre d’ordinaire sur son chemin est ce qui se fait appeler le ‘New Age’, le plus nombreux et le plus hétérogène regroupement de différents mouvements parmi lesquels les sectes jouent un rôle primordial et peuvent arriver à posséder plusieurs millions de membres affiliés. S’y unissent de nombreux groupes d’origine orientale, bien qu’il soit important de préciser que beaucoup de sectes ont également cette origine ; en général, ces groupes se rapprochent plus ou moins de l’hindouisme et de sa tradition ­comme il arrive en Inde même­, ou en rejoignent des formes dégradées ainsi que l’on peut le constater chez une indéfinité de gourous qui, se basant sur une certaine terminologie et des pratiques de méditation, ont fondé leurs propres ashrams. Ils sont en cela semblables à diverses personnalités ‘affranchies’ qui soutiennent des idées de type psychologique ou sexuel, incluant des ‘canaux’ ou des pratiques soi-disant fondées sur le tantra yoga. La totalité de ces dirigeants sont profanes, pour ne pas dire absolument ignorants de la Science Sacrée et croient, à l’instar de la science profane, que le monde est en train d’évoluer, de progresser, vers la culmination de ses prétentions spiritualistes. S’y ajoutent ‘psys’, ‘manciens’, guérisseurs et spirites aux diverses dénominations. Tous ont en commun une chose fondamentale qui les rend immédiatement identifiables : la croyance ­consciente ou non­ en un spiritualisme matériel, c’est-à-dire en la nécessité de relier leurs pratiques à leurs situations personnelles et à leurs besoins au niveau le plus bas et le plus individuel.20 L’on peut placer dans ce schéma de nombreux mouvements pseudo-religieux, ou religieux, avec la différence que ces derniers ne prétendent à nul ésotérisme, sinon au salut de leurs fidèles dans un autre monde.

    Nous ne souhaitons pas énumérer ici les diverses modalités de ‘l’ésotérisme’ actuel, ce qui pourrait remplir plus d’un volume, mais souligner quelques caractéristiques de ces mouvements, parmi lesquels il faut englober non seulement les sectes déjà mentionnées, mais aussi les ‘chasseurs’ de sectes. En Occident, cohabitent avec eux de véritables traditions comme le bouddhisme Mahayana, la Franc-Maçonnerie, la tradition hermétique, le bouddhisme zen, quelques traditions archaïques, certains auteurs fiables comme René Guénon, Ananda K. Coomaraswamy, Mircea Eliade, Walter Otto et Alan Watts parmi bien d’autres, et l’ésotérisme des traditions abrahamiques¸ il faudrait faire ici une importante distinction entre l’ésotérisme chrétien et le ‘christianisme ésotérique’ ­valable aussi pour l’ésotérisme juif et l’islamique­ qui prend la religion comme base indispensable de la métaphysique, dénaturant ainsi l’authentique Science Sacrée, la Connaissance traditionnelle, la ramenant à un niveau dévot et dogmatique qui, nous l’avons vu, débouche nécessairement sur un fanatisme d’un genre différent, ce qui les rend parfois encore plus dangereux que les précédents, car ils cherchent le salut ou la conversion de l’humanité par n’importe quel moyen, alors que la plupart du temps les premiers ne dépassent pas la sphère individuelle et n’exercent aucun type d’apostolat, qu’il soit protestant, catholique ou islamique ; cela ne vaut pas pour le judaïsme, refermé sur lui-même.

    Nous voulons, d’autre part, remarquer que ceux qui s’approchent avec ingénuité et objectivité des rares milieux ésotériques traditionnels existant en Europe et en Amérique pourront observer l’animosité existant entre eux, le copinage et les questions personnelles qui les distinguent, quand il ne s’agit pas de différences de niveau quant à leurs expériences de la réalité, ne possédant parfois que des idées venant de simples références livresques et historiques ; sans parler de la conviction qu’ont les religions que leur Dieu privé représente l’unique vérité, de laquelle elles excluent toute croyance, tous usages et coutumes différents, y compris l’existence de divers dieux, ou noms de pouvoir, anges et archanges, qui curieusement existent dans leur doctrine, comme nous l’avons déjà signalé, bien qu’elles semblent l’ignorer ou ne les considèrent que comme des allégories.

    Il est logique que celui qui s’engage dans un chemin inconnu puisse s’y égarer ; c’est ainsi que les uns se perdent en prenant certains concepts au sens littéral, ou croient indispensable de suivre certains régimes, parmi lesquels le végétarisme21 occupe une place prépondérante, en les associant aussi à des conceptions déterminées au sujet de la santé et de l’entretien corporel, subordonnant l’âme ­pour ne pas dire l’Esprit­ a la forme la plus grossière de la manifestation.

    Nous ferons remarquer que même le passage par une ou plusieurs organisations New Age et l’exécution de pratiques déterminées peut avoir de la valeur, en tant que moyen négatif pour les abandonner, pour apprendre avec le temps qu’elles ne correspondaient pas aux besoins spirituels. Ceci peut être relié aux dangers qui accompagne tout cheminement et peut être en rapport avec le précepte évangélique qui dit qu’il faut se perdre pour se trouver.22

    Mais celui qui accepte a priori certaines orthodoxies, de quelque type que ce soit, sans s’y attacher, ne se donne pas même la possibilité de se perdre sur le sentier de ce que l’on suppose être la Connaissance. Cela se voit dès le début par la manière d’affronter le fait de Connaître : comme une quête et une aventure de l’âme, assoiffée d’elle-même, ou comme la soumission à une structure se trouvant généralement dénaturée par la croyance, donc une sorte de somme d’axiomes, absorbés quasiment selon des critères administratifs, acceptés de façon passive et linéaire, sans clairs-obscurs,23 et sans la Passion, que l’antiquité nomma Fureur ; quant aux pèlerinages, pour n’en donner qu’un exemple, la confusion avec des marches sportives, du tourisme ou d’autres exercices plus ou moins profanes est parfois évidente. L’on ne peut sortir d’un labyrinthe qui n’existe seulement pas, et cela est typique de milieux sclérosés qui confondent le psychopompe avec la pompe.

    Dans ce sens, nous nous sommes plus d’une fois questionnés sur l’intérêt que peuvent trouver certaines personnes dans un soi-disant ésotérisme, si ce n’est à titre de hobby, ou parce qu’elles n’ont rien d’autre à faire, ou pire encore, pour se faire remarquer.

    Il faudrait également faire référence ici au fanatisme pris comme une croyance en soi, propre, entre autres, à ceux qui se donnent le nom de traditionalistes et qui, par le biais d’un autoritarisme essentiel, prétendent juger les autres, suivant une hypothétique loi divine et humaine qui non seulement est de leur côté, mais exigeant aussi qu’on l’observe, toujours, évidemment, selon leurs critères et les circonstances aléatoires qu’ils peuvent inventer à leur gré dans le même esprit belliqueux. Car il s’agit pour eux d’avoir un ennemi et de se battre pour pouvoir se sentir eux-mêmes unifiés, pour penser qu’ils ‘sont’ ou pour ‘être’ quelque chose, encore que ce soit l’ombre d’une ombre.

    De cela naît généralement la fausse idée d’une élite à laquelle aspirer. Celui qui réellement appartient à une élite ne s’en rend pratiquement pas compte et n’a aucune prétention à ce sujet, de la même façon qu’un être noble n’aspire pas à l’être sinon qu’il l’est par nature.24 Vouloir faire partie d’une élite, comme nous l’entendons, ressemble assez à vouloir entrer dans la ‘haute société’ ou voir son nom dans les journaux mondains, soit des ambitions simplement profanes ; ou, ce qui revient au même, souhaiter devenir l’illustre membre d’un milieu où l’on est non seulement ‘brillant’ ou ‘respectable’, mais où l’on acquiert aussi la ‘notoriété’, bien sûr égotiste, oubliant que ‘mon règne n’est pas de ce monde’ ; couronnant le tout d’une morale bigote et scrupuleuse qu’envierait n’importe quel puritain, et qui s’avère beaucoup plus hypocrite lorsqu’on observe leurs agissements délinquants qu’ils s’imaginent sans doute être une guerre sainte. Il est clair, pour nous, que si quelqu’un se sent appelé vers l’Identité Suprême et ne s’identifie avec aucun autre conditionnement, il doit avoir effectivement une solide base morale (le courage, la générosité, le détachement, etc., soit la virtus romaine) pour affronter une telle aventure, et ne pas aspirer à être un bon citoyen ou au perfectionnement éthique, car ce serait l’indice qu’il ne le possède pas.25 Il n’y a pas de meilleure garantie pour lutter contre les passions que se consacrer à la Beauté et à la Vérité, donc à la Connaissance. Il nous faut cependant signaler que, dans les états inférieurs de cette voie, l’on acquiert un certain pouvoir et bien nombreux sont ceux qui demeurent pris dans ce monde obscur, dû le plus souvent au ressentiment de ne pas avancer vers la source lumineuse qui nous donne l’être, c’est-à-dire l’assimilation avec l’Être Universel qui ne nous est accordée que par la Grâce et non par les actions. « Nombreux sont les appelés, et rares sont les élus ». (Saint Matthieu, 22, 14).26

    Remarquons en passant que le thème de la trahison apparaît dans diverses traditions, mais se trouve particulièrement marqué dans le christianisme, dans le cas évident de Judas (et dans la Maçonnerie également, avec la mort d’Hiram ­rappelons-nous aussi que Dante place les traîtres dans le cercle le plus profond de l’Enfer), et dans l’Islam, aux racines mêmes de la constitution du califat, transparent dans l’assassinat d’Ali, survenu quelques années après celui de ‘Utman, le troisième calife, et suivi de celui de son fils Al Hussein, qui assurait la descendance du Prophète puisque Ali n’était que l’époux de Fatima, c’est-à-dire son gendre. Le problème du mal se trouve ainsi entremêlé à l’histoire du bien, sans être nié, ou mieux, est assimilé à l’histoire du sacrifice, donnant ainsi lieu au mythe du traître-héros.27

    Revenant sur le sujet des sectes, l’on peut observer que le christianisme en particulier, au vu de la popularité de certaines d’entre elles, spécialement chez les jeunes, prit la décision d’une part de poursuivre et de jeter l’anathème sur ces alternatives, et d’autre part de prendre nombre de caractéristiques du New Age, de se moderniser, dans le but d’attirer un public qui s’en éloigne irrémissiblement.

    Dans le cas de l’Islam, où même la doctrine d’Ibn Arabi est, dans certains noyaux, non seulement sanctionnée mais aussi prohibée, la forme que prennent cette subversion et ce rejet de tout ce que l’on n’imagine pas approprié, et le besoin d’imposer sa férule au reste, arrivent à l’extrême de nous faire croire que la shariyah est le taçawwuf, et des organisations religieuses dénaturent le sens de la Paix, la Soumission et l’Amour, c’est-à-dire la voie de Soufi et l’Islamisme authentique, en l’identifiant avec des intérêts particuliers, liés à l’historique et au relatif. L’on pense généralement, en Occident, qu’il existe un monobloc appelé Islam, alors que celui-ci se trouve au contraire divisé depuis son commencement entre chiites et sunnites ­et aussi les khâwarij, également orthodoxes­division qui existe encore et qui a donné lieu à de multiples fragmentations,28 qui tirent elles aussi l’épée les unes contre les autres, chacune imaginant détenir la vérité, avec une telle haine que les rixes chrétiennes en pâlissent ; cependant, cette haine commune engendre en Occident l’unification de quelques secteurs de ces religions, dans un fanatisme partagé, intellectuel et moral, qu’ils tentent de vendre sous le nom de traditionalisme.

    Il est effectivement vrai que l’on ne peut être soufi sans être musulman, et il est clair que l’étude du Coran sacré et des hadith, et l’approfondissement de la langue arabe ­ce dernier aspect étant également quasi indispensable dans d’autres traditions comme le taoïsme, le bouddhisme mahayana, etc.­ en sont les caractéristiques propres, mais ces possibilités ne sont cependant pas même offertes à ceux que trompent des groupes ­avec aujourd’hui malheureusement de nombreux membres en Europe et en Amérique­ qui, se présentant en tant que tarîqah (véritable ésotérisme) ne se consacrent en fait qu’à la loi, ou shariyah, et insistent que son respect, à la façon qu’ils l’entendent ­ils ont même des prétentions politiques­, le plus souvent arbitrairement, est le taçawwuf (initiation), et que le respect de ses normes et exigences sont des conditions indispensables pour obtenir les bénédictions d’une connaissance qui ne va pas au-delà de la religion.

    Bien entendu, il n’en est pas toujours ainsi, mais dans la plupart des cas ces mouvements qui, comme dans le cas du christianisme et du New Age, tentent de trouver leur profit au sein de la confusion et des nécessités spirituelles qui caractérisent la Fin de Cycle, sont une imposture. Nous devons ajouter que certaines personnes croient qu’être descendant direct du Prophète est une garantie sur le plan de la Connaissance, raison pour laquelle il faut souligner qu’il y a, et il y a eu, toutes sortes de cas dans sa descendance, et l’on connaît à notre époque des alternatives de dirigeants politiques ­sans aucun doute musulmans­ qui n’ont eu aucun lien avec la métaphysique, comme le roi Hussein de Jordanie et le roi Hassan du Maroc, récemment disparus, ou bien des play-boys notoires comme le furent, il y a quelques années, l’Aga Khan et son fils Ali Khan, sans compter des fanatiques religieux, voire des assassins connus, ou certaines personnalités que l’on aurait du mal à reconnaître comme étant islamiques, dont elles ne portent que le nom et n’ont rien de traditionnelles. Il y a aussi ceux qui se disputent et s’invalident mutuellement leurs lignées généalogiques qui, après tant de siècles et tant d’épouses, ne seront pas toujours suffisamment limpides.

    Nous avons fait remarquer à plusieurs occasions l’existence d’un authentique ésotérisme chrétien, islamique et juif, mais nous avons également constaté la difficulté d’y parvenir au moyen des organisations qui prennent ces religions et leurs apparats comme base indispensable de la réalisation métaphysique. Et qui prient un Dieu externe, étranger à eux-mêmes. Nous avons également donné ici des avertissements sur d’autres groupes en rapport avec le New Age et sur les fantasmagories à ce sujet. Quant à la Maçonnerie, institution initiatique occidentale par excellence, le panorama n’est pas plus clair, bien que ces dernières années ait pu s’observer un intérêt croissant des loges pour faire des recherches dans leurs origines et leurs contenus authentiques. Il n’est pas non plus toujours facile de se lier avec des ateliers qui pratiquent leurs rites dans un réel esprit Traditionnel et où l’on pourvoit l’apprenti ­initié virtuel­ des éléments qui lui permettraient d’accéder correctement à l’Enseignement. Dans la majeure partie des loges, le rite initiatique s’est cependant maintenu, reflet du rite cosmique, et tout frère peut, par sa propre méditation sur les symboles qui lui sont offerts et les rites qu’il pratique, arriver à comprendre le modèle de l’Univers, premier pas pour trouver là son issue vers d’autres plans ou niveaux de conscience, c’est-à-dire vers d’autres mondes qui, bien qu’invisibles ou informels sont tout aussi réels que ce qui se perçoit avec les sens. Comme dans toute initiation, cela suppose l’ascension d’une échelle, au moyen de degrés, sur laquelle chacun pourra arriver à destination, selon ses besoins ou ses capacités, comme tout dans la vie. De plus, nous avons déjà mentionné la Tradition Hermétique comme Voie d’accès à la Connaissance, donc nous ne répéterons pas ici ces concepts.29 Nous ajouterons que cette Tradition fut à une époque Hermético-Chrétienne dans sa façon de se manifester, mais jamais un ‘Christianisme Hermétique’, ce qui saute aux yeux avec l’ancienneté respective de ces deux Traditions, sans nommer d’autres motifs d’un autre ordre, ou niveau.

    Il ne nous reste qu’à signaler quelques autres dangers que peut rencontrer celui qui s’intéresse à la voie de la réalisation intellectuelle et spirituelle.

    Nous venons en effet d’employer les mots intellectuel et spirituel comme des équivalents, selon l’interprétation qu’en donne Guénon, puisque la sagesse en soi est une forme de sainteté, et l’inverse n’est pas forcément vrai, lorsque l’on suppose que le ‘miraculeux’ ou le ‘légal’ sur le plan naturel est le surnaturel. Pour des raisons de terminologie, la Sagesse et la Connaissance pourraient néanmoins se confondre avec une fausse intellectualité et souvent, encore pire, avec l’érudition et des listes de citations, noms, dates, références, à savoir avec d’immenses vétilles.

    Dans ce sens, il nous faut apporter notre critique aux universités et à leurs travaux profanes, qui sont gouvernées par des gens du commun, qui posent au savant et considèrent l’université plus importante que la Connaissance en prenant leur petite érudition pour de la sagesse, c’est-à-dire ce que l’on entend par références livresques30 comme le plus important, et jugent les autodidactes ­ainsi notre guide intellectuel René Guénon­ comme une chose mineure. Que les aspirants ne se fassent pas d’illusions : sur le sentier de la Connaissance, nous sommes tous des autodidactes à la recherche du Maître Intérieur et il n’y a pas d’Université qui nous conduise à l’Identité Suprême.

    L’attitude que nous venons de décrire est due, à de nombreuses occasions, à une sorte de conservatisme auquel nous nous accrochons et qui nous empêche de nous détacher de ce qui est notre trésor. De fait, la phrase évangélique qui dit que ‘il est plus facile qu’un chameau passe par le chas d’une aiguille qu’un riche entre au Royaume des Cieux’ (Saint Matthieu 19, 24), ne fait pas seulement référence à ceux qui accumulent de l’argent, mais à tous ceux qui sont ou se considèrent riches de quelque chose, que ce soit l’intelligence, la vertu, la science, l’art, la beauté ou quoi que ce soit d’autre. L’on a souvent pris pour exemple que si la coupe de l’ego est pleine, il est impossible qu’elle puisse recevoir les effluves célestes, les émanations divines.31 L’acquisition de la Connaissance, la Bonne Nouvelle, est incompatible avec un esprit économe qui garde quelques bouts de chandelles ‘au cas où’. Sur le sentier de l’Initiation cela est impossible, car l’on ne peut servir deux maîtres à la fois.32 En définitive, ce en quoi l’on est le plus riche, c’est en préjugés et illusions, auxquels l’on assigne une valeur seulement par les mécanismes de notre esprit dual qui conditionne ­quand il ne programme pas­ nos règles de comportement.

    Quant à nous, nous avons été sauvagement attaqués pour des affaires personnelles, bien que la plus grande part soit due à ce que nous avons soutenu dans ce chapitre et dans d’autres analogues, à savoir : par notre opposition à ceux qui confondent tout et tentent de faire passer la religion pour de la métaphysique, à leur tête des adeptes de Schuon et de Rey qui n’ont pas hésité à employer le complot, la trahison le mensonge, les injures, la diffamation, les insultes et autres grossièretés, dans le but de nous discréditer, sans comprendre qu’ils ne sont parvenus par ce moyen qu’à se discréditer eux-mêmes.33 Comment ces gens peuvent-ils prétendre avoir quelque chose à voir avec le sacré malgré leur volonté de suivre la Voie du Sacristain, ou un monisme radical (qui pour cela rend la dualité implicite) à l’idéologie totalitaire, c’est une chose que nous ne comprendrons jamais. Mais si nous sommes convaincus que c’est dans le cadre de l’œuvre de Guénon, le plus grand métaphysicien d’Occident, qui a soutenu en de nombreuses occasions ce que nous disons34 ­ou plutôt, nous disons la même chose que lui car, selon ses propres mots, il ne fait que manifester la Tradition Unanime­, que se produit ce qu’il a appelé la contretradition, commencée par ceux qui ont profité de sa personnalité pour ensuite la trahir ou la dénaturer, et là se produit à notre échelle le plus triste signe des temps.35


NOTES 
20
« Laissez-les ; ce sont des guides aveugles ; si un aveugle guide un autre aveugle, ils tomberont tous deux dans la fosse. » (Saint Matthieu 15, 14).
21
« Ce n’est pas ce qui lui entre dans la bouche qui fait l’homme impur ; mais ce qui lui sort de la bouche, cela est ce qui rend l’homme impur. » (Saint Matthieu 15, 11).
22 « Car celui qui veut sauver sa vie la perdra. » (Saint Matthieu 8, 35). 
23
Si l’on est pas ­et pour être il faut être libre­ l’on ne peut s’identifier avec l’Être Universel. La communication ne s’établit pas, car l’Être Universel est la Liberté, car il n’a aucune sorte de conditionnement, à commencer par le spatio-temporel. « La vérité vous rendra libres ». (Saint Jean 8, 32).
24
La même chose se passe avec l’humilité acquise par rapport à un Univers, ou une déité, bien plus grande. L’humilité se donne sans raison ; c’est une vaine tentative que de désirer être humble, lorsque ce n’est pas une démarche égotiste qui veut secrètement nous rendre meilleurs que les autres.
25
« Qui de vous, à force de soucis, pourrait ajouter une seule coudée à la longueur de sa vie ?» (Saint Matthieu 6, 27).
26
« Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous fermez au nez des hommes le royaume des cieux ! Vous-mêmes en effet n’entrez pas, et vous ne laissez pas (entrer) ceux qui sont pour entrer. » (Saint Matthieu 23, 13).
27
Le traître crée le héros. Son existence est pour lui indispensable, tandis que pour le héros sa présence est une ombre de lui-même. C’est pour cela que ces deux composants mythiques ne peuvent jamais être mis sur le même niveau. D’autre part, la trahison est comprise dans la cérémonie.
28
En Argentine, il y a au moins sept ou huit groupuscules qui, invoquant le prophète Ali, se sont constitués en ‘tariqas’ libres. Cela est facilité par la constitution même de l’Islam, religion du désert, où chaque fidèle est indépendant du reste de la Uma, et où d’innombrables soufis sont morts des mains du califat ; précisions que de nos jours il existe dans cette tradition, en Orient, encore beaucoup d’entre eux complètement éloignés de toute soi-disant institutionnalisation à la mode occidentale, plus en rapport avec les firâq, ou sectes, profitant du fait que les aleyas, ou versets des sûras du Coran sont sujets à l’interprétation, raison pour laquelle certains sages islamiques ont même nié la possibilité de traduire ce livre sacré.
29
« On doit donc, comme nous le disions déjà précédemment, parler de quelque chose qui est caché plutôt que véritablement perdu, puisqu'il n'est pas perdu pour tous et que certains le possèdent encore intégralement; et, s'il en est ainsi, d'autres ont toujours la possibilité de le retrouver, pourvu qu'ils le cherchent comme il convient, c'est-à-dire que leur intention soit dirigée de telle sorte que, par les vibrations harmoniques qu'elle éveille selon la loi des ‘actions et réactions concordantes’, elle puisse les mettre en communication spirituelle effective avec le centre suprême. » (René Guénon: Le Roi du Monde, ch. « Le centre suprême caché pendant le ‘Kali-Yuga’ »). (Voir article de Monsieur A. Bachelet :  « Autour de la Parole Perdue des maîtres maçons », SYMBOLOS Nº 19-20, p. 214, note 9).
30
« Conducteurs aveugles, qui filtrez le moustique, et avalez le chameau ! » (Saint Matthieu 23, 24).
31
« On ne met pas non plus du vin nouveau dans des outres vieilles : autrement, les outres éclatent, le vin se répand et les outres sont perdues; mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et les deux se conservent.» (Saint Matthieu 9, 17).
32
« Nul ne peut servir deux maîtres : car ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. » (Saint Matthieu 6, 24).
33
« Heureux serez-vous, lorsque les hommes vous haïront, lorsqu’ils vous excommunieront et insulteront, et proscriront votre nom comme mauvais à cause du Fils de l’homme. » (Saint Luc 6, 22).
34 Voir  addenda
35
Il serait intéressant de se demander s’il n’est pas en train de se passer la même chose avec la religion. En effet, en ce qui concerne les chrétiens de ces mouvements à la mode néo-fasciste ou fondamentaliste ­nous préférons nous abstenir de parler actuellement des islamiques­, nous savons, au travers de leurs propres écrits, qu’ils refusent l’autorité religieuse, qu’ils considèrent que ses rites ont été dénaturés, qu’ils ne connaissent pas non plus l’orthodoxie catholique, ayant lu peut-être, avec de la chance, deux ou trois pages de la Somme théologique, ou Contre les Gentils, de Saint Thomas d’Aquin, et ne se soumettent pas aux commandements. Quelles intentions ont-ils à s’abriter derrière le bouclier de la religion ? Quel est ‘l’esprit’ qui les anime ? Ne serait-ce pas judicieux de mentionner ici le cagastrum alchimique et ‘paracelsien’ en tant que manifestation de la corruption et de la putréfaction ?