CHAPITRE VII
AU SUJET DE RENÉ GUÉNON
(suite)
 

VERS LA TRADITION. Actes des Journées traditionnelles à Reims. "Autorité Spirituelle et Pouvoir Politique". 14, 15 y 16 de Noviembre 1986. 'Dans le cadre de la commémoration du Centenaire de la naissance de René Guénon'. 14, avenue du Général de Gaulle - B. P. 193. 51009 Châlons sur Marne, cedex. FRANCE. 107 pp. Dirigée par Roland Goffin.

SOMMAIRE: A NOS LECTEURS; PROPOS INAUGURAUX; MESSAGES; Jean Tourniac: Une Cité Traditionnelle pour ce siècle?; Roland Goffin: Réflexions pour une conception traditionnelle de la Cité; Henri Hartung: Une Cité traditionnelle Vivante: Ramana Maharshi; Kheireddine Badawi: La Cité Islamique; Message Du Cheikh Khaled Bentounes; Cheikh Ahmed Ben Mustapha Al-Alawi: Bismillah Erahman Erahim Lotfiya; Jean Pierre Laurant: Les récits de voyageurs dans quelques écrits et correspondances de René Guénon; "Reims, Cathédrale du Sacre" (Film) et discussion entre Paul Barba-Negra, Jean Hani, Patrick Demouy et l'Abbé Jean Goy; Jeanne-Henriette Louis: Autorité spirituelle et pouvoir politique à Philadelphie dans l'Amérique coloniale; Jean Hani: Que faire dans la Cité d'aujourd'hui; Michel Michel: Légitimité et communauté: de la communauté comme mésocosme; CONCLUSION.

   Cette publication recueille dans un unique volume les conférences qui eurent lieu à Reims, parrainées par la revue VERS LA TRADITION en raison su centenaire de la naissance de Guénon, sous le titre "Autorité spirituelle et pouvoir politique (une cité traditionnelle est-elle encore possible?)".

   Nous voulons avant tout souligner la qualité de ce travail collectif, dont nous apprécions non seulement l’opportunité qu’il nous donne de vérifier que certains aspects fondamentaux de la doctrine traditionnelle sont vivants et toujours d’actualité, mais aussi l’effort fourni par la plupart des auteurs afin de donner une critique constructive de "l’état actuel des choses", si nous pouvons nous exprimer ainsi. L’on y trouve, en général, une volonté manifeste de découvrir, comme le dit Jean Tourniac, "les possibilités d’application" des principes métaphysiques dans l’ordre social actuel, et l’on y arrive à d’intéressantes conclusions qui nous font renvoyer le lecteur aux textes originaux car le but de ces lignes n’est pas d’en faire un exposé détaillé, ce qui serait à la fois ardu et en quelque sorte négligeant, car il nous semble important de tenir compte aussi bien du contexte dans lequel se développent certaines idées de type politique que des arguments exposés, thèmes où nous ne voulons pas entrer car il sont en-dehors du point de vue symbolique qui est celui qui nous intéresse ici.

   Cela étant, Monsieur R. Goffin précise cependant dans son intervention, et au nom des participants, qu’ils ne tentent pas de s’ériger en politiciens ou idéologues de la ville en fabriquant des systèmes sur des a priori ou de pseudo-principes, ce qui est en général, permettons-nous de l’ajouter, caractéristique des agissements actuels des politiciens et architectes modernes.

   Nous disons architectes bien qu’aucun des articles ne traite du problème complexe de la ville "physique", de la structure urbaine qui croît par addition et non pas par juxtaposition organique, comme ce serait souhaitable dans la presque totalité du monde moderne. Il ne s’agit pas là d’une considération aussi générique qu’il semblerait, car une "ville traditionnelle" l’est autant pour sa structure sociale que pour sa structure urbaine, celle-ci remplissant la fonction de support "physique", fonction qui, soit dit en passant, lui est conférée en vertu du rite fondateur, ce qui prouve son adaptation aux principes métaphysiques. Et cet aspect important (l’on peut même dire fondamental) n’est pas passé inaperçu de Guénon, car il est à la base même de "l’idée" de ville : c’est le rite qui confère la validité à l’ordre. L’urbanisme a toujours été une question politique (au sens noble des termes), bien qu’il faille observer dans l’actualité que c’est précisément le contraire : c’est la politique vulgaire qui s’appuie sur un urbanisme vulgaire, de façon que les architectes et les urbanistes modernes parviennent à avoir plus de "pouvoir" que les politiciens.

   R. Goffin se montre néanmoins totalement sceptique en ce qui concerne "les possibilités d’application" des sources traditionnelles dans la société actuelle (bien qu’un peu plus optimistes, J. Hani et J. Tourniac sont de son avis), en raison de la "subversion", comme l’appelle J. Hani, de la science et de l’art contemporains. Il soutient cependant que, ce qui n’est pas possible au niveau collectif l’est au niveau individuel, ce qui revient à dire que la (re)construction d’une ville traditionnelle, ce qui ne signifie pas idéale ou utopique, passe par un véritable changement interne, de l’intérieur vers l’extérieur, car l’extérieur ne peut pas ­voire même ne doit pas­ s’ordonner sans une indispensable "attitude" intérieure s’occupant du non-personnel. Les auteurs cités s’accordent à l’exprimer par la phrase biblique regnum Dei intra vos est. Ce serait certainement, il nous semble, la seule façon d’envisager un changement profond de l’actuelle polis : de l’individuel vers l’universel en passant par le général, où était précisément encadrée la structure sociale comme une "forme" limitrophe ou une charnière entre les principes transcendants et la concrétisation physique ou corporelle. Nous regrettons cependant que, en ce qui concerne les voies par lesquelles ce changement interne peut être effectif, aucun des auteurs ne se réfère à la tradition hermétique/alchimique, tradition ésotérique et occidentale par antonomase et qui constitue, pourrions-nous dire en reprenant une expression de R. Goffin, notre véritable forma mentis. Pour dire ces mots, nous nous basons sur Guénon lui-même qui, dans La Grande Triade, ch. XIX, fait le rapport entre Soufre-Mercure-Sel et regnum Dei intra vos est. Nous savons que la doctrine traditionnelle n’adopte pas forcément une forme religieuse pour être tout aussi efficace.

   À ce sujet, il nous semble pour le moins curieux, tout comme l’est par ailleurs le fait que, dans toute l’œuvre que nous commentons, n’apparaisse pas substantiellement le mot symbole, qu’aucun des auteurs intervenant durant les Journées ait mentionné un aspect que nous considérons d’une importance capitale et qui établit un rapport fondamental avec la tradition hermétique. Nous nous référons au fait que Guénon fasse la relation entre autorité spirituelle et pouvoir temporel avec, respectivement, "Les Grands Mystères" et "Les Petits Mystères" (Autorité spirituelle et pouvoir temporel, ch. VIII et La Grande Triade, ch. IV) et en citant littéralement un paragraphe de De Monarchia de Dante. De fait, M. Michel cite ce paragraphe pour appuyer une autre citation de Saint Thomas d’Aquin qui se réfère à la politique comme étant « la science qui traite de l'objet le plus noble et le plus parfait qui puisse atteindre l’homme dans cette vie... » ce qui dénote en outre une parfaite concordance avec la philosophie aristotélicienne (cf. par exemple le début de Éthique à Nicomaque), bien qu’il ait par la suite tout simplement abandonné cette idée et passe à son étude qui, soit dit en passant, se place dans la perspective d’un "sociologue chrétien", comme il se définit lui-même, ce qui suscite de nombreuses objections parmi lesquelles nous soulignerons celle qui fait référence à la trahison que représente, selon lui, le fait de "jouir" en solitaire de la tradition. Il n’y a qu’à se rappeler qu’Aristote lui-même, pour demeurer dans le même domaine, insiste dans le livre X de Éthique à Nicomaque, que l’activité intellectuelle du philosophe le rend "autosuffisant" par-dessus les autres occupations puisque, des trois "styles de vie" qui, selon lui, sont possibles, la politique est le second tandis que le plus élevé correspond à celui des philosophes, ce que l’on retrouve également chez Platon, avec des références plus explicites au chemin initiatique.

      Le pouvoir temporel fait référence à la pleine réalisation des possibilités que l’homme contient, à l’obtention d’un état "édénique" où sont résolues non seulement les questions concernant le bon ordre de la polis (de "l’état bon en soi"), mais aussi, fondamentalement, la dualité qu’implique avec le monde tout point de vue relatif ou toute vision privative ou séparée de l’individu. Le pouvoir temporel se réfère à la réalisation de la perfection humaine, à la fin des "Petits Mystères" et donc le pouvoir politique n’épuise pas le pouvoir temporel, bien que ce dernier puisse être pris symboliquement comme son paradigme. Et c’est là une chose que formulèrent clairement les philosophes grecs (surtout Platon dans La République et Aristote dans Éthique à Nicomaque et Politique) : un législateur n’est pas pour eux un politicien de plus, tout comme un éducateur n’est pas un père de plus, ou un architecte n’est pas un technicien de plus dans la construction d’un édifice ou d’une ville. Ici, comme en tout ce qui concerne le point de vue symbolique, il ne faut pas perdre de vue que la hiérarchie des idées s’établit de haut en bas, étant une expression de la cosmogonie, et par conséquent l’inférieur est le symbole du supérieur et non l’inverse. Tout aussi importante est la constatation que la tradition occidentale coïncide, au sujet de la doctrine métaphysique, sur ce point et sûrement sur d’autres, avec la tradition hindoue, et ce n’est pas par hasard (et c’est aussi très significatif) que Guénon ait précisément choisi Dante pour étayer cette analogie et non pas Saint Thomas d’Aquin ou Aristote.

   Il nous reste pour terminer à mentionner l’article de H. Hartung où il établit une série d’analogies non dénuées d’intérêt entre Guénon et son œuvre et Ramama Maharshi ; le colloque entre plusieurs assistants sur le film "Reims, Cathédrale du Sacre" qui, à en juger par les commentaires, semble très intéressant et que nous regrettons n’avoir pas eu l’occasion de voir.

*
*    *

VERS LA TRADITION: "Répandre la lumière et rassembler ce qui est épars". 14, avenue de Général de Gaulle; B. P. Nº 193, 51009 Châlons-en-Champagne Cedex, France. Trimestriel. Depuis 1993, 64 pages.

   Cette publication, dirigée par Roland Goffin, existe depuis ans en 1991, diffusant « la Tradition, une et universelle, mais diverse dans ses formes d'expressions » conjointement avec l’Association des Amis de Vers La Tradition qui déclare : « l’œuvre de René Guénon orientera fondamentalement ses voies de recherches, son action, ses formulations, mais en harmonie avec tous autres auteurs, doctrines et autorités conformes aux principes traditionnels ».. En effet, ce groupe a travaillé concrètement à la tâche qu’ils se sont assignée et les fruits de ce labeur ont été un numéro spécial commémorant le centenaire de la naissance de Guénon, l’organisation des "Journées Traditionnelles de Reims", dont ils ont également publié les actes, et, actuellement, la création des "Sessions d’études traditionnelles", prévues pour l’été, qui pourraient se répéter périodiquement. L’on annonce également pour bientôt une numéro spécial consacré à "Art et Tradition".

   Cette revue compte parmi ses collaborateurs réguliers messieurs Roland Goffin, Jean Tourniac, Gaston Georgel, Henri Hartung, Jean-Pierre Laurant, Nikos Vardhikas, etc., ce qui est déjà en soi une indication du niveau doctrinal de ses publications auquel elle joint la ferveur toujours renouvelée de ceux qui, ayant trouvé ce qu’ils cherchaient, ressentent le besoin de le partager avec d’autres, tâche à laquelle ils consacrent tout simplement leur vie. Notre intention est de commenter régulièrement et en détail cette publication aussi riche que militante et sans implications "politiques".

   Les sessions sur le thème "Quelle humanité ? Demain..." furent organisées par "L’Association des Amis de Vers la Tradition" et dirigées par Roland Goffin. Elles eurent lieu à Reims (France), du 31 août au 2 septembre 1991. Y participèrent des écrivains et des artistes d’importance liés à l’œuvre de René Guénon, comme Jean Tourniac, président d’honneur, et Jean Hani, président de fait, ainsi que d’autres intervenants d’importance moindre, qui examinèrent le thème sous diverses perspectives. Nous en donnerons une liste complète pour n’en exclure aucun : J. Biès, J. Borella, D. Boubakeur, D. Cologne, P. Demouy, D. Devie, H. Giriat, R. Goffin, M. A. Grimbert, A. H. I. Guiderdoni, A. de Kerros, J. H. Louis, P. Marcelot, Abd al Wahid Pallavicini, J. P. Sironneau, P. Vaillant, M. Van Parys, N. Vardhikas.

   Durant ces Journées se tinrent de plus diverses tables rondes avec la participation de plusieurs des conférenciers, Michel Michel et Paul Barba Negra ; ce dernier, cinéaste, présenta également ses travaux, et des œuvres plastiques furent exposées. Les actes de ces sessions se publieront durant le second semestre 1992 ­comme cela avait été fait avec les précédentes sous l’égide de "Vers la Tradition"­ et il est possible de s’y abonner.

   Nº 48 (Juin-Juillet-Août 1992). A la section livres se trouve un ample commentaire (environ sept pages de notre format) sur le premier numéro de SYMBOLOS. Signé par John Deyme de Villedieu, l’article examine chacune des participations de nos collaborateurs et octroie à SYMBOLOS une importance inattendue pour une publication en espagnol. Nous attendons la suite du travail de critique de Monsieur de Villedieu, car il n’a fait le compte-rendu que d’une partie du premier numéro de notre revue.

   Nº 49 (Septembre - Octobre - Novembre 1992). Dans ce numéro s’achève le long et minutieux examen que Monsieur Deyme de Villedieu fait passer à notre revue, article par article, et qui avait été commencé en août de l’an dernier. SYMBOLOS remercie les responsables du compte-rendu de l’attention qu’ils nous portent, et accepte et considère les critiques qu’ils ont émises.

   Nº 51-52 (Mars-Avril-Mai-Juin-Juillet-Août 1993). De ce double numéro, bien que tous les articles possèdent un grand intérêt, nous voulons insister, pour différentes raisons, sur les travaux suivants : Entour de la Tradition et de la Parole perdue, De l'unité immanente des religions orthodoxes, Destin eschatologique de la Franc-Maçonnerie, La semaine (si pleine de trouvailles linguistiques) et Sur la suite des nombres "premiers".. Pour des raisons particulières, et fondamentalement par manque de temps, nous ne pouvons faire le compte-rendu de chacun des articles importants de cette revue, comme nous le souhaiterions, car ils le méritent. C’est également le cas pour d’autres publications signalées dans Revue de Revues ; mais nous voulons préciser que cette section de SYMBOLOS porte ce nom parce que, dès le commencement, nous avons seulement voulu mettre en évidence certains moyens traditionnels pouvant être utiles au travail intellectuel et au rite de sagesse de nos lecteurs. Nous recommandons ainsi la lecture de cette revue dans son ensemble, dont l’un des plus grands apports est, selon nous, de "réunir" ce qui est dispersé (ainsi le dit la devise de la publication), ce qui n’est pas un mince labeur, ni au sens profond, ni au sens littéral, si on l’applique à la conciliation des différents points de vue envisageables pour la lecture de l’œuvre de Guénon, ce qui témoigne de sa validité universelle. Il est donc logique que chacun choisisse sa propre voie (ou darshana) en optant soit pour une forme traditionnelle, soit un aspect de cette forme traditionnelle, par exemple, la cosmogonie comme support de la métaphysique (ce qui est très net dans la Maçonnerie), qu’il pourra trouver de façon unanime en faisant des recherches dans d’autres traditions qui ont dû connaître comment est, ou ce qu’est le cosmos pour aspirer à le transcender, ou plutôt pour se libérer se leurs propres illusions en détruisant ou dissolvant le pouvoir du Démiurge. Mais tous ne croient pas que les génuflexions et la piété religieuse soient nécessairement assimilables à cette aspiration, elles tendraient plutôt, au contraire, à se confondre avec, à l’instar des morales qui mettent l’accent sur les comportements individuels et relatifs.

   Nº 53 (Septembre-Octobre-Novembre 1993). Nous relèverons dans ce numéro les études de Tara Michaël et Jean Cantiens qui, bien que signalant des aspects différents de la Tradition Hindoue, se complètent harmonieusement dans l’ensemble de la revue.

   L’Éloge de l’Égocentrisme est des plus intéressants (nous avons remarqué que beaucoup des articles de V.L.T. sont signés de pseudonymes, dont un signé Aymon) et aussi l’article de R. Goffin, synthétique. Nous recommandons aussi la lecture du texte signé par le Centre d’Études Métaphysiques "René Guénon" de Milan, qui est la suite d’un autre, publié dans le numéro 50. Nous devons également souligner les mentions correspondant à nos numéros 3 et 4, de la main de J. Deyme de Villedieu.

   Nº 55 (Mars-Avril-Mai 1994). Ce numéro comprend un compte-rendu du Nº5 de SYMBOLOS, dans lequel se distingue la note sur La Sardane, danse symbolique, de notre collaborateur A. Guri.

* * *

   Les 12 et 13 octobre 1996, les Amis de Vers la Tradition organisèrent, à Reims, "De la Suprématie du Spirituel sur le Temporel" qui bénéficia des interventions suivantes : Roland Goffin: Liminaire; Finalité spirituelle et finalité temporelle; Philippe Bouet: Autorité et Pouvoir en Franc-Maçonnerie; Michel Rouge: " 'Amr" et "Hukm", Autorité Spirituelle et pouvoir temporel en Islam; Nikos Vardhikas: Le modèle trinitaire, ou de la source commune au sacerdoce et à la royauté; Patrick Demouy: Clovis et l'Eglise; Max Célérier: Rapports du spirituel et du temporel dans l'art; Jean Hani: Le Sacré-Cœur, le Graal et la royauté; Rabbin Haïm Korsia: Onction et Baptême dans le Judaïsme; Abd-al Haqq Guiderdoni: Autorité Spirituelle et pouvoir temporel dans la perspective eschatologique; Philippe Vaillant: Autorité Spirituelle et pouvoir temporel dans la chanson de geste "Les 4 fils Aymon"; Bruno Etienne: "Sacré, profane, sacerdoce" le point de vue de l'anthropologie; Michel Michel: "La voie héroique" dans le christianisme; Shaykh' Abd-al-Wâhid Pallavicini: Dans l'attente de la réunion des deux pouvoirs. 174 pp.

   Les 9 et 10 octobre 1999 eut lieu, à Châlons-en-Champagne, parrainé par cette revue et par Le Cercle Melki-Tsedeq, l’événement suivant : VI Colloque "Fin du 2e. Millénaire du cycle Chrétien… et Fin de l'âge sombre?", publié en juillet 2000. 180 pages.

* * *

[Voir aussi SYMBOLOS: Arte - Cultura - GnosisChapitre IX : "FRANC-MAÇONNERIE"]

* * *

[Voir aussi, en castillan, les notes de lecture de :

SYMBOLOS: Arte - Cultura - Gnosis "Quelle humanité? demain..." 'Nouvel-age et Techno-nature ou les défis d'un monde crépusculaire'. Actes du Colloque organisé à Reims du 31-8 au 2-9-91 pour le 40e anniversaire de la mort de René Guénon.

SYMBOLOS: Arte - Cultura - Gnosis"Pour Nous, René Guénon. 1886-1951". Hommage pour le cinquantième anniversaire de son retour à Dieu. Ce que nous lui devons". París, 2001.]


*
*    *


RIVISTA DI STUDI TRADIZIONALI. Viale XXV Aprile 80. 10133 Torino. ITALIA. Directeur responsable, Bruno Riva.

   Nº 82-83. Janvier - décembre 1996. 150 pages. SOMMAIRE: P. Nutrizio: Sul "Risorgimento esoterico"; L.V. - G.S.: La Bibbia vista dall'Islâm - Introduzione e capitoli IX e XL; G. Ponte: L'iniziazione massonica nel mondo moderno - parte III; A. K. Coomaraswamy: Chiose sulla Katha Upanishad (parte III - sezione 2ª) preceduto da Katha Upanishad Canti V e VI (con il commento di Shrî Shankarâchârya); Muhyiddîn ibn' Arabî: Le tappe divine nella via del perfezionamento del regno umano; RECENSIONI: A. Balestrieri: Le riviste: "Il Silenzio di Sparta" sulla "dissoluzione".

   Nº 86. Janvier - juin 1998. 86 pages. A. Balestrieri: Di un "Documento confidenziale inedito" (e delle "aporie" del suo "autore") - II parte; Muhyiddîn ibn 'Arabî: Al-Futûhâtu-l-Makkiyyah - Introduzione (muqaddimah) del libro; S. Shankarâchârya: Commento alla Katha Upanishad (Canto I).

   Nº 87. Juin - décembre 1998. 86 pages. A. Balestrieri: Di un "Documento confidenziale inedito" (e delle "aporie" del suo "autore") - III parte; Muhyiddîn ibn 'Arabî: La Nicchia delle Luci - I parte; Muhammad ibn Fazlallah el Hindi: Epistola sulla manifestazione del profeta (traduzione di 'Abdul-Hâdî). Recensioni.


*
*    *


RENE GUENON E L'OCCIDENTE. Pietro Nutrizio et altri. Luna Editrice, Milano 1999.

   Cet épais volume, composé d’articles parus dans l’ancienne revue Studi Tradizionali qui se publie encore, signés par Pietro Nutrizio, A. Ballestrieri, et en comprenant d’autres de la main de collaborateurs de la revue, est un ouvrage important sur l’œuvre et la personne de René Guénon, que les auteurs jugent providentielles pour l’Occident moderne. Édités par Luna Editrice, maison qui a publié Oriente e Occidente (1993), Autorità spirituale e Potere temporale (1995), Sull'esoterismo cristiano (1995), Considerazioni sull'iniziazione (1996), Studi sull'Induismo (1996), Iniziazione e realizzazione spirituale (1997), Il simbolismo della croce (1998), La Metafisica orientale, etc., ce livre est le complément des titres énumérés plus haut, et s’offre d’ailleurs au grand public et pas seulement aux lecteurs spécialisés de Studi Tradizionali. La polémique n’en est pas absente, puisqu’il s’agit d’une défense passionnée de l’œuvre de Guénon face aux diverses déformations dont elle a été l’objet, en particulier dans les milieux catholiques et avant même sa mort. Quant au "Document confidentiel inédit" (voir SYMBOLOS Nº 19-20, 2000, page 255) écrit par J. Reyor ­à l’origine de bien des critiques malintentionnées sur Guénon, celles en particulier de M.-F. James ou autres­ nous pensons que la médisance de l’auteur s’y trouve reflétée de façon palpable et que l’œuvre extraordinaire du métaphysicien français ne s’en trouve en rien affectée. Nous ne coïncidons peut-être pas avec toutes les appréciations qu’il contient, mais si avec les grandes lignes de cet ouvrage, réalisé avec la bonne foi et la connaissance du sujet de ses auteurs.


*
*    *


RENÉ GUÉNON. Paul Sérant. Le Courrier du Livre. Paris 1977. 230 pages.

   Publié pour la première fois en 1953 ­la seconde édition est de 1977­ ce livre fut le premier à être édité sur l’œuvre et la pensée de René Guénon. Son auteur, Paul Sérant, s’est par la suite occupé de problèmes politiques abordés d’un point de vue catholique et traditionaliste français. Les premières 160 pages de la seconde édition, qui est celle que nous commentons, font un résumé succinct de la vie de Guénon en France et au Caire, encore que divers auteurs aient par la suite ajouté dans leurs travaux d’autres données plus précises. Et nous ne faisons pas seulement référence à La vie simple de René Guénon, publiée en 1958 par Paul Chacornac, où l’on donne une version quelque peu naïve du grand métaphysicien français. Sérent poursuit avec des résumés de différents aspects de l’œuvre de Guénon, d’où se démarquent, à notre avis, ceux qui traitent de la décadence du monde moderne, par lesquels le biographe se sent le plus concerné, comme il le déclare lui-même (cela a été le cas d’autres personnes de droite et liées au catholicisme français), et ceux qui se réfèrent à l’hindouisme qu’il synthétise avec clarté. De fait, tout le livre est clair, bien que l’on doive y voir des intentions en rapport avec le christianisme, et, étant la première œuvre monographique consacrée à Guénon, elle partagea avec le numéro d’Études Traditionnelles sorti l’année de la mort du métaphysicien son influence sur l’appréciation postérieure de l’œuvre et de la pensée "guénonienne" dans certains milieux chrétiens de France, dans ce sens qu’elle conduisit les eaux de la summa de Guénon au fleuve de l’Église de Rome, encore que convenablement critiquée et expurgée au point de pratiquement renier la différence entre métaphysique et religion et de déclarer que la Maçonnerie est une initiation "virtuelle" ­comme s’il n’y avait pas des Obédiences traditionnelles et surtout des loges Opérantes avec la faculté d’octroyer des initiations effectives à tous ceux qui seraient réellement qualifiés­ en dépit de citer les passages où Guénon affirme que la Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage sont les deux uniques institutions qui peuvent se réclamer d’une filiation traditionnelle directe, bien que faisant suivre ces déclarations de Guénon des critiques qu’il a lui-même faites de la Maçonnerie spéculative contemporaine ; Monsieur Sérant doit savoir en ce cas que la religion chrétienne n’obtiendrait pas même cette "virtualité", selon le discours de Guénon.

   À partir de la page 165, l’auteur, tout en continuant de souligner les mérites de Guénon, fait appel à certaines critiques qui, non seulement communes aux milieux religieux, résument aussi généralement celles qui, par divers moyens, furent émises du vivant et à partir la mort de Guénon, moment où fut écrit le livre de Monsieur Sérant. Il se peut que quelques-unes ­ou plusieurs­ de ces critiques soient valables, mais elles sont bien évidemment perdues dans l’importance même de l’œuvre, qui est ce que nous souhaitons présenter aux lecteurs de SYMBOLOS, afin qu’ils puissent estimer les points en question à travers notre hommage.

   Le livre s’achève par une postface avec l’énumération de divers points critiques développés de 1952 à 1977, où l’on insiste de nouveau sur le Christianisme ­et l’incompréhension qu’en avait Guénon­ et la Maçonnerie, et où l’on a la lamentable idée de citer F. Schuon comme une autorité en la matière en lui attribuant cette phrase : « sans la qualification morale, la qualification spirituelle est pratiquement inopérante », ce qui prend une connotation totalement cynique aux oreilles de ceux qui connaissent ce faux prophète de l’Ère Nouvelle. Nous recommandons les 150 premières pages comme un bon travail universitaire pouvant être complété par la lecture d’œuvres postérieures sur le sujet.




Suite