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Nous pensons d'une grande partie de la confusion sur la figure de Guénon, particulièrement en ce qui concerne sa pensée, est due au livre de Chacornac La Vie Simple de René Guénon. Paru peu après sa mort, il nous montre un Guénon naïf, aseptisé et totalement respectable, un cliché qu'il faut imiter avec des manières circonspectes et en se donnant des airs sages et rigides. D'autre part, le livre se lit avec intérêt, et certains aspects de la biographie et de la pensée de Guénon sont présentés respectueusement, ce qui rend sa lecture recommandable. |
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RENE GUENON E LE FORME DELLA TRADIZIONE. Nuccio D'Anna. Ed. Il Cerchio. Rimini, 1989. 211 pages. Comme son titre l’indique, cette étude porte sur quelques-unes des formes religieuses traditionnelles que Guénon a connues personnellement ou desquelles il avait obtenu des informations de première main, à l’exception du Bouddhisme duquel il fait une excellente analyse historique qui aurait pu être remplacé par la Tradition Hermétique, objet d’innombrables citations et apports de Guénon, dont la Franc-Maçonnerie est héritière et que le grand métaphysicien français a amplement traitée ; cela ne retire rien à l’immense intérêt de la Tradition Bouddhiste, surtout pour les lecteurs de Guénon qui pourraient trouver dans ce travail de Nuccio D’Anna des éléments traditionnels qui leur sont familiers et se trouvent présents dans cette tradition, se référant spécialement à leur aspect tantrique et mahâyâna. L’auteur de cette étude commence par une introduction globale à la pensée guénonienne, et en général à la pensée traditionnelle qu’il exprime dans son œuvre, dans laquelle il fait la critique des jeunes années de Guénon et son rattachement aux milieux ésotériques occidentaux auxquels il appartint, au point de trouver "problématiques" les relations entretenues par Guénon avec ces groupes pendant des années, surtout à la lumière, dit-il, de son œuvre postérieure. Nous ne partageons pas cette appréciation et nous y voyons certain préjugé courant : celui de relier exclusivement les religions "officielles" majoritaires à la Tradition, au détriment des églises dispersées, des déjà mentionnées Tradition Hermétique et Franc-Maçonnerie, et des innombrables traditions archaïques encore vivantes auxquelles Guénon aussi fait référence, notamment les américaines. Là se trouve sûrement la raison de la division de son livre en sept chapitres, nombre d’un emploi fallacieux. L’érudition de l’auteur su l’œuvre de Guénon est cependant digne de tout notre respect, car sa pensée se trouve être exprimée clairement dans les différents chapitres consacrés à l’Hindouisme, le Taoïsme, la Kabbale, le Christianisme et l’Islam ; c’est un point particulièrement important, car D’Anna a extrait de divers textes guénoniens différentes citations et affirmations au sujet de ces traditions, qu’il a ordonnées de façon cohérente, clarifiant dans une large mesure sa pensée sur elles et en en présentant une version originale, qui évite leur dispersion tout au long de l’ouvrage. C’est là le travail fondamental de l’auteur qui utilise par ailleurs sa grande connaissance des traditions commentées et de la pensée traditionnelle en général pour mener son travail à bonne fin. Tout est remarquable dans cette œuvre, qui mériterait elle aussi d’être traduite dans notre langue, mais nous voulons signaler les chapitres sur l’Hindouisme et la Kabbale, où certains aspects de la doctrine des cycles sont développés, et la conclusion d’où ressort, entre bien d’autres choses, que Guénon n’accordait aucune importance à la politique, en dépit des efforts de quelques groupes, et qu’il ignora aussi bien la droite que la gauche, division, ajouterons-nous, qui a aujourd’hui dépéri. |
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LA PLACE ROYAL. La Crise de l’Église. Nº 34-35. Hiver 94-95. Adresse : B.P. 88 - 81603 GAILLAC CEDEX - FRANCE. Textes de Luc-Olivier d'Algange, Hervé Boitel, Bruno Dietsch, Frédéric Luz, Henry Montaigu, Jean Parvulesco, Eric Vatré et deux inédits Henry Montaigu. Nous voulons signaler tout particulièrement le numéro double 34-35 de cette revue, consacré à la Crise de l’Église, sujet aussi actuel que sérieux et délicat. Et cette critique prend un intérêt particulier puisqu’elle s’établit au plus profond d’une conviction à la fois métaphysique et religieuse, car ceux qui la formulent sont de confession catholique et appartiennent à la Grande Tradition Chrétienne. En effet, l’Église Catholique voit s’ébranler ses bases et s’écrouler l’édifice que saint Pierre et saint Paul portèrent à Rome, où cette Église devint une institution qui, des siècles durant, jusqu’au Moyen Âge, entretint la flamme de la Sagesse et le message ésotérique de ses Évangiles. C’en est arrivé au point qu’il est évident, pour les rédacteurs de ce numéro de la revue ainsi que pour tous les chrétiens sincères que cette Église est celle de la Fin, que l’on ne peut rien en attendre sauf une interprétation littérale du message chrétien et une soi-disant adaptation aux mouvements, toujours relatifs, liés au progrès scientifique et à une aussi vague que démagogique "justice sociale". Il est évident que les véritables objectifs d’une institution comme l’Église Catholique doivent être éminemment et par-dessus tout spirituels, et non matérialistes, toujours liés à des intérêts particuliers ou de groupe, qui sont aujourd’hui blancs et noirs demain. Il suffit de lire de dernier Catéchisme Chrétien pour obtenir un témoignage direct de ce que nous énonçons, auquel pourraient s’ajouter le manque de vision et l’obstination d’ouvrier, sportif et cultivé, de son conducteur actuel, vivant exemple de ce que Guénon appelait "le signe des temps". Comme le dit le directeur de LA PLACE ROYAL, Frédéric Luz, c’est à peine s’ils ont pu aborder, dans ce numéro de la revue, certains points concernant l’ensemble de ce thème, mais ils sont suffisants et sont traités avec le respect nécessaire pour pouvoir remarquer ce qui couve sous la décomposition des valeurs intellectuelles de la hiérarchie ecclésiastique, et l’absence presque totale de toute lueur spirituelle en émanant, qui n’est qu’une caricature inversée du message transcendantal de Jésus. Nous recommandons la lecture intégrale de ce numéro, et nous souhaitons que les observations et critiques soutenues ici poursuivent leur développement, car elles viennent du fond du cœur d’authentiques chrétiens, et sont donc faites de l’intérieur de l’Église véritable. Un écho de la Gazette de Cyrano informe du Nº 8 de SYMBOLOS. |
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AJOBLANCO. Nº 14 Extrajoblanco: Magia. Ajoblanco ediciones, Barcelona 1974 Textes de Pepe Aponte. 80 pages. Nous croyons que cette revue est la première à avoir publié en espagnol une étude complète sur René Guénon, dans un numéro consacré à la Magie. Le fait doit être mis en évidence pour deux raisons : la première, parce que dans l’Espagne d’alors, le grand métaphysicien français était totalement inconnu ; et la deuxième, parce qu’elle fut publiée précisément à Barcelone, là où sa pensée se fit connaître et où l’on commença à l’entendre nommer dans les amphis, les librairies et les cafés. |
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CUADERNOS DEL OBELISCO. Esoterismo-Simbolismo-Tradición. Nº 1: Dossier René Guénon. Ediciones Obelisco, 1991. España. 129 pp. SUMARIO: Juli Peradejordi: De la urgencia de René Guénon; Jean Robin: René Guénon, Testigo de la Tradición; Élie Lemoine: El diablo, ¿"padre" de la civilización moderna?; Raimón Arola: René Guénon y el Centro; Luis Miguel Martínez Otero: En torno a la metafísica. La figura de René Guénon; René Guénon: El simbolismo metafísico de la Cruz; P. Sánchez Ferré: Guénon en España; René Guénon: El don de lenguas; Rosa S.: Estudio astrológico del tema natal de René Guénon; Gaston Georgel: Iniciación y Cristianismo: Francisco García Bazán: René Guénon y el esoterismo cristiano; Juli Peradejordi: Esoterismo cristiano y Cristianismo esotérico; F. Ariza: René Guénon y la Franc-masonería; Manel Plana: René Guénon y la crisis del arte en el siglo XX; Charla de Luis Miguel Martínez Otero con Jaime Cobreros Aguirre: Conversación en torno a la presencia de René Guénon en el mundo moderno; Luis Miguel Martínez Otero: Glosario Guenoniano; Reseñas Bibliográficas. Parmi les éditeurs en espagnol se consacrant à l’ésotérisme, il faut relever l’importance du travail assumé par Ediciones Obelisco. Sous la direction de Juli Peradejordi, des livres d’un immense intérêt ont été publiés, parmi lesquels plusieurs de René Guénon. L’on pourrait parfois les prier d’être plus concrets dans leurs critères et de se consacrer plus directement à l’édition et la diffusion d’œuvres de caractère traditionnel, mais il faut reconnaître que, selon les possibilités commerciales du marché du livre, Obelisco n’a pas cessé de travailler. Cuadernos del Obelisco est une collection basée sur des sujets monographiques. Le premier volume (1991) est consacré à René Guénon. Dans sa présentation, Juli Perajordi explique les raisons de ce choix et ajoute : « Guénon a joué dans notre siècle un rôle réellement providentiel. Personne n’a su comme lui nous présenter avec tant d’honnêteté intellectuelle et de fidélité les infinies possibilités offertes par la tradition. » Le contenu général comprend douze articles, une interview de Jaime Cobreros, un glossaire guénonien signé par Luis Martinez Otero, des données bibliographiques et deux chapitres choisis de l’œuvre de Guénon : le symbolisme métaphysique de la croix et le don des langues. Signalons la publication parmi les articles de fond du prologue du livre René Guénon, Témoin de la Tradition, du français Jean Robin, que nous commentons plus loin. Remarquons pour sa simplicité et sa force de synthèse le travail de Raimón Arola. Arola, qui a publié chez cet éditeur Textos y glosas sobre el arte sagrado (textes et gloses sur l’art sacré), se montre à cette occasion concis et respectueux. L’ouvrage enchaîne avec un texte de L. Martinez Otero intitulé "Autour de la métaphysique : René Guénon", qui commence ainsi : « figure christique érigée, leptosomatique, acerbe et inflexible... ». Ce genre de langage personnel ampoulé et prétentieux, auquel Guénon n’adhéra jamais, est l’une des formes que prend la fantaisie de l’auteur pour ternir le cadre symbolique de l’œuvre de Guénon, qui en aucun cas ne s’est développée sous l’influence de ce genre de considérations. Dans ses textes complets, nous n’avons pas trouvé la moitié des épithètes déversés par Martinez Otero dans la première ligne de son article, qui présente dans l’ensemble un caractère littéraire et juvénile. Ultérieurement, l’auteur a persisté dans ses fantaisies personnelles dans une horrible petite publication appelée Satán (Munñoz Moya y Montraveta. Séville. 1994). Martinez Otero a la prétention d’être quelqu’un dans le monde de l’ésotérisme et tente de discréditer Guénon et ses adeptes au moyen de ses manigances littéraires et toutes sortes de travestissements, formant une sorte d’avorton plus ou moins cultivé aux buts obscurs, pouvant avoir quelque rapport avec le titre de ce désagréable travail auquel, ainsi qu’il y est dit, J. Cobreros a donné le nihil obstat. Trois articles sur l’ésotérisme chrétien, l’un d’eux signé par Francisco Garcia-Bazán, précèdent le texte de F. Ariza "René Guénon et la Franc-Maçonnerie". Monsieur Ariza a probablement publié, ces trois dernières années, les plus intéressants articles édités en espagnol sur la Franc-Maçonnerie et démontre dans cette collaboration une versatilité extraordinaire, beaucoup d’informations et de rigueur pour narrer la véritable histoire de la Maçonnerie dans une perspective aussi temporelle que symbolique. Plus loin, dans un texte de consacré à la crise de l’Art au XXe siècle, M. Plana affirme que personne n’a encore dépassé ces mots de Guénon : « Il est absurde de croire que l’état humain occupe une place privilégiée dans l’existence universelle ou qu’il se distingue métaphysiquement des autres états... ». Sont également dignes de mention les observations présentées dans cet article au sujet de la psychanalyse et la subversion qu’elle représente. Quant au travail de Juli Peradejordi "Ésotérisme chrétien et christianisme ésotérique", nous devons dire qu’il est pour le moins confus, quand ce n’est pas dual ou contradictoire. En fait, ce que nous y avons trouvé de plus intéressant est la dernière partie, où il affirme : « si nous souhaitons accéder à l’Ésotérisme Chrétien, nous étudierons ses Écritures, ses rites et ses symboles à la lumière des Pères de l’Église et de la Tradition Apostolique, sans oublier de demander à l’Esprit qu’il éclaire notre intelligence. » L’entrevue entre Monsieur Martinez Otero et Monsieur Cobreros porte sur l’initiation et les Petits Mystères. Nous devons croire que, s’ils en parlent, c’est qu’ils possèdent le thème à fond. De même, dans une autre partie de l’entrevue, Monsieur Cobreros dit textuellement au sujet de Guénon : « C’est la partie sombre, sa désaffection pour l’Incarnation du Verbe, l’ignorance de cette irruption de l’intemporel dans le temporel. Et cet acte d’incarner l’intemporel ne peut se justifier que par l’Amour, ou alors est une preuve d’Amour. Et cet Amour qui s’exprime disions-nous par cette assomption du temps dans l’intemporel est ce qui distingue et donne son sens au christianisme. Guénon ne l’assume pas. » Cela nous semble littérature douteuse. Et pour achever ce volume, un glossaire présente trente termes de l’œuvre guénonienne, que Monsieur Martinez Otero explique en joignant quelque morceau choisi de l’œuvre de Guénon. |
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APRECIACIONES SOBRE LA INICIACION (Aperçus sur l’Initiation). René Guénon. Ediciones C.S., Buenos Aires, 1993. 461 p. Les éditions C.S. ont récemment publié en espagnol Aperçus sur l’Initiation, sous le titre Apreciaciones sobre la Iniciación, continuant ainsi la ligne de traductions ayant débuté par Introducción General al Estudio de las Doctrinas Hindúes puis par El Hombre y su Devenir según el Vedanta. C’est bien sûr un motif de joie que l’on donne la possibilité de contribuer à la diffusion d’une œuvre qui, comme toute celle de René Guénon, restitue au XXe siècle le sens initiatique et métaphysique de la doctrine traditionnelle, s’exprimant dans ses symboles fondamentaux activant et promouvant la Connaissance, qui est l’Identité en Soi. Mais la version est mauvaise et l’édition est grossière et peu soignée. La seule information que nous ayons de cette traduction est qu’elle vient d’Argentine, d’auteur inconnu, car son nom n’y figure pas. Nous aurions souhaité au moins un préambule nous informant des intentions de cet éditeur en ce qui concerne les futures traductions d’autres textes de Guénon. |
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I SYMPOSIUM SUR RENÉ GUÉNON. Barcelone (Espagne). Novembre 1994. Sous l’égide de la revue SYMBOLOS et le Centro de Estudios de Simbología, le premier symposium sur René Guénon s’est déroulé à Barcelone tout au long du mois de novembre 1994. Le symposium s’inaugura avec une conférence de José Manuel Rio ; les exposés présentés ont été recueillis dans leur totalité dans le numéro extraordinaire de la revue SYMBOLOS, hommage à René Guénon (Nº 9-10, 1995). La célébration de l’événement eut lieu à la librairie "Santo Domingo" de Barcelone, dans la vieille ville, cœur de la capitale catalane, et l’assistance dépassa toutes les prévisions, avec l’inscription plusieurs jours avant de presque soixante personnes, c’est-à-dire la capacité totale du local. Les conférences et colloques correspondants se succédèrent au milieu d’une audience attentive et recueillie. Le programme fut le suivant : le 4 : Présentation, "Symbole et Initiation selon René Guénon", par Fernando Trejos, et "René Guénon, Enseignement et Connaissance", par Antonio Guri ; le 8 : "René Guénon en tant que Symbole et Être Humain", par Antonio Casanovas, et "Histoire et Géographie Sacrées dans l’œuvre de René Guénon", par Francisco Ariza ; le 11 : "René Guénon et la Pensée Platonique", par José Maria Dolcet ; le 15 : "René Guénon et la Maçonnerie", par Francisco Ariza ; le 18 : "René Guénon et l’Art", par Cristóbal Martín ; le 22 : "René Guénon et la science moderne", par Marc García ; le 25 : "Les Multiples États de l’Être et le Démiurge", par Pedro Vela del Campo ; le 29 : "René Guénon et les Arts Libéraux", par José Manuel Río ; Conclusion. Le symposium s’acheva par une table ronde où plusieurs sujets furent débattus : Franc-Maçonnerie, Initiation, Tradition, et autres. IIe SYMPOSIUM SUR RENÉ GUÉNON. Gérone (Espagne). Mai 1995. Commandité par SYMBOLOS et le Centre d’Études de Symbolique de Barcelone, le second symposium sur René Guénon se célébra les 5, 6 et 7 mai à Gérone (berceau de l’un des plus importants mouvements kabbalistiques du Moyen Âge), avec pratiquement tous les participants du premier symposium, célébré à Barcelone au mois de novembre précédent. La librairie "Els Arcs" de cette ville collabora aussi à la préparation de l’événement. Bien que cette fois l’assistance ne fut pas aussi nombreuse qu’à Barcelone, tous firent preuve d’une attention concentrée et d’un grand intérêt, et les commentaires animés suivant les interventions furent utiles pour développer et éclaircir certains points concernant les sujets traités. Quoi qu’il en soit, l’importance de l’héritage guénonien, comme axe ordonnateur pour ceux qui cherchent à établir la connexion avec la Tradition et désirent emprunter le chemin vers la Connaissance, est demeurée évidente. Le premier jour du symposium débuta par une présentation dont était chargé José Manuel Río, suivie de l’exposé "René Guénon, Symbolisme et Initiation", de Fernando Trejos, lu par Francisco Ariza. Le lendemain intervinrent Antonio Casanovas avec "René Guénon en tant que Symbole et Être Humain", Francisco Ariza avec "René Guénon et la Maçonnerie", et Antonio Guri avec "René Guénon, Enseignement et Connaissance". Le dernier jour parlèrent Marc García avec "René Guénon et la science moderne", José María Gracia avec "René Guénon et le Taoïsme", et finalement José Maria Dolcet avec "René Guénon et la Pensée Platonique". Nous ajoutons le texte d’annonce des deux symposiums. « Pour beaucoup de ceux qui liront ces lignes, il est probable que l’œuvre de René Guénon n’a pas besoin d’être présentée. Pour d’autres ne la connaissant pas, ce peut être l’opportunité de prendre contact avec une œuvre extraordinaire. » « Le fait stupéfiant d’une voix qui redonne son sens profond à la portée métaphysique des traditions de l’humanité encore vivantes, et les notions fondamentales et les symboles d’autres traditions, qui ont déjà disparu mais forment part de notre héritage culturel, se révèle comme un phénomène providentiel dans un XXe siècle qui apparaît, surtout dans le cadre de l’état actuel de notre culture occidentale, on ne peut plus éloigné de toute spiritualité, ou de toute intellectualité, mots synonymes pour Guénon et qui de nos jours sont dépréciés pour le mauvais usage que l’on en a fait et ne répondent plus à leur sens propre d’origine. » « Des notions comme celle de tradition, qui est le contraire de "coutume" ; celle d’initiation, qui est le processus réel et effectif de la Connaissance, de l’accession à la véritable Identité, c’est-à-dire la possibilité de parvenir à ne former qu’un avec la Réalité, quelle qu’elle soit ; celle de symbole, le code sacré dont l’origine, comme celle de la tradition, « remonte à plus loin et plus haut » que l’humanité, et qui s’applique par extension à la Création tout entière ; celles de méta-physique, cosmogonie, rite, mythe, ésotérisme et exotérisme, constituent pour ceux qui les assimilent des conceptions fondamentales qui éclairent et tracent leur chemin, les intégrant au courant ininterrompu de la pensée en fait, de la Connaissance qui remonte à l’origine même de l’humanité et au-delà, à l’Origine de toute chose. » « Le dépouillement, l’optique désintéressée, c’est-à-dire sans intérêts personnels, qu’il nous dit être propre à la métaphysique, caractérise une œuvre dans laquelle rien de personnel ne vient troubler l’expression transcendantale, ce qui permet à chacun d’y trouver ce dont il a besoin, le laissant entrevoir l’idée d’une Tradition Unanime, ce qui est connu en Inde sous le nom de Sanâtana Dharma et a été connu en Occident comme la Philosophie Pérenne, quoique ces derniers termes ne traduisent qu’imparfaitement la notion de la connaissance immédiate et intemporelle qui constitue leur véritable essence. » « Cela pourra peut-être servir également, pour ceux qui la connaisse déjà, ou qui connaissent ce qui en a été publié en espagnol, à observer ou recueillir certaines considérations qui éclairciront peut-être quelque point obscur ou compliqué de ce qu’elle renferme, parfois en raison du niveau de difficulté d’un langage ou de concepts inhabituels ; en tout cas, ce Symposium sur René Guénon se veut hommage à l’homme et à l’œuvre, bien que le premier soit éclipsé par la seconde et fasse sur lui-même l’affirmation que son seul mérite, en tout cas, à été d’exposer des vérités d’ordre traditionnel du mieux qu’il lui a été possible ; le beau n’est pas ennemi du bon et nous n’avons pas honte d’avouer notre amour et notre respect envers la figure ou la personne de celui qui a exposé comme nul autre la doctrine sacrée (et non pas le dogme) en ce siècle, ce pour quoi nous lui devons toute notre reconnaissance, pour nous avoir permis de la connaître. » |