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VERS LA TRADITION: "Répandre la lumière et rassembler ce qui est épars". 14, avenue de Général de Gaulle; B. P. Nº 193. 51009 Châlons-en-Champagne. Cedex, FRANCE. Trimestrielle. 64 pp. Au sujet de la maçonnerie, cette revue a publié dans ses derniers numéros [1997] les articles suivants : -
Roland Goffin: Entour de la Tradition et de la Parole perdue (Numéros
51-52). Dans trois de ses numéros de 1997, l’on peut trouver des articles qui peuvent être considérés comme maçonniques, bien qu’ils ne le soient pas au sens strict du terme, car ils abordent des sujets aussi intimement liés à l’Ordre que la Géométrie, l’Arithmosophie, Pythagore, etc. (Nº 65) : Dr. R. Perotto-André: Sur une représentation du Triangle de Pythagore, 'Umar: Divine proportion et trisection de l'angle; (Nº 66) : Jean Duprat: Quelques remarques sur 888 et 666, auxquels il faut ajouter les articles de ce dernier et de Yves Dangers au sommaire du numéro 67 ; dans ce dernier numéro, il faut signaler la quatrième partie de "Déroulement et enroulement de la Manifestation", de John Deyme de Villedieu, qui se poursuivra dans les numéros suivants. Voir également la Mise au point de André Bachelet (plus loin). Le travail réalisé au cours des ans par cette revue, sous la direction de Roland Goffin, est digne d’être souligné, maintenant toujours son niveau intellectuel et la variété de ses thèmes. Signalons aussi, dans le numéro 66, l’article intitulé « Les deux pêches miraculeuses » de Patrick Zanzi (qui est également l’auteur de « Quelques remarques sur l’Incarnation », Nº 62) que nous aimerions publier dans un prochain numéro de notre revue. Remarquons tout spécialement le numéro 36, dans lequel figure un texte écrit par Jonas que nous publierons également en réponse à l’hommage à Guénon engendré par F. Schuon, édité en 1985 par les Cahiers de l’Herne. Autres textes, publiés par la suite, en rapport direct ou indirect avec la Maçonnerie : Nº 76. Juin - Juillet - Août 1999. John Deyme de Villedieu: Déroulement et enroulement de la Manifestation (V); 'Umar: Sagesse - Force - Beauté. Nº 75. Mars - Avril - Mai 1999. 'Umar: Le Collier de perles et la Chaîne d'Union. Nº 74. Décembre 1998 - Janvier - Février 1999. "A Propos de Frithjof Schuon, Sidi Aïssa Noreddine". Umar: Le Compagnon fini, Homme primordial; Federico González: Bref sur la confusion entre l'oeuvre de Guénon et celle de Schuon; André Bachelet: Autour de la "Parole perdue" des maîtres maçons. Nº 73. Septembre - Octobre - Novembre 1998. Jean Le-Petit: Initiation et Franc-Maçonnerie. Nº 71. Mars - Avril - Mai 1998. 'Umar: A propos de l'infallibilité traditionnelle; Francisco Ariza: Aspects symboliques de quelques rituels maçonniques opératifs. Nº 70. Décembre 1997 - Janvier - Février 1998. 'Umar: Anatomie de la quête ou l'esprit d'escalier. Nº 68. Juin - Juillet - Août 1997. André Bachelet: Opérativité et Maçonnerie spéculative, John Deyme de Villedieu: Denys Roman, Guénonien et Maçon, y 'Umar: Réflexions sur le Tétragramme. André Bachelet: Maçonnerie, Maçons et fin de cycle (en: Colloque "Fin du 2e Millénaire du cycle Chrétien... et Fin de l'âge sombre?", Octobre 1999). [Voir aussi Chapitre VII : "AU SUJET DE RENÉ GUÉNON"] AUTOUR
D’UNE POLÉMIQUE « En effet, lorsque M. Amalric aborde le domaine maçonnique, il le fait selon une perspective répandue dans le milieu du Catholicisme "intégral", bien proche de l'intégrisme généralement réfractaire à l’œuvre de René Guénon; il illustre ainsi l'opinion de cette catégorie de traditionalistes pour qui la Maçonnerie, dans sa nature profonde, est toujours la "Synagogue de Satan" abhorrée de l'Église romaine. » « Que M. A. prenne prétexte de la parution des deux ouvrages de D. Roman pour aborder certains points de l'histoire de la Maçonnerie, est intéressant à plus d'un titre ; ce faisant, il tire des conclusions qui, à quelques exceptions près, ne nous paraissent pas sortir des habituels lieux communs rebattus par les historiens à mentalité profane. En effet, n'a-t-il pas recours, "pour éclairer le lecteur", à la méthode historique "critique", dont on sait que son application, limitée dans son point de vue à l'exotérisme le plus étroit, désacralise tout ce qu'elle touche ?. L'acceptation de ce dernier point par un catholique intransigeant, semble-t-il, comme l'auteur, surprend par son illogisme. Ainsi, sa démonstration ne contribue, par la façon de traiter le sujet, qu'à égarer un peu plus le lecteur. Faut-il redire que la Maçonnerie, de par sa nature initiatique, ne se prête en aucune façon à une investigation par cette méthode, et que celle-ci ne constituera jamais qu'un pis-aller pour quelques spécialistes en mal de "documents" qui, de ce fait, en sont réduits à formuler sans cesse de nouvelles hypothèses. Sa connaissance effective, c'est-à-dire la prise en considération des dépôts qu'elle véhicule et sa véritable raison d'être, demeurera toujours hors de portée de ceux qui se placent sur ce terrain. A titre d'exemple du parti-pris de l'auteur, on constate qu'il avance la facile et confortable thèse sur l'origine chrétienne (sous-entendu : Catholique) de la Maçonnerie, née "spontanément" à l'époque des grandes cathédrales, ce qui est absurde mais bien commode pour éviter de prendre en compte son "origine" pré-chrétienne et son caractère universel dont, de ce fait, il préfère ignorer les incidences notables. Faut-il insister également sur les extravagances verbales et prétentieuses portant sur la nécessité de "l'influence de Maîtres authentiques formés par la tradition purement orale et l' ‘Art de mémoire’ ", et le "retour au ‘Septénaire Sacré’ ", dont on peut regretter la formulation quelque peu... lapidaire compte tenu de leur contenu. Tout au long de son texte, l'auteur nous accable d'expressions qui définissent les limites de son analyse ; on découvre ainsi que la formule de D. Roman, "L'Arche Vivante des Symboles", concernerait en fait: "tout un héritage de ‘dépôts’ plus ou moins hétéroclites... " que ceci "ne pourrait que relever d'un intérêt archéologique très relatif...", pour ajouter ensuite "que l'on peut s'interroger sur le caractère effectif (efficace) de l'initiation maçonnique aujourd'hui (...). Du fait de son ‘détournement’ spéculatif par des individus étrangers au métier de constructeur (...)", celle-ci "aurait été ainsi réduite à ne plus transmettre qu'une ‘influence psychique’ (...) ", "le problème de la rupture de la continuité traditionnelle [étant posé] ", etc.... Mais nous ne pouvons achever cette "anthologie" anti-maçonnique sans parier de la surprenante assurance avec laquelle l'auteur règle, en le réduisant à une "affirmation téméraire", le problème de l'ésotérisme chrétien tel que l'aborda D. Roman dans son oeuvre. Nous nous permettons de lui poser la question suivante: de quel côté se trouve donc la "témérité"? Bien entendu, le refrain habituel sur la nécessité, pour une éventuelle et supposée reconnaissance et réconciliation, "que les liens rompus avec l'Église soient renoués", ne nous est pas épargné. Que l'auteur ne soit pas conscient de l'irréalisme de cette dernière "proposition" est proprement étonnant1. Relevons également une phrase relative à la signification de la "Parole perdue", particulièrement significative par le fait qu'elle illustre sa méconnaissance de l'Art Royal et de toute démarche initiatique général: "[ ... ] les travaux de Denys Roman [ ... ] présentent-ils un autre intérêt ne théorique quand on sait qu'ils s'appliquent à une Franc-Maçonnerie qui se veut purement spéculative et s'interroge elle-même sur la "Parole perdue ", reconnaissant ainsi qu'elle a rompu tout lien avec son origine opérative u lointaine ?". Nous aimerions croire, notamment dans ce cas précis, à une rédaction fautive... En ce qui concerne ce dernier point, nous constatons, en de multiples endroits procédé ou simple négligence ?, l'étrange confusion qui résulte de l'amalgame entre les bribes de citations de D. Roman et les considérations de l'auteur ; seules, les prises de position de ce dernier permettent de rétablir une attribution correcte. » « Rétablissons maintenant dans son intégrité la citation de R. Guénon, soigneusement choisie, amputée et extraite de son contexte, utilisée dans le but de laisser entendre que celui-ci méprisait les hauts grades de l'Ecossisme, ce qui était manifestement le contraire, ce dont on peut se convaincre en lisant son oeuvre avec l'attention qu'elle mérite. Pour permettre à nos lecteurs de comparer, nous reproduisons au préalable la citation telle que rapportée par M. Amalric: "Il semble résulter de là que tous les systèmes de hauts grades sont complètement inutiles, du moins théoriquement, puisque les rituels des trois grades symboliques décrivent, dans leur ensemble, le cycle complet de l'initiation". Et voici celle de R. Guénon: "Nous avons vu, dans un précédent article, que, l'initiation maçonnique comportant trois phases successives, il ne peut y avoir que trois grades, qui représentent ces trois phases; il semble résulter de là que tous les systèmes de hauts grades sont complètement inutiles, du moins théoriquement, puisque les rituels des trois grades symboliques décrivent, dans leur ensemble, le cycle complet de l'initiation. Cependant, en fait, l'initiation maçonnique étant symbolique, forme des Maçons qui ne sont que le symbole des véritables Maçons, et elle leur trace simplement le programme des opérations qu'ils auront à effectuer pour parvenir à l'initiation réelle. C'est à ce dernier but que tendaient, du moins originairement, les divers systèmes de hauts grades, qui semblent avoir été précisément institués pour réaliser en pratique le grand Œuvre dont la Maçonnerie enseignait la théorie".2 Pour en terminer sur ce point, nous reproduisons deux courtes citations tirées de la conclusion du même chapitre; dans ce texte qui fait partie de ses premiers écrits sur le sujet, R. Guénon fait déjà preuve de son information et de son discernement : "(...) Nous avons simplement voulu dire ici ce que nous pensons de l'institution des hauts grades et de leur raison d'être ; nous les considérons comme ayant une utilité pratique incontestable, mais à la condition, malheureusement trop peu souvent réalisée, surtout aujourd'hui, qu'ils remplissent vraiment le but pour lequel ils ont été créés. Pour cela, il faudrait que les Ateliers de ces hauts grades fussent réservés aux études philosophiques [R. Guénon donne évidemment à ce mot son sens étymologique et non celui qu'on lui attribue habituellement et qui illustre un mode de pensée individuel] et méta physiques, trop souvent négligées dans les Loges symboliques; on ne devrait jamais oublier le caractère initiatique de la Maçonnerie, qui n'est et ne peut être, quoi qu'on en ait dit, ni un club politique ni une association de secours mutuels", et il termine son propos ainsi: "Nous ne nous étendrons pas davantage sur ce sujet, pensant en avoir dit assez pour faire entrevoir ce que pour raient être les hauts grades maçonniques, si, au lieu de vouloir les supprimer purement et simplement, on en faisait des centres initiatiques véritables, chargés de transmettre la science ésotérique et de conserver intégralement le dépôt sacré de la Tradition orthodoxe, une et universelle". Est-il nécessaire d'en dire plus ? » « Au crédit de l'auteur, reconnaissons la justesse de son analyse lorsqu'il dénonce, par exemple, le caractère anti-traditionnel de la plupart des agissements d'Anderson et Désaguliers, et des "Modernes" en général. Mais il aurait fallu à cette occasion, insister sur les rectifications qui, en réponse, furent à plusieurs reprises, l’œuvre des "Anciens" (elles ne se limitèrent pas à l'Union de 1813), et permirent pour le moins la restauration de nombreux usages rituels et symboliques de grande importance, sauvant ainsi une partie non négligeable de l'héritage provenant de la Maçonnerie opérative. Bien que cet argument lui soit utile pour "dénoncer" le bien fondé des hauts grades, l'auteur reconnaît la place éminente du complément de la Maîtrise qu'est l'Arche Royale dont l'origine opérative est certaine. Egalement, sachons lui gré d'avoir mis l'accent à la suite de R. Guénon sur la nécessité d'un "travail initiatique et opératif réel", même si une telle entreprise peut paraître aujourd'hui et à vue humaine, bien problématique à ceux qui sont soucieux des conditions dans lesquelles la pérennité de l'Ordre devrait s'accomplir. » « Mais nous nous posons une question : ces éléments positifs sont-ils conciliables avec l'essentiel du propos de l'auteur puisqu'il met en cause la réalité de la transmission d'une influence spirituelle dans l'Ordre maçonnique ? » « Ce qui retient surtout l'attention dans ce texte, c'est la prétention du propos qui se manifeste par une désinvolture pour l’œuvre de R. Guénon et celle de D. Roman, doublée d'un mépris pour l'Ordre. Ainsi, si l'on comprend bien l'auteur, R. Guénon et D. Roman (et ceux qui s'efforcent de les suivre fidèlement), se seraient, semble-t-il, intéressés à la Maçonnerie uniquement pour en dénoncer sévèrement, tout au long de leurs oeuvres, la dégénérescence et les lacunes graves et irrémédiables qui en découlent, les déviations, les tares et le laxisme institutionnels, les compromissions avec le siècle, les infiltrations de la "contre-initiation", etc.... Fort bien. Mais ils auraient ainsi fait preuve d'une surprenante cécité en négligeant le fait que la Maçonnerie véhicule depuis son origine, et par voie ininterrompue de transmission, une influence spirituelle qui perdure aujourd'hui. C'eût été, de leur part, mépriser les incidences considérables qui procèdent de cette situation unique en Occident. Rappelons à ce propos la note très ferme et sans appel de R. Guénon : "Des investigations que nous avons dû faire à ce sujet, en un temps déjà lointain, nous ont conduit à une conclusion formelle et indubitable que nous devons exprimer ici nettement, sans nous préoccuper des fureurs qu'elle peut risquer de susciter de divers côtés : si l'on met à part le cas de la survivance possible de quelques rares groupements d'hermétisme chrétien du moyen âge, d'ailleurs extrêmement restreints en tout état de cause, c'est un fait que, de toutes les organisations à prétentions initiatiques qui sont répandues actuellement dans le monde occidental, il n'en est que deux qui, si déchues qu'elles soient l'une et l'autre par suite de l'ignorance et de l'incompréhension de l'immense majorité de leurs membres, peuvent revendiquer une origine traditionnelle authentique et une transmission initiatique réelle ; ces deux organisations, qui d'ailleurs, à vrai dire, n'en furent primitivement qu'une seule, bien qu'à branches multiples, sont le Compagnonnage et la Maçonnerie. Tout le reste n'est que fantaisie ou charlatanisme, même quand il ne sert pas à dissimuler quelque chose de pire ; (...)"3 » « Pour revenir succinctement à la question des hauts grades que l'auteur prétend sans sourciller avoir "étudiée d'assez près", son "analyse" englobant, en fait, toute la Maçonnerie qu'il qualifie au passage de "labyrinthe et de musée", l'amène à constater que leur pratique se résume à "jongler brillamment avec les symboles, les nombres et jouer au ‘mécano’ avec les débris des traditions défuntes éparses dans les différents grades (...)". Peut-on aller plus loin dans le mépris ? Mais l'intérêt de son examen réside pour nous dans le rapprochement significatif qu'il fait entre ceux-ci et l'héritage Templier. Ainsi, il est assez cocasse de voir utilisée l’"autorité" d'un J. de Maistre ("pourtant ‘Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte’", nous dit l'auteur avec un contentement et une naïveté certains) pour dénier tout crédit à la "soi disant" "filiation Templière" au sein de l'Ordre, lorsqu'on sait que le Régime Ecossais Rectifié auquel il a, un temps, appartenu, y était hostile et l'avait répudiée officiellement ! La simple lecture du chapitre XV du Tome 2 de Denys Roman ayant pour titre : "Willermoz ou les dangers des innovations en matière maçonnique", eut évité à M. Amalric cette singulière maladresse. » « Mais il nous faut mettre un terme à l'examen des propos de l'auteur; mériteraient-ils d'ailleurs d'être relevés s'ils ne manifestaient une tendance bien propre à satisfaire les visées du "Prince de la confusion" ? »
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TRAVAUX DE LA LOGE NATIONALE DE RECHERCHES VILLARD DE HONNECOURT. 12, rue Christine de Pisan, 75017 Paris. Les Travaux de la Loge Villard de Honnecourt forment la revue semestrielle de la Loge de Recherches Villard de Honnecourt, appartenant à la Grande Loge Nationale Française. Elle est principalement axée sur l’étude et la recherche de la symbolique de la Maçonnerie, bien qu’elle traite aussi de thèmes se rapportant à l’art et à la culture d’autres voies traditionnelles, différentes de l’Ordre Maçonnique. Elle comprend ainsi une partie extrêmement intéressante consacrée à la recherche et à l’élucidation de la véritable histoire de cette organisation initiatique, à l’instar des travaux réalisés à ce sujet par la revue anglaise Ars Quatuor Coronatorum. L’ensemble est considéré dans une optique strictement traditionnelle, sans la moindre concession aux préoccupations sociales et transitoires dont font preuve la plus grande part des loges et obédiences maçonniques actuelles. C’est ainsi qu’un effort d’une réelle importance est fait pour récupérer (surtout grâce aux traductions inédites des manuscrits et documents ayant appartenus aux diverses familles et groupements maçonniques) l’héritage symbolique, rituel et mythique de l’ancienne Franc-Maçonnerie opérante, antérieur aux Constitutions d’Anderson et à la naissance de la Maçonnerie spéculative ; et de celle-ci, les premiers textes où se trouve enregistré l’héritage de la Maçonnerie opérante. C’est une tentative de retour aux sources originelles de la tradition maçonnique, d’où la Maçonnerie actuelle tire son identité et la raison même de son existence. Villard de Honnecourt (de qui tiennent leur nom la revue et la Loge de Recherches) fut précisément un maître d’œuvre du XIIIe siècle à qui l’on doit un album de dessins de géométrie et d’architecture, document d’une valeur extraordinaire pour connaître les procédés de création suivis par les constructeurs médiévaux dans l’élaboration des plans et des idées qui seraient ensuite transcrites dans la pierre. Le code symbolique de la Maçonnerie (également tributaire de l’héritage cosmogonique et métaphysique de la tradition hermétique, pythagoricienne et judéo-chrétienne) traduit l’idée de la construction archétypale, conçue dans la pensée de l’Artisan divin le Grand Architecte de l’Univers, construction révélée aussi bien dans la structure sacrée du temple que dans le propre processus de réalisation spirituelle, puisque cette idée se réfère à une réalité essentiellement métahistorique et métaphysique toujours présente dans le cœur de l’homme. La réadaptation de cet héritage (tout comme dans le passage de la Maçonnerie opérante à la spéculative) n’affecte absolument pas l’essence de ce qu’il transmet, et l’homme contemporain continue d’avoir le même besoin de se connaître lui-même qu’avait l’homme médiéval. La Loge Villard de Honnecourt fut fondée au début des années soixante par un groupe de francs-maçons (entre autres Jean Tourniac et Jean Baylot) intégrés dans le courant de pensée traditionnelle sous l’égide de l’œuvre de René Guénon, et c’est une des loges qui travaillent sérieusement dans le but de restaurer le versant ésotérique et initiatique de l’Ordre maçonnique. La revue se convertit ainsi en organe de diffusion de ce travail de restauration, ce qui sera sans aucun doute bien accueilli par tous ceux dont l’intérêt pour la Franc-Maçonnerie réside précisément dans les possibilités qu’elle offre en tant que voie d’accès symbolique vers la Connaissance. Nº 30 (2e série): 1er semestre 1995, 253 pp. SOMMAIRE: T. R. Grand Maître Claude Charbonniaud: Avant-Propos; Prof. Jean E. Murat: Introduction; I TRAVAUX ET CONFERENCES: Paul Amaury: Métier et renaissance spirituelle; Jean-Pierre Félix: Aspects initiatiques de l'œuvre de Rabelais; Michel Constant: La nouvelle naissance spirituelle à partir de la tradition de l'Égypte ancienne; Jean-François Blondel: La légende des Quatre couronnés; II ETUDES: Jacques-Noèl Pérès: La dédicace du temple; Pierre Paillère: Nécessité de l'angélologie; Michel Viot: Sources bibliques du rituel de consécration; Jean-Pierre Schnetzler: A la Gloire du Grand Architecte de l'Univers; Witold Zaniewicki: Les cagots; Notes et comptes rendus de Jean E. Murat. Nº 31: 2º semestre 1995, 254 pp. SOMMAIRE: T. R. G. Maître C. Charbonniaud: Avant-propos; I TRAVAUX ET CONFERENCES: Alain Mercier: L'art pictural et ses expressions initiatiques; Jean-François Var: Renaissance spirituelle et Franc-Maçonnerie; Marc Maillet: Expression musicale et renaissance spirituelle; Roland Edighoffer: Le Temple d'Ezechiel et la Cité des Rose-Croix; Gérard Jarlan: L'aurore naissante de Jacob Böhme; II ETUDES: Pierre Warcollier: Le Feu, l'Eau, la Terre dans l'instruction aux Grands Profès; Id.: Commentaires de l'Instruction aux Grands Profès; Jean-François Var: L'Ésotérisme chrétien et le Régime Écossais Rectifié; Notes et comptes rendus de Jean E. Murat. Nº 32: 1er semestre 1996, 272 pp. SOMMAIRE: T. R. F. Yves Trestournel: Allocution; I TRAVAUX ET CONFERENCES: Prof. Jean E. Murat: Être et temps; Simone Vierne: Les romans de Jules Verne, une œuvre initiatique; Jean-Bernard Lévy: La tolérance; Dov Bezman: Aperçus sur les traditions celtiques; II ETUDES: Jean-François Blondel: Les compagnons passants tailleurs de pierre d'Avignon; Claude Tresmontant: Qui était Jean?; Jean-François Faugère: La pensée de Teilhard de Chardin, avatar de la tradition celtique; Jacques Lutfalla: Dieu créateur, G.A.D.L.U. et physique mathématique; Jean-Yves Legouas: Les statuts de la société des philosophes inconnus; III COMPTES RENDUS (Jean E. Murat); IV LECTURES D'INSTRUCTION. |
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EL TEMPLO DE SALOMON. Isaac Newton. Introd. de J. M. Sánchez Ron. Traducción y estudio filológico C. Morano. Ed. Debate/CSIC, Madrid 1996. CV+140 pp. J.M.S.R. signale fort opportunément dans son prologue que l’économiste Lord Keynes appelait Newton le dernier des mages. L’illustre savant qui énonça la célèbre loi de la gravité universelle fut en effet un ésotériste qui voyait la nature comme le Temple du Grand Architecte de l’Univers et le scientifique, par conséquent, comme un prêtre qui pouvait intervenir dans les processus du monde et mener à la Connaissance et à l’Origine grâce aux pistes laissées par le Créateur et au temps recelé dans son discours cryptographique. Là se trouve la raison de ce que Newton aborde des thèmes bibliques, car il considérait le Livre comme un précis de sagesse révélée, malgré les altérations subies par son texte, souvent perpétrées par la hiérarchie religieuse romaine ; il en est de même de ses investigations alchimiques auxquelles il consacra des travaux et des efforts importants. Il n’était pas en cela très différent des autres savants de son époque, car il est bien connu que la génération des scientifiques qui fondèrent la science moderne (Locke, Kepler, F. Bacon, Robert Boyle, etc. etc.) effectuait des recherches dans ce sens et donnait peut-être plus d’importance aux études biblico-théologiques, voire même à l’Histoire Sacrée, comme dans ce cas, qu’aux sujets exclusivement scientifiques ou mécaniques (physique, chimie, mathématiques, optique, etc.), quoique la vérité oblige à reconnaître que ces thèmes n’ont jamais été séparés, puisqu’ils étaient traités sans la moindre différence entre eux, aussi bien le sacré que le profane, ce qui est facile à vérifier d’après le contenu de la propre bibliothèque de Newton (John Harrison, The Library of Isaac Newton, Cambridge Univ. Press 1978) ou de quelque autre qu’il ait utilisée (la privée de Isaac Barrow, les publiques de Cambridge). « Pourquoi je l’appelle mage ? », questionne Keynes « Parce qu’il contemplait l’Univers et tout ce qu’il contient comme une énigme, comme un secret qui pouvait se déchiffrer en appliquant la pensée pure à certaine évidence, à certain indices mystiques que Dieu avait disséminés de par le monde afin de permettre une sorte de chasse au trésor philosophique à la fraternité ésotérique. » (p. XI et XII, intr.). C’est ainsi que le savant anglais, nous l’avons déjà signalé, prêtait une attention spéciale aux histoires bibliques, auxquelles il se référa à plusieurs reprises et qu’il jugeait plus anciennes que les histoires grecques voir même que les chaldéennes avec une incontestable érudition et abondance d’informations en tout genre, issues des plus illustres études du lieu et de l’époque. Précisons qu’il n’a pas utilisé l’Histoire Biblique (y compris l’Apocalypse) comme source unique de ses études historiques, mais également Flavius Josèphe, Philon d’Alexandrie, les mythes grecs, etc., et qu’il considérait que la position des étoiles dans les constellations du zodiaque, donnée, par exemple, dans des descriptions de la guerre de Troie ou de la mission de Jason et les Argonautes en quête de la Toison d’Or (qu’il situait en 937 avant Jésus Christ), réglait l’espace et le temps, anticipant ainsi les archéologues qui découvrirent plus tard d’antiques cités dont existaient des descriptions « mythiques », tout comme la science moderne de l’archéo-astronomie qui détermine les dates de lieux y compris de grands ensembles d’après l’étude du ciel de l’époque où ils furent édifiés. L’on peut lire, dans le manuscrit intitulé The original of religions : « De manière que le but de la première institution de la vraie religion en Égypte était de proposer à l’humanité, au moyen de la structure des anciens temples, l’étude de la structure du monde comme le véritable Temple du grand Dieu qu’ils adoraient. » Et c’est là le but des recherches de Newton sur le Temple de Salomon, que nous dévoile ce fascinant et surprenant travail, édité fort opportunément et avec une érudition réconfortante par Ciriaca Morano, et que nous recommandons à nos lecteurs. |
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TEXTES FONDATEURS DE LA TRADITION MAÇONNIQUE 1390-1760, Introduction à la pensée de la franc-maçonnerie primitive. Traduits et présentés par Patrick Négrier. Préface de Henri Tort-Nouguès. Ed. Grasset, Paris 1995. 384 pages. L’auteur définit cette publication comme une anthologie et il n’a pas tort, dans la mesure où son travail ne se compare pas à une simple compilation. En effet, aussi bien la sélection des textes que les introductions, les commentaires et les notes, démontrent non seulement la démarche investigatrice de l’auteur et sa réussite, mais aussi son ample culture dans le domaine de la symbolique, de la Bible et de l’ésotérisme, qui lui permet de donner une orientation doctrinale et une organisation didactique à ces anciens textes maçonniques, connus comme « Fondateurs » (1390-1760). L’auteur commence son exposé en nous replaçant dans le contexte historique, en nous signalant trois périodes correspondant à trois types de documents, qui correspondent à leur tour à trois époques différentes de l’Ordre :
Ce livre, écrit à la demande des éditeurs, développe pour le milieu maçonnique de la langue française une fonction extrêmement importante, analogue à celle du Cahier de l’Herne dont il est complémentaire, et consacré également à ces textes fondateurs de la Franc-Maçonnerie (voir Cahier de l'Herne Nº 62, La Franc-Maçonnerie: Documents Fondateurs dans SYMBOLOS Nº 13-14, 1997, p. 389). Cependant, certains textes manquent dans l’un ou l’autre ; dans l’anthologie de Négrier, il faudrait peut-être remarquer la publication des discours de Ramsay, ainsi que les Constitutions d’Anderson, également publiées par D. Ligou (voir compte-rendu suivant), documents possédant une grande valeur pour tout franc-maçon, et qui démontrent aussi le passage, ou, si l’on préfère, l’adaptation, de la maçonnerie opérante à la spéculative, expression de la Science Sacrée correspondant aux nouvelles formes de pensée individuelle et sociale du XVIIIe siècle, qui s’établissaient depuis le milieu du siècle précédent, voire plus tôt (maçonnerie de transition) et qui se prolongeront jusqu’à nos jours. Dans les contributions de Négrier à l’étude de la Maçonnerie, le rapport établi entre les Constitutions d’Anderson et les Old Charges (Anciens Devoirs) nous semble particulièrement intéressant. Cette observation ne laisse pas d’être exacte, dans la mesure où Anderson a consciencieusement étudié les Old Charges, comme le constate Négrier lui-même. Le fait est également mis en évidence par la comparaison objective des documents, en particulier avec le manuscrit Regius et d’autres textes, ainsi que le démontre aussi Daniel Ligou dans son introduction, traduction et notes sur les Constitutions d’Anderson dont, nous l’avons dit, P. Négrier publie sa propre version dans les chapitres 10, 11 et 12 de cette Anthologie. Pour terminer ce bref commentaire, rappelons que les versions de l’anglais des documents publiés dans cet ouvrage sont aussi de P. Négrier (également auteur de La Lettre "G", suivi de Le Mot Sacré de Maître et les Cinq Points du Compagnonnage, Ed. Détrad, Paris 1990), et ses notes éclairent beaucoup. Voici le contenu de cette anthologie : "Les Anciens Devoirs": 1. Le manuscrit Halliwell dit Regius (1390), 2. Le manuscrit Cooke (1410), 3. L'ancêtre reconstitué de la branche Grand Lodge (avant 1583). "Les catechismes symboliques": 4. Dix témoignages du XVIIe siècle sur le Mason Word (1637-1699), 5. Le manuscrit d'Edimbourg (1696), 6. Le manuscrit Dumfries nº 4 (1710), 7. L'Institution des francs-maçons (1725), 8. Le manuscrit Graham (1726), 9. Le Grand mystère à découvert (1726). "Les Constitutions d'Anderson": 10. L'Edition de 1723, 11. Les Devoirs enjoints aux maçons libres (1735), 12. Les versions ultérieurs du chapitre I des 'Devoirs d'un franc-maçon'. "Le Discours de Ramsay": 13. La version de 1736, 14. La version de 1737. "Extraits d'un catechisme symbolique tardif": 15. Les Trois coups distincts (1760). "Annexe": 16. La Maçonnerie d'après l'Ecriture, de John Tillotson. |
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ANDERSON'S CONSTITUTIONS. CONSTITUTIONS D'ANDERSON. Introduction, traduction et notes de Daniel Ligou. Edimaf, Paris 1992. 288 pp. Ce livre sera bien accueilli par les maçons qui ont eu des difficultés à connaître certaines des constitutions de leur Ordre, y compris celles de James Anderson qui donnèrent lieu à la Maçonnerie spéculative forme actuelle d’expression de cet Ordre Initiatique car la seule édition en espagnol que nous connaissions date de 1936 (Barcelone, traduction de Federico Climent) et n’existe plus sur le marché depuis plusieurs années, encore que nous ayons entendu parler d’une version mexicaine et qu’il en existe probablement une autre en Amérique du Sud, bien que J. Benimelli n’en parle pas dans sa Bibliographie de la Maçonnerie (Fondation Universitaire Espagnole, Madrid, 1978). C’est également le cas des versions françaises ou encore des anglaises, presque toutes éditées avant le milieu du siècle la plupart datant du XVIIIe. Cette édition est donc la bienvenue, avec ses notes et commentaires d’un spécialiste de la Maçonnerie, Daniel Ligou, qui étudie le sujet depuis de nombreuses années (voir Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie, dans SYMBOLOS Nº 13-14, page 377). D’autre part, l’édition est bilingue anglais-français, ce qui permet d’en vérifier la traduction. Le livre des Constitutions de 1723, support du travail, fut imprimé à Londres par William Hunter, il comptait 92 pages et se composait de quatre parties : histoire ; obligations d’un maçon (« tirées des anciennes archives des loges d’outre-mer, et de celles d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande ») ; règlements généraux (« réunis par G. Payne en 1720 ») avec un post-scriptum sur la façon de constituer une nouvelle Loge ; et des chants maçonniques avec leurs partitions. L’étude de ces Constitutions que nous publierons dans notre collection « Papeles de la Masoneria » nous semble très importante, pour évaluer non seulement l’étude qu’Anderson a faite des Old Charges, sur lesquelles se basent ses Constitutions, mais aussi ses tentatives d’adaptation, dont beaucoup furent rejetées par la plupart des Loges anglaises jusqu’à ce qu’il ait modifié nombre de ses innovations en les adaptant à la Tradition et qu’il publie finalement des Constitutions corrigées (1738) dont la plus importante rectification portait sur la division par trois effectuée avec les grades maçonniques, qu’il avait inexplicablement réduits à deux ; comme l’on sait, cette influence des « Anciennes » Loges continua de s’exercer sur les Loges « Modernes », à un tel point qu’elles ne s’unifièrent qu’en 1813, après que la nouvelle Franç-Maçonnerie, appelée Spéculative, ait été dotée des idées et rituels traditionnels des « Anciens » et que l’Ordre revienne ainsi à la fonction initiatique. Vues par delà plus de deux siècles, les constitutions d’Anderson apparaissent nettement chrétiennes, malgré le fond mythologique et païen où se déroule l’histoire maçonnique. Aux regards post-conciliaires, il ne semble pas que les différences entre protestants et catholiques, et particulièrement en ce qui concerne l’invocation de la déité, soient plus que de légères nuances d’un même aspect. Ces Constitutions marquent cependant la séparation de la Franc-Maçonnerie et de l’Église car à partir de là, l’Ordre ne s’identifiera plus avec la seule confession chrétienne, ni se soumettra au pouvoir de Rome provoquée par la force des événements et le conséquent aggiornamento qui permit l’Initiation d’un grand nombre de chrétiens réformés, et par la suite ouvrit la porte à l’admission de juifs, islamiques, etc., dans diverses loges de différents lieux géographiques, y compris en Orient, en particulier en Inde et en Chine, et même dans les pays islamiques, construisant ainsi une Franc-Maçonnerie réellement universelle, c’est-à-dire authentiquement catholique, en dépit du paradoxe. Cette publication est remarquable, et l’introduction et les notes de la traduction de D. Ligou sont très utiles et intéressantes. |