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En effet,
les corporations de constructeurs médiévaux ont donné sa structure à la
Franc-Maçonnerie, y compris les trois degrés initiatiques et leur symbolique
fondamentale liée à l'Art de Construire. Cette influence découle, ou au
moins a des antécédents chez les Collegia ou Scholae romains,
qui se rattachent aux Religions de Mystères, lesquelles le sont à leur
tour à l'Égypte, comme nous l'avons vu. D'autre part, dans l'Alexandrie
greco-égyptienne des premiers siècles antérieurs et postérieurs au Christianisme,
il se produit une résurgence aussi bien des religions mystériques, qui
subsistaient encore, que des études néoplatoniciennes, pythagoriciennes
et théurgiques-gnostiques, qui débouchent sur un courant où la Tradition
Hermétique véhiculera ces énergies jusqu'à la Renaissance où elle refleuriront,
en passant par le Moyen Âge, où elles revêtirent des formes chrétiennes,
ce qui n'était pas difficile, vu l'identité de ces deux traditions quant à origines
et finalités. C'est précisément au Moyen Âge que des milliers de temples
se construisirent en Europe, et des châteaux, et des villes entières, aussi
bien dans le style roman que gothique, par le biais de ces associations
corporatives, intégrées à la cité médiévale en tant qu'éléments constitutifs
de son ordre, assise de la gnose Hermétique par l'intermédiaire de Pythagore
et de l'Arithmosophie, à savoir le véritable sens des nombres, des proportions,
de l'orientation, des cycles, etc., c'est-à-dire les mystères de la Cosmogonie,
les secrets du métier, manifestés par la Philosophie des Pères de l'Église
et Denys l'Aréopagite, entre autres, et surtout par l'Évangile Chrétien,
Saint Paul, et le fond traditionnel mythologique, religieux et agricole
des cultures antérieures au christianisme.27
Toutes ces influences spirituelles, ou intellectuelles, passent directement à la Maçonnerie, ce qui se trouve documenté dans des manuscrits allemands et anglais, et c'est sur cette structure que vont venir se greffer les autres éléments que nous avons mentionnés. Ainsi, l'Alchimie s'intègre à ce courant de pensée puisqu'elle n'est pas autre chose qu'une expression de plus, ou une adaptation, de ce savoir traditionnel, et les mêmes Adeptes se réclament de la filiation Hermétique et se regroupent sous son égide. L'on peut dire la même chose des Rose-Croix, héritiers de la pensée hermétique et historiquement liés aux Alchimistes et à la Maçonnerie. En raison de ses racines médiévales, il faut également considérer l'association de l'Ordre à d'autres Ordres constructeurs et de chevalerie.
Quant à l'élément juif, nous serions fort étonnés qu'il ne soit pas présent dans un Ordre initiatique né en Europe, puisque, avec le christianisme qui en est un dérivé, il a véhiculé les divers éléments de ce que nous appelons aujourd'hui Occident, où ressort la figure du sage, roi et constructeur, incarné par Salomon. En effet, le symbolisme du temple maçonnique est fondamental dans la Franc-Maçonnerie, et il est reconnu comme le modèle et le dépositaire de toute science, opinion que partagent les sages ; ainsi, dans le manuscrit d'Isaac Newton intitulé « The Original of Religions », il est dit : « De manière que le but de la première institution de la religion véritable en Égypte était de donner à l'humanité, au moyen de la structure des temples antiques, l'étude de la structure du monde comme le véritable Temple du grand Dieu qu'ils adoraient ».28 D'après ce qui précède, la Maçonnerie est l'heureux résultat de la relation et de la synthèse entre différentes façons d'accéder à la Connaissance, et l'unicité que ces formes réclament. Mais il est clair qu'une entreprise d'une telle envergure n'a pas été l'ouvre de quelques uns, ni un ensemble d'actions individuelles tendant à obtenir cette synthèse, malgré toute la reconnaissance que certaines personnes méritent à cet aspect. La Franc-Maçonnerie est et restera un dépôt de Sagesse Traditionnelle qui accorde la Connaissance à ceux qui sont capables de la recevoir, et qu'elle a généreusement répandu de manière spirituelle la loge est un condensateur d'énergies, et divulguée culturellement au moyen de ses écrits et de la participation de ses membres dans diverses institutions, sans parler des lois publiques, d'ouvres sociales ou de bienfaisance. Il faut ajouter à tout ceci la pérenne dignification du travail, véritable objet de culte de sa discipline et instrument de connaissance pour un Maçon, donc activité humaine par nature. Remarquons que, quelles que soient les origines maçonniques, elles désignent toujours les artisans et les constructeurs médiévaux et non les prêtres et les nobles de l'époque. L'on sait que les rangs étaient bien définis au Moyen Age et qu'ils comprenaient essentiellement quatre catégories d'importance décroissante : a) l'Église, la Papauté et le clergé pour la sagesse, b) la royauté et la noblesse, en particulier dans son aspect militaire, c) les clercs, commerçants et professionnels (artistes et artisans), et d) la paysannerie, consacrée au service et à la production.29 La Maçonnerie doit être considérée comme originaire de ce troisième corps, selon les lois cycliques, bien que son histoire mythique comprenne des rois constructeurs et des sages architectes, qu'au XVIIIe siècle elle ait été constituée par la noblesse et qu'au XIXe elle ait nettement joui de l'appui d'une bourgeoisie qui était déjà au pouvoir ; l'incorporation de l'Alchimie (Via Regia) est également significative, avec l'intégration de la Philosophie Hermétique comme composante de la sagesse sacerdotale. La doctrine des cycles nous indique qu'ils s'enchaînent les uns aux autres en une succession indéterminée, mais que chacun possède une organisation prototypale quaternaire commune, qui se développe selon un ordre invariable et fait qu'un élément constitutif déterminé du cycle prédomine sur les autres, ce qui est évident dans la quaternité des âges humains : enfance, jeunesse, maturité et vieillesse. L'histoire suit le même schéma, et chacune des composantes quaternaires de la société doit avoir une période de suprématie sur les autres. Ainsi, l'on a vu clairement dans l'Histoire d'occident la perte de pouvoir de l'Église en faveur de la noblesse, et de celle-ci pour la bourgeoisie, pour terminer chez les masses prolétaires qui détiennent aujourd'hui une grande partie du pouvoir, nonobstant la confusion qui règne à cet aspect, les contredisant au point qu'au sein d'une même famille, ou d'un milieu social identique, puisse naître un philosophe ou un ignare, un être noble ou une bête. En tout cas, la Tradition Hindoue accrédite elle aussi cette division en Castes (qui n'a rien à voir avec les « classes sociales »), qui se retrouve d'ailleurs dans d'autres cultures plus archaïques, castes fixées par le Destin, puisque c'est la naissance qui les détermine, bien que comme nous l'avons vu à l'époque actuelle, les états sont tellement mélangés que leur validité se désintègre, car l'humanité se trouve au dernier stade d'une période de dissolution qui, on le sait, est appelée Kali Yuga. Du point de vue historique, la Maçonnerie naît à une époque où les corporations d'artisans devenaient des institutions de pouvoir et le professionnalisme de ses intégrants occupait une fonction dans le cadre de l'État. Cette influence va de paire avec la perte d'importance de l'Église, et de la Monarchie, et trouve son écho dans la croissante prépondérance de la bourgeoisie formée par les professionnels, les marchands et les clercs, dans les siècles suivants. Et cette détermination qui fait les cycles historiques et les castes marquera en quelque sorte les maçons (malgré les prétentions mondaines de certains), qui appartiennent généralement à ces états sociaux professionnels et commerciaux, que protège aussi le dieu Mercure. Signalons que pour la Tradition Hindoue déjà mentionnée, ce sont les kshatriyas et plus particulièrement les vaishyas (caste qui peut aussi accéder à la libération comme celle des sages et des guerriers) qui pourraient être comparés aux états sociologiques et historiques de la Maçonnerie, également associée à Noé (et son bateau), à savoir comme dépositaire de la très ancienne Science Sacrée, émanation de la Tradition Hermétique.30 Pour terminer, notons que même la Maçonnerie médiévale est nomade, ou plutôt semi-nomade, et que les constructeurs de cathédrales, de châteaux ou de bourgs, voyageaient d'une zone à l'autre suivant les besoins, semblables dans leurs mouvances aux tribus qui changent de parages selon les leurs. À un moment donné, ces constructeurs s'installent dans diverses villes et fondent des corporations de différents offices, car la cité a grandi et qu'elle se développe en même temps qu'eux ; ils sont donc à présent un personnel sédentaire et, ainsi établis, offrent d'une façon ou d'une autre leurs connaissances, indispensables à tout labeur ordonné et civilisateur. Comme nous le voyons, il est également possible de faire le parallèle entre l'évolution de la Maçonnerie et les différentes étapes par lesquelles est générée la culture, fondamentalement implantée dans les villes. Abel a laissé la place à Caïn, et les constructeurs changent leur façon d'agir, constituant le solide modèle des cités et, finalement, de l'état. Caïn a tué Abel mais, grâce à son sacrifice, le constructeur peut traverser la rigide voie des formes, d'essence non formelle, qui cependant les contient potentiellement. Le constructeur réalise alors, au moyen d'une industrie contingente, un commerce éminemment métaphysique et transcendant. Il est intéressant d'observer que Caïn, ancêtre des maçons comme on le sait, fut condamné par YHVH à être un vagabond errant sur la terre pour purger le crime commis contre son frère Abel. Mais tandis qu'il construisait une cité, son épouse donna le jour à son fils Hénoch (nom apparaissant dans l'Ancien Testament comme étant celui du fils de Caïn et celui du cinquième fils de Seth)31 dont le nom devint celui de la ville. Ceci (Genèse 4, 9 a 18) vient confirmer ce qui a été dit au sujet des errances permanentes et la postérieure fixation d'une famille, qui se projette sur une maison puis sur une cité, ou civilisation. Nous pensons que ce genre de symbolique liée aux phénomènes cosmiques ou cycliques, est à la base du passage de la maçonnerie opérative à la spéculative, c'est-à-dire de l'adéquation à de nouveaux modes d'expression de la Science Sacrée par rapport aux engouements de la pensée humaine.32 De toutes manières, le fait se reproduit toujours dans n'importe quelle transformation où quelque chose se perd et quelque chose se régénère ; il y a ceux qui préfèrent se lamenter sur ce qui a été perdu, d'autres se réjouissent du fait que la doctrine ait survécu, au-delà des procès plus ou moins politiques (Hanovre-Stuart) ou des formes de christianisme (églises réformées-églises soumises à Rome). Dans ce dernier cas, la vigueur des réformes entreprises par les « modernes » universalise la Maçonnerie qui ouvre ses portes aux juifs (1732) et aux islamiques (1738) de façon ocuménique au détriment d'une orthodoxie provinciale préconisée par certains agents du pouvoir ecclésiastique. Et si beaucoup de maçons, dont nous faisons partie, rejettent le pouvoir de Rome, ils ne le font pas en tant que membres de l'Ordre, sinon exclusivement en tant que chrétiens, compromis avec les textes évangéliques et donc également avec l'Ancien Testament, au désavantage de la nouvelle théologie de la libération. Et s'il est vrai que la Maçonnerie, comme nous l'avons vu à plusieurs reprises, a ses origines chez les tailleurs de pierre médiévaux, et donc dans les rigueurs religieuses des conceptions d'alors, il ne faut pas oublier que, dès cette époque et jusqu'au XVIIIe siècle, où elle prend sa forme spéculative, ces constructeurs ont vécu au sein d'un nouveau monde, celui de la Renaissance, inspiré par le Corpus Hermeticum, le Pythagorisme (les Hymnes Orphiques et les Oracles Chaldéens également) et surtout par Platon, les néoplatoniciens et Proclus, ce qui se voit reflété dans ses palais, ses églises, ses jardins et ses tours, son architecture intérieure, ses inventions mécaniques et autres merveilles de magie naturelle et d'expérimentation scientifique et artistique (peintures, sculptures, orfèvrerie et ébénisterie) dont fut à l'origine l'Académie des Médicis, dirigée par Marsile Ficin, dont l'influence se répandit dans toute l'Europe durant près de trois siècles, et qui fut du reste présente dans l'Angleterre élisabéthaine et ses successeurs, et qui ne débouche pas par hasard, seulement à titre d'exemple, sur la traduction du Corpus Hermeticum par Sir Walter Scott, maître maçon, à la même époque où les loges anglaises surgissent avec force dans l'Histoire moderne. Les divers Rites et Obédiences, malgré leur hétérogénéité, ont en commun le Grand Architecte de l'Univers, et un office partagé : l'Art et la Science de Construire, qui reconnaissent le Symbole comme leur expression la plus accomplie. Cette diversité pourrait en quelque sorte être comparée aux différentes « gnoses » des premiers siècles de notre ère, y compris la chrétienne, dont le but ultime était évidemment le même, malgré les malversations variées dans lesquelles peut se voir impliquée n'importe quelle association. Cette « atomisation » des Loges est, en fait, la forme prise historiquement par la Maçonnerie pour se multiplier, et nous ne devons donc pas nous surprendre si tel ou tel Atelier met l'accent sur un aspect des symboles ou un autre, ou sur les origines de l'Ordre, selon qu'il s'y sent plus ou moins identifié. De même, ceux qui se sentent plus en rapport émotionnellement avec une Religion déterminée, ou avec des notions humanistes d'un type différent.33 Toutes ces idées, ou plutôt la convergence et exécution de ces courants maçonniques, peuvent également aujourd'hui avoir lieu dans un cadre plus vaste que celui des ateliers, où des questions d'ordre simplement personnel de sympathies et d'antipathies, ou des problèmes sociaux ou économiques et politiques, peuvent souvent créer des tensions, voire même des abîmes entre leurs intégrants. Il pourrait y avoir une solution à cela, qui en fait est déjà appliquée dans certaines loges d'études maçonniques, formées par des maîtres de différents ateliers, comme cela se passe ailleurs ; ces loges, qui se réunissent une ou deux fois par an, célébrant les solstices, s'occupent de travaux exclusivement doctrinaux et historiques sur les symboles, rites et antécédents initiatiques de l'Ordre, sans se laisser affecter par les influences diverses qui circulent entre les différents ateliers ; ainsi que nous l'avons dit, il s'agit de loges de Maîtres ayant déjà été Officiers ou Vénérables de diverses loges et ayant au cours des années prouvé en de nombreuses circonstances leur appartenance aux origines, us et coutumes et devoirs de l'Ordre. Mettant un point final à ce panorama sommaire, nous voulons souligner l'importance qu'a eu la Maçonnerie, et à travers elle la Tradition Hermétique, pour l'indépendance et l'organisation des républiques américaines (du Nord, du Centre et du Sud), où l'on peut remarquer parmi d'autres les figures de Francisco de Miranda, Simón Bolívar, George Washington, José de San Martín, Antonio José de Sucre, José Martí, Miguel Hidalgo,34 etc., non seulement fondateurs de pays, de constitutions, législations et institutions, mais aussi de villes, comme dans le cas de la métropole Washington D.C., capitale des Etats-Unis, qui porte le nom de son fondateur, et celui de la Ciudad de la Plata, province de Buenos Aires, fondée par le maître maçon Dardo Rocha.35 Signalons que tout cela se fit pour l'ordonnancement de ces peuples et promouvant la culture, l'éducation, l'art et les bonnes manières dans des pays où régnaient la désorganisation et la violence, la Franc-Maçonnerie accomplissant sans aucun doute une fonction civilisatrice qui subsiste sous une autre forme jusqu'à nos jours, car l'Amérique, ses institutions et son mode de vie, est née historiquement sous son égide.
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NOTES | |
27 | À titre
de curiosité,
remarquons que l'Ordre du
Temple à lui seul, durant le premier siècle à partir de sa constitution (1128),
a construit 80 cathédrales, 60 abbayes et 9000 commanderies. |
28 | Isaac Newton, El
Templo de Salomón. Introduction
de J. M. Sánchez Ron, p. XXIX. Traduction et étude philologique de C. Moreno.
Ed. Debate/CSIC, Madrid 1996. |
29 |
En fait, les liens de la Maçonnerie avec les états au pouvoir sont signalés depuis les débuts de l'Ordre, y compris dans ses mythes, dans ses rapports avec les différents règnes européens, les princes et les nobles, et ultérieurement avec les milieux économiques et politiques caractérisés par l'incorporation d'une bourgeoisie croissante détentrice de pouvoir et influence dans la société moderne. Voir liste suivante et annexe. Liste
En Angleterre : les rois Athelstan et Edwin (Xe siècle), Edouard III (1327-1377), protecteur des loges, des arts et des sciences, qui a puissamment favorisé l'institution. Jacques I d'Angleterre (et VI d'Ecosse), fils de Marie Stuart. De la maison Windsor : George IV (1762-1830), Guillaume IV (1765-1837), Ernest-Auguste, duc de Cumberland et roi de Hanovre (1771-1851), George V d'Hanovre (1819-1878), Edouard VII (1841-1910), George VI (1895-1952), et aussi Frédéric Louis, prince de Galles (1707-51), Guillaume Auguste, duc de Cumberland (1721-65), Edouard Auguste, duc d'York (1739-67), Guillaume Henri, duc de Gloucester (1743-1805), Henri Frédéric, duc de Cumberland (1745-90), Frédéric Auguste, duc d'York (1763-1827), Edouard Auguste, duc de Kent (1767-1820), Auguste Frédéric, duc de Sussex (1773-1843), Arthur, duc de Connaught (1850-1942), Léopold, duc d'Albany (1853-1884), Albert Victor, duc de Clarence (1864-1892), le prince Arthur de Connaught (1883-1938), Edouard VIII, dernier duc de Windsor (1894-1972), George, duc de Kent (1902-1942), jusqu'aux actuels prince Philip, duc d'Edimbourg, et Edouard, duc de Kent (1935). En Écosse, Robert Bruce, et après lui tous les rois Stuart, ainsi que les familles nobles d'où était issue la garde royale écossaise : Hamilton, Montgomery, Seton, Sinclair et les Stuart eux-mêmes. Parmi les précédents, il faut remarquer William Sinclair, comte d'Orkney et Caithness, Grand Amiral d'Écosse en 1436, ainsi que constructeur, nommé en 1441 par Jacques II patron et protecteur des maçon écossais, fonction héréditaire jusqu'en 1736, lorsque le William Sinclair d'alors (Saint-Clair) y renonça, car il ne pouvait assumer cette charge, ayant été élu premier Grand Maître d'Écosse par vote unanime des représentants des 33 Loges. En 1600 et 1630, ils sont nommés comme « patrons », « protecteurs » et « juges » dans les Chartes signées par l'Assemblée des Loges Écossaises, également signées de William Shaw (Statuts Shaw) Maître d'ouvre et Surveillant Général (Superviseur des ouvrages du Roi Jacques I d'Angleterre et VI d'Écosse). En 1812-13, c'est encore l'un de ses descendants, le deuxième comte James, qui deviendrait Lord Président au Conseil en 1834, qui fut Grand Maître d'Écosse. En Allemagne, Autriche et Prusse : Frédéric II de Prusse, le Grand, « l'une des plus grandes figures du XVIIIe siècle », roi en 1740, initié deux ans plus tôt sans que son père le sache, et avec lui le prince de Lippe Bückerburg et le comte de Warteuslebem ; ses trois frères, Guillaume, Henri et Fernand. Frédéric Guillaume II, neveu et successeur, lié aux Rose-Croix ; Frédéric Guillaume III, Guillaume I, roi de Prusse (1861) et empereur d'Allemagne (1871-88) ; Frédéric III, Grand Maître en 1860, initié comme le précédent, par son père, dans une loge spéciale formée par des dignitaires des trois Obédiences berlinoises ; il prit le titre de « Grand Protecteur de la Maçonnerie » lorsque son père monta sur le trône. À ceux-ci, il faut ajouter d'autres membres des branches collatérales de cette Maison de Hohenzollern (Brandebourg Ansbach, B. Bayreuth et B. Schwedt ; et la Maison de Brunswick). En Autriche, Franz, duc de Lorraine et grand-duc de Toscane (et futur empereur), initié en 1731, époux de Marie-Thérèse ; le comte Kaunitz, chancelier de l'impératrice et les conseillers de sa cour : la première loge (1742) fut créée par le comte d'Empire A. J. Hoditsch et le comte F. de Glossa sur les instances de l'archevêque de Breslau, comte Schaffgotsch, lui-même maçon et malgré la bulle de Clément XII (In Eminenti, 1738) ; en un an, il avait initié 56 membres des plus illustres familles nobles d'Autriche et d'ailleurs. Les landgraves (plus tard grands-ducs) régnants de Hesse, Louis VIII, Louis IX et Louis X, et le grand-duc Louis II (XVIIIe et XIXe siècles). Viennent s'y ajouter les membres d'autres maisons royales d'Europe, y compris la Norvège et la Suède. En France : les Grands Maîtres jusqu'à l'époque napoléonienne : le duc d'Antin, pair de France, 1738-43 ; le prince de Bourbon Condé, comte de Clermont, 1743-71 ; le duc de Chartres, puis d'Orléans, prince du sang, 1771-93, et Roettiers de Montalau, 1795-1804, Grand Vénérable de la Maçonnerie française. De même, les princes : de Condé, duc de Bourbon ; de Conti, prince du sang ; de Rohan ; de Pignatelly, maître des loges de Naples ; de Saint-Maurice ; les ducs : de Choiseul-Praslin, de Choiseul-Stainville, de Luybes, de Lauzun ; le duc Sigismond de Montmorency-Luxembourg, administrateur spécial de l'Ordre (Grand Orient et Grande Loge de France) de 1771 à 1789, d'illustre mémoire comme noble et maçon. En Belgique : Court de Gebelin se signale pour l'importance internationale qu'il eut dans la Maçonnerie ; il fut également membre du gouvernement de la monarchie belge dont Léopold I fut le premier roi, et qui était maçon, tout comme d'autres membres de cette famille. Nous devons aussi ajouter au personnel de France les plus hauts dignitaires de l'Empire napoléonien, à commencer par Napoléon lui-même et son délégué, le prince Jean-Jacques Régis de Cambacérès, duc de Parme, Grand Maître du Grand Orient (1806-15) et Grand Commandeur du Conseil Suprême du Rite Écossais sous l'Empire, ainsi que de trois autres Rites ; au moins 17 des 25 maréchaux du Premier Empire étaient également Francs-Maçons. Tout cela sans compter les moyens économiques et politiques de la bourgeoisie et le poids intellectuel de la noblesse d'empire et des intellectuels qui remplaçaient la noblesse. En voici quelques exemples : Voltaire, Montesquieu, Condorcet (encyclopédiste), La Roche Foucault ultérieurement, Gérard de Nerval (?), etc. Les savants La Cépède, Lalande, Montgolfier, têtes de file d'une génération qui comprenait des inventeurs, des médecins, des peintres et des musiciens, et toute sorte de chercheurs, la plupart desquels sont aujourd'hui oubliés mais qui contribuèrent en leur temps au développement de la culture actuelle, tous membres de l'Académie et du Lycée Français, de l'Académie des Sciences et de celle des Arts, etc. etc. L'on peut dire de même des autres pays mentionnés plus haut et de leurs figures intellectuelles, scientifiques (en particulier en Angleterre), politiques et économiques jusqu'au XXe siècle. Dans les capitales et les provinces, les autorités étaient maçonniques, et aujourd'hui encore il existe des familles entières de maçons qui ont accepté cet héritage avec orgueil.
Anexe Écosse: après William Saint-Clair, 1736, le comte de Cromarty, 1737; les comtes: de Kintore, futur G. M. d'Angleterre; de Morton, 1739; de Leven, 1741; de Killmarnock; de Wemyss, 1743; lord Essquin, 1749; le comte d'Englenton, 1750; lord Aberdour, 1755-56; les comtes: de Galloway 1757-58; de Leven, 1759-60; d'Elgin, 1761-62; de Kellie, 1763-64; lord Provist, 1765-66; le comte de Dalhousie, 1767-68; le général J. A. Oughton, 1769-70 ; le comte de Dumfries, 1771-72; le duc d'Athol, 1773 et 1778-79; baron Forbes, 1776-77; comtes: de Balcanas, 1780-81; de Buchan, 1782-83. Autres nobles qui apparaissent en France dans les ouvres citées : les princes: Sapiéha (polonais), Kavauski; Galitzin; Bozotowski; les comtes de Buzençois; de Balbi; Stroganoff; de Saisseval; de Launay; le vicomte Le Veneur; les marquis de La Fayette, très lié à Washington et à l'Indépendance d'Amérique du Nord, de Saisseval, d'Arcambal; de Saint-Simon, de Lusignan; de Hautoy; de Gouy d'Arcy. Citons le livre de Le Forestier, Maçonnerie Féminine et Loges Académiques quelques noms en tête d'un ensemble de près de 200 membres et frères visiteurs, d'après les actes de la loge parisienne Saint Jean de la Candeur, constituée en 1775 et à laquelle se rattachait une loge d'adoption, seulement sept desquels n'étaient pas nobles, la plupart de ces derniers étant titrés et servant dans l'armée: le vicomte d'Espinchal, colonel de dragons; le comte de la Châtre, colonel de régiment; le chevalier de Fitz-James, colonel du régiment de Berwick; le comte de Rieux, colonel de cavalerie; le comte de Saint-Maime, colonel du régiment Soissonnais Infanterie; le baron de Salis, inspecteur de l'infanterie; le comte de Barbançon, colonel d'Orléans-Infanterie; le baron de Béthune, maréchal de camp de cavalerie; le comte de Bouffiers-Rouvel, colonel de Royal-Cravatte; le comte Maxime de Puységur, capitaine de la Légion Corse ; le vicomte de Puységur, capitaine de vaisseau du Roi; les comtes de Vauban, de Seuil, de Chatenoy, Duleau, d'Ambly, de Roquelaure, de Vassy, etc. etc., capitaines dans divers régiments, auxquels viennent s'ajouter vingt-sept autres comtes, le reste étant composé de vicomtes, marquis, barons et chevaliers, sans qu'il s'agisse de la seule loge militaire (à souligner : la Saint-Louis de l'Orient du Régiment du Roi : après s'être de nouveau installée à Nancy, elle possédait deux ans plus tard deux cent vingt-six membres). Tiré du même livre, citons des nobles de France, appartenant à des loges d'adoption : la duchesse de Bourbon, qui reçut en 1776 le titre de Grande Maîtresse de toutes les Loges d'Adoption de France: pour la tenue « le duc de Chartres présidait les travaux; six cents personnes étaient présentes, et parmi les sours se comptaient la duchesse de Chartres, la princesse de Lamballe, les duchesses de Luynes y de Brancas, la comtesse de Caylus, la vicomtesse de Tavannes, les marquises de Clermont et de Sabran. Une fois achevés les tâches maçonniques, l'assistance descendit dans les jardins brillamment illuminés., où des divertissements joints à de la musique et du chant précédèrent des feux d'artifice dont le bouquet représentait le Temple de l'Amitié et de la Vertu. Il y eut ensuite un banquet et un bal, et la fête se termina par une quête à des fins de bienfaisance » (page 87, traduit du castillan). D'autres Dames de la noblesse, appartenant à des loges rattachées aux loges masculines du même nom, : la Grande Inspectrice la marquise de Villervaudey, les comtesses de Durfort, Janey; les marquises de Felletan, de Germigney, de Molan; la barone de Glanc (Loge Sincérité de Besançon); la duchesse de Cossé-Brissac, les comtesses de Caumont, de Saint-Pierre de Pontcarré, la baronne de Beaumont (Saint-Louis de Dieppe); dans la Loge de la Parfaite Amitié de Toulouse « particulièrement élégante et aristocratique » les marquises de Crouzet, de Rességuier, de Montlaur, la vicomtesse de Rochemaure, la baronne de Panetier, Mmes de Saint-Victor, de Mahieu, de Rochefort, de Lacroix, etc. etc. outre les Officiers de la Loge, la plupart d'entre elles étaient épouses des membres de la loge masculine; la duchesse de Harcourt, les comtesses de Blagny, de Briqueville, de Faudoas, de Lestre, de Brassac, de Beaufort, la vicomtesse de Mathan, les marquises de Briqueville, de Bouthillier, de Molans (Loge militaire de Saint-Louis à Caen); la baronne de Viomesnil, Grande Inspectrice, la princesse d'Horns, la vicomtesse de Nédonchelle, les comtesses de la Valette, de Pestalozzi, de Marguerye, du Petit Thouars, de Messey, la marquise de Balivières (Loge Saint-Louis à Nancy). Autres loges d'adoption : La Véritable Vertu à Annonay, La Parfaite Union à Rennes, La Concorde à Rochefort, Les Neuf Sours à Toul, Philadelphes à Narbonne, la très importante Saint-Jean de la Candeur à Paris, etc. |
30 | |
31 | Le
Hénoch fils de
Caïn est l'ancêtre du premier
qui travaillait les métaux, bronze et fer : Tubalcaïn, bien connu dans la
Maçonnerie. Hiram-Abi, fils d'Israël et de Tyr, le Maître Hiram des
maçons, est artisan du bronze et du fer, mais aussi de l'or et de l'argent,
de la pierre et du bois, des tissages et de la gravure (II Chroniques 2,
13). Le Hénoch cinquième fils de Seth est celui qui « disparut, car Dieu
l'emporta » (Genèse, 5, 24). Le père de Tubalcaïn, Lamec,
apparaît également dans la descendance de Seth, où il est père de Noé (Genèse,
5, 24). |
32 | Il
faut d'ailleurs
préciser que la première
version des Constitutions d'Anderson était incomplète et qu'il n'y avait que
deux degrés initiatiques. À cette étrange omission, vint s'ajouter la suppression
de la Maçonnerie du Royal Arch, prenant en compte seulement la
maçonnerie de l'équerre (square masonry) sans être couronnée
par la maçonnerie du compas, ces deux outils étant, on le sait, les symboles
respectifs de la terre et du ciel. Les Loges véritablement opératives s'y
opposèrent et, rejetant cette erreur, se mirent à défendre les Anciennes Constitutions
avec à leur tête, en 1725, la Grande Loge d'York, ou en 1751 la Grande Loge des
Anciens, qui n'acceptèrent de se réunir avec la Grande Loge de Londres (celle
des modernes, pour lesquels Anderson avait écrit ses
Constitutions) qu'en 1813, après que ces derniers aient accédé à inclure en leur
sein ce qui avait été la Tradition de l'Ordre depuis des temps
immémoriaux ; ainsi se reconstitua l'héritage antérieur sous la forme qui
est parvenue jusqu'à aujourd'hui. Ce genre d'équivoques a fait que quelques auteurs
maçonniques voient d'un oil soupçonneux certains aspects du travail du pasteur
Anderson, qui semblait avoir voulu dévier les objectifs et les origines de la
Maçonnerie, bien qu'il faille dire à sa décharge que,
dans d'autres documents maçonniques tout aussi valides historiquement, seuls
les degrés d'apprenti et de compagnon apparaissent également. Quoi qu'il en soit,
s'il y eut ce genre d'intention, elle n'eut pas la prévalence, les Constitutions
d'Anderson furent refaites et la Tradition s'imposa. D'un autre point de vue,
toute adaptation d'une Tradition Antique aux temps
modernes nécessite une profonde adéquation que seuls le temps et bien d'autres
facteurs, parfois de signe contraire, peuvent promouvoir. L'Église de Rome
pourrait être un modèle pratiquement caméléonienne d'adaptation : de la
scholastique à la théologie de la libération, de la sophia à la science
moderne, du sacré au religieux. Et ajoutons que la Franc-Maçonnerie, comme Institution
Initiatique, a survécu à catholiques et protestants. |
33 | Selon
le diction : « Personne
ne
reçoit les héritages au bénéfice de l'inventaire ». |
34 | Aux Etats-Unis, les noms liés aux futurs U.S.A sont extrêmement nombreux, aussi bien en qualité qu'en quantité ; les noms de Georges Washington, Benjamin Franklin, Thomas Jefferson (d'après F. M. Hunter, Research Lodge of Oregon, 1952), James Madison, sont évidents pour tous ceux qui ont étudié l'histoire de ce pays et son immense répercussion sur le reste d'Amérique latine et sur le monde entier ; voyez l'importance qu'eut l'indépendance et l'organisation politique des Etats-Unis pour l'indépendance et l'organisation hispano-américaine ; les premiers présidents d'Amérique du Nord comme ceux d'Amérique latine étaient maçons. Il existe des doutes sur l'appartenance à l'Ordre d'Adams, qui fut également une figure extrêmement importante d'Amérique du Nord ; il faut aussi citer Alexandre Hamilton bien qu'il n'ait pas été président (son livre Le Fédéraliste eut une grande influence), et également Monroe, Andrew Jackson, Polk, Buchanan, Andrew Johnson, Garfield, Théodore Roosevelt, Taft, Franklin D. Roosevelt, jusqu'à arriver à Truman et à la fin de la seconde Guerre Mondiale. Politiciens et Libérateurs : Simón Bolívar (Venezuela, Colombie, Bolivie), José de S. Martín (Chili et Pérou), Antonio J. de Sucre (Équateur), José Martí (Cuba), Francisco de Miranda (qui initia Bolivar, O'Higgins et S. Martín dans la loge Grande Réunion Américaine qu'il avait constituée en Angleterre), Les Frères O'Higgins, Carlos de Alvear, Bermúdez, Undarreta, A. Paez, O'Connor, D. Jiménez, J. M. de Alemán, Arizmendi, J. Tadeo Moragas, Rodríguez Peña, Pueyrredón, Maceo, M. Gómez, les géneraux A. Valero, D. de Tristán, etc. Présidents: Argentine: Justo J. de Urquiza, Bartolomé Mitre, historien et Grand Maître, Santiago Derqui, Domingo F. Sarmiento, qui fit la réforme et posa les piliers du développement éducatif, qui fut également Grand Maître du Grand Orient. Brésil : José Bonifácio de Andrada, Fco. José Cardoso, Luis A. Vieira da Silva, Joaquim de Macedo Soares, Eusebio de Queiroz (il abolit le commerce d'esclaves), Manoel Deodoro da Fonseca (République, 1889). Colombie : Léon Echeverría, le Général Mosquera, Francisco de Paula Santander, le Général A. Nariño. Venezuela : Diego B. Urbaneja (vice-président. du pays en 1847-48, président du Grand Orient National Colombien et de la Grande Loge de Colombie établis à Caracas en 1824, le premier comptant les plus grands artisans de l'indépendance de Colombie, du Venezuela, Équateur et Panama, tous 33º) ; Antonio Páez, José Tadeo Moragas, José Gregorio Moragas, (fin de l'esclavage); Antonio Guzmán Blanco, Joaquín Crespo, Andueza Palacio, Grands Maîtres. Pérou: José Rufino Echenique (1852), Miguel San Roman. Mexique: Miguel Hidalgo, Vicente Guerrero, Guadalupe Victoria, Guadalupe Gómez Pedraza, Javier Echevarría, Nicolás Bravo, Benito Juárez, Melchor Ocampo, Sebastián Tejada, Porfirio Díaz, Francisco Madero, etc. Grands Maîtres pour beaucoup d'entre eux. |
35 | Dans
les villes américaines, grandes, moyennes, et
même petites, l'édifice de la loge maçonnique occupe toujours un emplacement
de choix. |